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Explication de texte sur David Hume : Enquête sur l'entendement humain (niveau terminale)

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Par   •  2 Mai 2018  •  Commentaire de texte  •  2 900 Mots (12 Pages)  •  4 172 Vues

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Explication de texte : David Hume, « Enquête sur l'entendement humain » (niveau terminale)

Extrait :

Si donc nous désirons nous satisfaire au sujet de la nature de l’évidence qui nous donne la certitude des faits, il faut que nous recherchions comment nous arrivons à la connaissance de la cause et de l’effet.

J’oserai affirmer, comme une proposition générale qui n’admet pas d’exception, que la connaissance de cette relation ne s’obtient, en aucun cas, par des raisonnements a priori; mais qu’elle naît entièrement de l’expérience, quand nous trouvons que des objets particuliers sont en conjonction constante l’un avec l’autre. Qu’on présente un objet à un homme dont la raison et les aptitudes soient, par nature, aussi fortes que possible ; si cet objet lui est entièrement nouveau, il sera incapable, à examiner avec la plus grande précision ses qualités sensibles, de découvrir l’une de ses causes ou l’un de ses effets. Adam, bien qu’on admette l’entière perfection de ses facultés rationnelles dès son tout premier moment, n’aurait pu inférer de la fluidité et de la transparence de l’eau que celle-ci le suffoquerait, ou de la lumière et de la chaleur du feu que celui-ci le consumerait. Nul objet ne découvre jamais, par les qualités qui paraissent aux sens, soit les causes qui les produisent, soit les effets qui en naissent ; et notre raison ne peut, sans l'aide de l'expérience jamais tirer une conclusion au sujet d'une existence réelle et d'un fait.

David Hume, Enquête sur l'entendement humain, section IV, 1748.

Explication :

Hume, philosophe écossais du 18ème siècle, cherche ici à rendre compte de l'origine de la relation de causalité, et de ce qui nous permet d'y accéder. En effet, l'homme a toujours eu besoin de mettre à jour cette relation entre les faits, puisqu'il désire savoir et prévoir les phénomènes. Or, la relation de causalité relève-t-elle du raisonnement ou de l'expérience sensible ? Si elle dépend de l'expérience, peut-elle garder le caractère nécessaire qu'on lui attribue ? Quelles en sont les conséquences sur notre connaissance de la réalité ? Selon Hume, la relation de causalité entre les faits n'est pas connue par déduction ou intuition mais par l'observation répétée d'une relation entre ces faits, c'est-à-dire par l'expérience. Dans un premier temps, le philosophe introduit le problème en justifiant et expliquant sa démarche, puis il énonce sa thèse. Ensuite, Hume énonce un premier argument à l'appui de sa thèse qui affirme que l'expérience seule de ne suffit pas, mais que c'est bel et bien l'expérience répétée qui permet de mettre à jour cette relation de causalité. Cet argument est suivi de l'exemple d'Adam car celui ci est vierge de toute expérience et ne peut pas bénéficier du vécu d'ancêtres. Enfin, Hume aboutit son argument en affirmant que les sens, pas plus que l'expérience ne permettent d'identifier cette relation de causalité.

Tout d'abord, Hume justifie sa démarche et explique pourquoi il est légitime de se poser la question de l'origine de la relation de causalité. Il commence par expliquer que l'homme veut se « satisfaire au sujet de la nature de l'évidence qui nous donne la certitude des faits ». L'évidence apparaît ici comme le mode d'accession de l'homme à la certitude. L'évidence en effet, est ce qui s 'impose comme réel de façon immédiate et qui peut être tenu pour vrai sans réflexion. La certitude est une attitude qui consiste à être assuré de la vérité d'une chose même si elle n'est pas démontrée. Hume semble partir du principe que l'homme ne peut pas connaître le réel et accéder à la vérité s'il ne peut pas justifier ses théories. Or l'homme ne semble pas l'admettre et préfère donc se satisfaire de ces certitudes sans les remettre en cause, sans savoir d'où elles proviennent et qu'elles sont leur « nature ». Hume, en utilisant le terme « nature de l'évidence », se demande si celle si est empirique ou rationnelle. Donc si l'homme veut justifier ces « certitudes », il faut qu'il sache d'où elles proviennent. Dans la seconde partie de la phrase, le philosophe introduit la relation de causalité avec le terme « cause » et « effet » qui serai selon lui ce qui engendrerait la « certitude des faits ». La « connaissance de la cause et de l'effet » consiste à savoir l'expliquer et à la comprendre. L'idée de causalité signifie qu'il y a une connexion nécessaire entre deux choses – la cause et l'effet – la cause étant ce qui produit le phénomène et l'effet le résultat de celui ci, c'est-à-dire ce qui nous apparaît. Elle correspond à un principe de la raison, qui admet que tout phénomène à une cause qui le précède et montre que l'homme cherche toujours la cause des phénomènes. Mais ce principe n'est selon lui possible que par l'expérience. Il s'agit donc pour Hume de s'interroger sur les fondements de la connaissance de la cause et de l'effet : la relation de la causalité permet-elle vraiment d'atteindre la vérité ?

