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Dissertation philo le déguisement

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Par   •  27 Octobre 2021  •  Dissertation  •  3 962 Mots (16 Pages)  •  762 Vues

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KHOLLE DE PHILOSOPHIE

 

 

Au Moyen Âge, s’est développé le carnaval, une fête populaire qui s’étend dans toute l’Europe. 

À titre d’exemple, le Carnaval de Venise au XIIe siècle était regardé comme l’un des plus prestigieux et ce notamment parce que ce dernier durait six mois. Au cours de ces festivités, le masque et le déguisement étaient mis à l’honneur dans le but d’abolir les contraintes sociales habituelles.

En effet, le public qui y assistait était composé de différentes classes sociales et les masques et costumes qu’il portait garantissait l'anonymat. On pouvait ainsi mentir sur sa classe sociale, son sexe ou encore sa religion. Il s’agissait donc d’un moment de relative liberté, où la transgression de certaines règles était tolérée et où la critique politique pouvait être davantage exprimée. Le déguisement était alors perçu comme un moyen de se constituer une identité parallèle.

Ainsi, le déguisement ne revêt donc pas seulement une dimension esthétique mais une véritable polysémie s’en dégage. 

Par l'intermédiaire du déguisement, la barrière entre le monde du réel et de l’illusion est alors brouillée et la perception de nos sens en est altérée.

Le bon est-il est alors vraiment bon ou prétend-t-il l’être dans un but qui lui est propre ? Le déguisement est alors celui qui vient tromper nos sens mais également celui qui sème le doute sur des vérités qui paraissaient pourtant établies. L’Homme est avant tout un être rationnel et un être de savoir. 

 Ce dernier est en quête perpétuelle de la vérité. Toutefois, le déguisement venant altérer le vrai du faux, peut-il être alors perçu comme une entrave à cette quête qui lui est insatiable ? 

S’agissant d’un être de pensée, ses choix et actions sont dictées par sa volonté et sont généralement motivés. Se déguiser relèverait donc d’un choix personnel dicté par un but précis. La singularité de l’Homme fait de lui un être unique et distinct et les motivations de chacun sont différentes les uns des autres. 

Par conséquent le déguisement peut aussi être perçu comme l’instrumentalisation de l’Homme pour arriver à ses fins.

La pensée la plus immédiate et accessible de tous, lorsqu’il s’agit de réfléchir aux fonctions qu’occupe le déguisement, est de l’associer à une source d’amusement. En effet, instinctivement il incarne la fête, le théâtre, autant d'événements qui viennent rompre avec l’ennui de notre vie quotidienne. 

Il apparaît également dans certaines situations de notre vie quotidienne comme étant indispensable. En effet, qu’il soit matérialisé sous une forme physique par le biais d’un costume ou bien encore extériorisé par le biais de comportements sociaux, ce dernier apparaît comme nécessaire au maintien de l’ordre public et au bon fonctionnement de la société et des échanges qui en découle. 

Néanmoins, le déguisement a ses limites qui se dessinent notamment lorsque sa conduite est dictée par le vice ou encore que la barrière entre le vrai et le faux se confond. 

  1. Idée de convention
  1. Divertissement 

Les fêtes sont souvent un moyen de se soustraire au temps du commun en créant une brèche dans le temps social. Il s’agit d’une rupture qui place le temps de la célébration dans un certain espace entre le temps profane et le temps sacré. Le déguisement est utilisé lors de la fête afin de se divertir, c’est à dire littéralement sortir de soi-même. En se déguisant, l’individu modifie son apparence, et se détache ainsi de la personne qu’il est tous les jours.

Une personne qui se déguise peut donc ouvertement prendre l’apparence de ce qu’elle souhaite devenir dans le cadre qui lui est propre. Le lieu du déguisement est ainsi défini et circonscrit dans le temps et dans l’espace. Au château de Versailles est organisé chaque année un Bal masqué durant lequel les participants revêtent le temps d’un soir des vêtements de l'époque baroque. Cet événement de divertissement est en quelque sorte un moyen d’imiter et de reproduire les pratiques sociales du royaume au XVIIe siècle comme ces soirées fantasques. 

