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Existe-t-il un pouvoir sans domination?

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Par   •  6 Avril 2021  •  Dissertation  •  2 492 Mots (10 Pages)  •  753 Vues

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Ce sujet semble très intéressant puisqu’il appelle à questionner le fondement du pouvoir. C’est ce qu’à d’ailleurs fait Antoine de Saint Exupéry en disant que « Le pouvoir s’il est amour de la domination, je le juge ambition stupide. Mais s’il est acte créateur et exercice de la création alors le pouvoir je le célèbre ».

Tout d’abord le mot « pouvoir » renvoie à la capacité et la possibilité de faire quelque chose. Spontanément, nous aurions tendance à l’associer à la domination, à ce que l’on peut exercer sur quelqu’un de façon à obtenir de lui un certain comportement. Ce type de pouvoir peut être de différentes formes, à la fois d’ordre moral, physique ou psychologique et exige une forme de contrainte. Nous allons alors aborder cette question d’un point de vue de la politique, la ou le pouvoir est l’autorité souveraine représentée par le gouvernement. Ainsi ce pouvoir, qui prend la forme d'État, est censé assurer la sécurité des habitants, le maintien de leurs libertés… Cependant dans la réalité, de nombreux cas nous montrent que ce n’est pas le cas et qu’au lieu de subvenir aux besoins de son peuple, l'État se retrouve en puissance dominatrice. Il devient alors important de définir le terme de « domination ». Par ce mot, on comprend la soumission des volontés, l’imposition d’une autorité qui, quoi qu’il en soit, nous sera supérieure et nous forcera à un moment à agir contre ce qui nous semble juste. En somme, la domination revient à une privation de liberté. Un paradoxe semble alors émerger entre le rôle du pouvoir, qui est normalement de diriger, de guider, et sa réelle application.

Le pouvoir, est-ce seulement la capacité de contraindre ou bien au contraire celle de garantir la liberté ?

C’est ce à quoi nous allons tenter de répondre maintenant, en voyant d’abord l’exercice du pouvoir d’une manière dominante, avant de voir pourquoi est-ce que le pouvoir ne peut s’exercer sans domination.

Tout au long de cette première partie, nous allons démontrer que le pouvoir ne peut s’exercer que dans la domination. Dans un premier temps, nous allons constater qu’un état abusif serait bien pire qu’un état nature. Par état nature, on entend une société dans laquelle l’homme se suffit à lui-même et dont les besoins ne sont garantis par aucune organisation. Cependant, les hommes, en se regroupant afin de créer un état et en se soumettant à ce dernier, aspirent à un sentiment de totale sécurité. Rousseau, devant cette exigence de sécurité, rétorque que même si on « vit tranquille dans les cachots », cela ne suffit pas à s’y trouver bien. En effet, la liberté est l’essence de l’homme, et une liberté seulement pensée ne serait pas encore une véritable liberté. Or si l’absence d’obstacle peut être considérée comme une condition de la liberté, ce n’est pas encore ce qui permet à l’homme d’agir selon son libre-arbitre, c’est-à-dire en connaissant les raisons qui détermine les choix pris. On peut dans un régime despotique faire en sorte que les hommes ne s’agressent pas entre eux, ne soient pas une menace l’un pour l’autre, mais alors ils peuvent être confrontés à un danger bien plus important que la force que pourrait avoir un citoyen sur un autre : la force publique (armée, police) contre laquelle individuellement ils ne peuvent rien, d’autant plus si l’État qui la gouverne est injuste. Les dirigeants des états étant des humains, ils sont soumis à des affects, des désirs... auxquels sont habituellement soumis les hommes. Ainsi, ils peuvent prendre des décisions n’allant pas dans le sens de la volonté populaire et si le mode de gouvernement le permet, cette de décision peut s’appliquer par la force et alors contraindre la population. Ainsi un état, de part l’identité des personnes à sa tête, va avoir tendance à avoir une relation de domination avec la population qu’il dirige. En ce sens, un état corrompu serait pire que l’état de nature. Mais il est juste de se demander pourquoi cette violence ne peut être contestée ?