Après ce petit paragraphe introductif, Hume expose sa thèse. Selon lui la causalité entre les faits n'est pas connue par la faculté de la raison mais par l'observation répétée d'une « conjonction » entre les faits. Il commence par annoncer cette thèse en l'affirmant comme « proposition générale ». Au sens philosophique, le terme « général » renvoie à ce qui est valable dans la majorité des cas. Or Hume utilise ici l'expression « pas d'exception » qui signifie que sa thèse est un énoncé universel, valable de manière absolue, dans tout les cas et sans exception. Il pense que la connaissance de la relation de causalité ne se fait pas par des « raisonnements a priori », c'est-à-dire indépendamment de l'expérience et du monde sensible. Elle n'est pas le fruit de théories rationnelles comme l'auteur l'explique dans la phrase suivante. Au contraire, selon lui l'homme accède à cette connaissance par l'expérience qui peut avoir deux sens ici. En effet, faire l'expérience peut tout d'abord signifier qu'on a fait l'épreuve d'une chose personnellement, qu'on l'a vécu, qu'il y a eu une confrontation avec le monde extérieur qui nous a permis d'en tirer des connaissances. Un « homme d'expérience » par exemple détient un savoir issu d'une connaissance à posteriori. L'expérience peut également renvoyer à l'expérience sensible, aux sens que l'homme utilise dans l'élaboration et la validation des connaissances. Hume est donc un empiriste, puisqu'il pense que nos idées et la connaissance dérivent toutes entières de l'expérience sensible. L'expérience précéderait en effet la raison dans notre compréhension du monde. L'idée de cause viendrait ainsi de l'expérience que l'on aurait de voir certaines choses se succéder dans le même ordre. Ainsi seuls les sens et l'observation permettent de faire cette relation entre les faits. On pourrait rapprocher la pensée de Hume de celle de Locke qui parle de la perception. La perception correspond à la manière pour le sujet conscient de saisir le monde extérieur par l'intermédiaire des sens. Elle met à la fois en jeu la sensibilité mais aussi le jugement. Ainsi, selon Locke la perception serai à l'origine des nos idées. Elle est une manière de sentir d'abord, puis d'accompagner nos sensations de jugements. Par exemple, à force de voir le soleil se lever chaque matin, nous avons l'idée que le soleil se lèvera nécessairement le lendemain, et les jours suivant, et qu'il est nécessaire qu'il se lève.

Ensuite, Hume expose un premier argument selon lequel l'expérience seule ne suffit pas mais qu'il faut observer les faits de manière répétée pour parvenir à cette relation de causalité. Il commence à affirmer que la raison seule ne suffit pas. La raison est la faculté de juger propre à tous les hommes. Ainsi le raisonnement, la démonstration, la déduction ne suffisent pas à établir la relation de causalité. Hume explique que même un homme avec une raison développée ne pourra admettre par contrainte logique une certaine conclusion. Il ne sera pas en mesure d'apporter une preuve logique sur un objet « entièrement nouveau » dont il n'aura jamais fait l'expérience auparavant. Ainsi, le philosophe remet en cause les idées rationalistes selon lesquelles la raison serai innée, (« par nature ») égale chez tous les hommes et qu'ils pourraient accéder directement à la réalité avec cette unique faculté. En effet les rationalistes sont en faveur de la théorie et affirment la suprématie de la raison humaine capable de se représenter le réel. Mais selon Hume la loi de causalité n'est pas innée et s'apprend. De même, une seule expérience d'un phénomène ne suffit pas à déterminer sa cause. Il faut que l'expérience soit répétée pour que l'esprit fasse le lien

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