Le déguisement a alors une double fonction. Il permet d’abord d’envelopper la personne ou le groupe de personnes qui le porte dans un certain espace-temps qui peut être réel (par exemple lors des reconstitutions historiques) ou fictif (comme on peut le voir tous les 31 octobre lors d’Halloween avec des déguisements effrayants). L’univers auquel il renvoie sépare l’individu du temps actuel en y créant une brèche. Il s’agit par le déguisement de s’inscrire dans une copie, une image de cet univers. De plus, le déguisement agit en tant que convention entre les personnes qui le porte. Le fait de revêtir un costume, de changer son apparence établit un pacte de distanciation avec l’autrui profane. C’est un signe qui renvoie à un temps qui n’est pas le nôtre. 

Ainsi, le port du déguisement afin de se divertir permet à l’individu de se rapprocher d'un univers qui se détache de la réalité actuelle où il réside.

  1. Instrumentalisation de la culture 

Le déguisement est aussi largement présent dans notre culture commune. Il aborde une certaine thématique du double. Le déguisement agit ainsi comme un agent d’une identité plurielle. Par exemple, la bande dessinée Superman illustre cette notion de dualité au sein d’un même individu. 

En effet, elle raconte les aventures de Clark Kent, un homme américain qui ne semble pas se distinguer des autres. 

Cependant, il s’agit en fait d’un super héros qui a des capacités supérieures à la norme et qu’il utilise pour secourir les personnes en danger. 

Le déguisement lorsqu’il est porté, permet ainsi de masquer une identité qui pourrait être compromise si elle était dévoilée. C’est en quelque sorte un masque qui occulte la véritable identité de l’homme de tous les jours pour faire apparaître celle du héros. Le déguisement fait apparaître une distinction nette entre ces deux identités. Le fait qu’il y ait cette omniprésence du déguisement dans la culture populaire et ce à destination de tous les âges, nous fait prendre conscience qu’il y a une réelle volonté d'intégrer cette dualité dans nos normes sociales et ce notamment lors du processus de socialisation. Cette instrumentalisation du déguisement au service de la culture populaire se trouve largement établie et notamment dans les arts vivants. 

C. La pratique théâtrale 

 Le déguisement est un élément inhérent à la pratique théâtrale. Son importance est sans équivoque, mais sa prédominance conduit à nous interroger sur son rapport avec autrui et sur sa réelle nécessité. 

En effet, ce dernier est mis à au service du 6eme art et dans un but précis. Il s’agit d’un ensemble de signes plastiques visant à̀ contextualiser et à rendre crédible une scène selon les habitudes locales de ce qu’elle représente. Il se place au cœur d’une contradiction entre la nécessité d’inscrire le personnage dans une tradition, et celle de s’harmoniser avec la scénographie.

Le déguisement est l’un des nombreux éléments matériels de la représentation, mais sa particularité́ réside dans ce paradoxe : son invraisemblance peut aussi frôler le ridicule, au risque d’y sombrer et d’entrainer avec lui l’ensemble du spectacle.

Le spectateur est ainsi plongé dans un conflit interne entre sa relation tacite avec le comédien qui le conduit à s’auto-persuader de ce qu’il voit et sa raison qui lui rappelle qu’il s’agit d'éléments factices et non représentatif de la réalité. Un contraste se forme donc entre sa raison et ce qu’il voit conduisant ainsi le spectateur à se créer une bulle hors du temps dans son esprit, le temps de la représentation. 

On trouvera chez Molière de nombreuses scènes de déguisements qui illustrent la fascination exercée par le déguisement sur l’acteur et sa force de signification au service de la satire sociale.

Le Bourgeois gentilhomme s’avère particulièrement traversé par la question du déguisement : 

“ M. JOURDAIN : [...] vous m’avez aussi fait faire des souliers qui me blessent furieusement” 

Cette réplique adressée au tailleur condense le conflit douloureux entre le corps et le masque, la vérité́ du personnage aux prises avec son rêve inapproprié́. Les bas trop étroits, l’épée trop lourde, sont autant de « moules » sociaux auquel la physionomie du bourgeois ne se pliera pas sans souffrance.

Costume et déguisement se rencontrent. Alors que le « costume » renvoie à l’habitude et au rituel, le « déguisement », inversement, est un habit qui choque en s’opposant à̀ ce qui fait la manière d’être habituelle d’une personne. Le « déguisement » dissimule et travesti, quand le « costume » confirme une identité́ en soulignant une référence sociale, professionnelle ou historique. 

Puisqu’il est perçu comme étant un moyen de dissimuler et travestir, son utilisation dans la vie de tous les jours et notamment dans l'appréciation de son rapport à autrui doit alors être étudier. 

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