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Etre libre est-ce n'obéir qu'à soi-même ?

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Par   •  28 Avril 2020  •  Dissertation  •  1 356 Mots (6 Pages)  •  4 147 Vues

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Être libre, est-ce n’obéir qu’à soi-même ?

Du latin liber, la liberté désigne d’abord le pouvoir d’agir conformément à sa volonté, sans entrave ni contrainte. Elle peut être définie par l’obéissance exclusive à soi-même, dans la mesure ou celui qui assouvit tous ses désirs sans rencontrer aucun obstacle apparait comme libre. Cependant, si faire tout ce que l’on veut c’est bien l’obéissance à nos seuls désirs, ne sommes-nous pas limités et esclavagés par ceux-ci ? Notre liberté semble être limitée par plusieurs facteurs, plusieurs déterminismes, qui sont des barrières à notre liberté absolue. Les déterminismes biologiques, sociaux, qui ne sont que des réclamations de notre nature. Cependant, on sait que les déterminismes peuvent être des cadres faisant surgir plusieurs possibilités. Comment pouvons-nous donc être pleinement libre ? Dans un premier temps, nous étudierons comment les déterminismes, ces limites, peuvent être des conditions à notre liberté, avant de définir la liberté comme une obéissance à soi-même en tant qu’être raisonnable et conscient.

Dire que le désir n’est que l’expression pure de sa volonté indépendante, ce serait probablement méconnaitre la nature du désir. Libérer le désir de toute règle, c’est devenir l’esclave volontaire d’un tyran capricieux et éternellement insatisfait qui veut toujours plus, mieux, ou autre chose. C’est pourquoi l’enfant roi n’est ni libre ni heureux. Paradoxalement, la liberté semble impliquer au contraire qu’on s’affranchisse de la tyrannie du désir. On peut noter au passage que la société de consommation ne nous y invite guère puisqu’en nous conditionnant à désirer ce que nous n’avons pas encore, elle ne nous aide guère à nous satisfaire de ce que nous avons déjà.

Le désir n’est pas la seule limite de la véritable liberté. Les déterminismes sont multiples : biologiques, puisque notre corps est soumis aux lois de la physique comme par exemple la gravité, sociaux, comprenant les différentes règles de la religion, de la famille, de la société, de l’État, mais aussi culturels. On note bien que vouloir n’est pas pouvoir. Cependant, on peut poser ces déterminismes comme la condition même de notre liberté. A l’exemple de Spinoza, selon qui la liberté serait l’accomplissement des désirs de notre nature. On serait mué par notre force vitale, qui a une dimension biologique mais aussi culturelle. Il pose liberté comme déterminisme, mais contrainte comme un déterminisme contraire au mien. Est libre celui qui comprends les causes de ses affects, des désirs de sa nature qui sont des besoins qui ont conscience d’eux-mêmes (c’est le conatus). La liberté serait un accord intellectuel et lucide entre sa volonté et les déterminismes de sa propre nature.

De plus, le déterminisme social de l’État, n’est lui aussi pas une limite, mais une condition de la liberté. La loi est souvent vécue comme une contrainte liberticide. Elle interdit, oblige, sanctionne, elle limite, elle enferme, elle est le fait même que nous n’avons pas le droit de ne pas obéir, ce qui diffère de la contrainte, qui relève du fait et qui nous contraint physiquement à faire quelque chose. Mais obéir à la loi signifie-t-il renoncer à sa liberté ? A première vue, l’obéissance est le contraire de la liberté. Être libre, c’est pouvoir faire sa volonté. Obéir, c’est au contraire, faire la volonté d’un autre. On pourrait en conclure que pour être parfaitement libre, il faudrait s’affranchir de toute autorité : commander à tous sans jamais obéir à rien ni à personne. Ainsi pour le fort, la loi serait l’ennemie de la liberté. Mais sans loi, les forts opprimeraient les faibles. Comme l’écrit Henri Lacordaire : « Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maitre et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit ». La liberté anarchique, sans règles et sans justice, permet en effet aux plus puissant (physiquement, mentalement, économiquement…) d’abuser de leur force pour soumettre les plus faibles. La loi donne au contraire les mêmes droits à tous. Elle partage la liberté de manière équitable. Pour le faible, la liberté, c’est donc la loi qui lui donne des droits et le protège.

Les déterminismes sont souvent des cadres dans lesquelles les possibilités se décuplent où se modifient. C’est la thèse que soutient Sartre : le cadre est nécessaire, et sa modification ne supprime pas les possibilités, elle les change et en crée de nouvelles. La liberté est relative aux possibilités fixées par la contrainte.

Non seulement la liberté dépend de facteur extérieurs, mais elle dépend aussi de ce qui intrinsèquement fait de nous des êtres humains dignes, ce qui fait que l’on peut être considéré comme des « soi », ou ce qui nous caractérise en tant qu’unité humaine. La question du sujet est donc de savoir si la liberté peut être conçue comme le fait de n'obéir qu'à ce qui fait de nous un être humain ou à ce qui nous caractérise en tant qu'individu. On peut déjà remarquer que ce qui fait de nous des êtres humains, c’est notre raison et notre conscience. Du latin ratio qui signifie calcul, la raison permet à l’homme de chercher la vérité dans les sciences en établissant des liens entre les choses. La conscience nous aide à faire les choix qui nous caractérise. C’est l’optique rationaliste, qui s’oppose à l’optique romantique qui consiste à tirer la liberté vers ce que nous avons de plus personnel. Dans cette optique, être libre, ce serait parvenir à faire tomber tout ce qui fait entrave à l'expression, à la réalisation de notre personnalité ; ce serait se débarrasser de toute norme collective pour donner une priorité absolue à l'affirmation de notre singularité. L'être libre serait alors celui qui parvient à l'expression pure de son "unicité". Dans l'optique rationaliste, il est logique que le point d'aboutissement de la liberté, ce soit le fait d'être raisonnable ; pour Kant, l'être absolument libre, ce sera l'être absolument raisonnable.

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