Dans un second temps, nous allons maintenant voir que l'État est la seule entité à pouvoir user de la violence «légitime». En effet, dans Le Savant et le Politique, le sociologue Max Weber écrit «S’il n’existait que des structures sociales d’où toute violence serait absente, le concept d’État aurait alors disparu». En effet l'État naît lorsque les individus acceptent de confier leur volonté à une force supérieure en échange de la sécurité. Or, la sécurité suppose l’usage possible de la violence contre ceux qui la mettrait en danger. L’état est donc considéré comme légitimement fondé à utiliser la violence, par opposition aux autres groupement et aux individus. Ainsi selon Max Weber la violence est un moyen normal de l'État puisqu’il est «une communauté humaine qui dans les limites d’un territoire déterminé revendique avec succès pour son propre compte le monopole de la violence légitime». Par conséquent, «l’état consiste en un rapport de domination de l’homme sur l’homme fondé sur le moyen de la violence légitime». La possibilité légitime du représentant du pouvoir, l’état, d’user de la violence oblige ses habitants à vivre contraints, de peur des représailles, d’autant plus si cet état abuse de son pouvoir. L’utilisation légitime de la violence de la part du représentant du pouvoir, l'État, semble donc être un des éléments en faveur de l’idée selon laquelle l’exercice du pouvoir repose sur une relation de domination.

Pour terminer nous allons maintenant aborder la légitimité ou plus exactement l’illégitimité du souverain d’un État. La légitimité correspond à tout ce qui peut être apprécié comme juste, fondé en droit. Tout d’abord, il faut savoir qu’il existe différentes manières pour un souverain d’instaurer son pouvoir. La première, celle pour laquelle aucune hésitation ne se pose en matière de domination, c’est le coup d'État. En effet, il est possible de renverser le gouvernement déjà en place par la force. Pour cela, il suffit de s’assurer du soutien de l’armée, comme l’a fait le général Franco lors de la guerre d’Espagne. Cependant comme nous avons pu le voir par la suite des évènements, la prise du pouvoir par la force n’a engendré qu’une guerre civile, qui a été écrasée dans le sang. Ainsi dans ce premier cas l'État n’a aucune légitimité en matière d’exercice du pouvoir et ne peut donc en aucun cas prétendre gouverner son peuple. En effet, si ce dernier avait voulu voir à la tête de l'État tel ou tel personnage, il aurait tout à fait pu y arriver sans faire usage de la force. Il y aura donc toujours une relation de dominé dominant entre le peuple et l'État. Il existe également une seconde manière pour arriver au pouvoir : ce sont les élections. Le droit de choisir ses représentants est l’un des plus fondamentaux dans toute démocratie. Ainsi, la plupart des votes fonctionnent selon un même principe : un ou plusieurs candidats se présentent lors d’une élection, le peuple se rend aux urnes et choisit pour qui voter, la personne élue étant celle ayant eu le plus de voix. Mais qu’en est-il de la minorité, celle qui n’a pas voulu reconnaître le candidat ? C’est ce que Tocqueville appelle la tyrannie de la majorité. En effet même si une majorité de la population est satisfaite ( malgré l’existence du vote par défaut ou la réticence à l’idée de certaines idées du programme politique) il en reste tout de même une partie qui ne l’est pas. Elle ne se sent alors pas libre et cela suppose donc une relation qui ne pourrait se faire en bon terme, et passerait par un sentiment de soumission tant par le politique au pouvoir que par la majorité elle-même. Il semble donc impossible de satisfaire la totalité de la population, une partie vivant donc sous la domination du représentant du pouvoir l'État. Nous avons donc pu voir jusqu’à maintenant que la brutalité de l'État, tant par l’usage de la violence légitime que par la nature parfois pervertie de son dirigeant, ainsi que son incapacité à satisfaire l’ensemble de la population en font une simple puissance dominatrice. Mais le but premier de l'État n’était-il pas justement de garantir ces libertés plutôt que de les bafouer.

Pour terminer, nous allons essayer de déterminer les conditions de l’exercice du pouvoir sans domination. Est-ce une utopie ou bien la réalité, c’est ce que nous allons voir. Pour commencer, nous essayerons de voir si dans une société sans état, de retour, en quelque sorte, à l’état nature. En effet, selon Hobbes, les hommes sont dotés à la fois d’une raison et d’un instinct de survie. On peut alors imaginer qu’à l’état de nature, un état où il n’y aurait pas de lois imposées par l’État, les hommes auraient une liberté infinie. Mais ces hommes très rapidement, dotés d’intérêts bien différents les uns des autres, anticiperaient sur la menace que constitue autrui. Chacun, dépendant de sa seule force individuelle, attaquerait l’autre pour défendre ses intérêts. L’homme deviendrait « un loup pour l’homme » et l’état de nature deviendrait un état de guerre permanente ce serait « la guerre de tous contre tous ». Les hommes décideraient par un

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