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Femmes Policières Au Québec

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s, à l’égard de cette présence féminine à l’intérieur des forces de l’ordre. Enfin, nous ferons un bref tour d’horizon quant aux perspectives d’avenir des femmes policières, particulièrement au sein du Service de Police de la Ville de Montréal.

1. Historique des femmes policières

1.1 Les femmes policières dans le monde

Depuis toujours, la présence des femmes n’était pas admise facilement dans les forces policières. Ce phénomène est plutôt contemporain. Par contre, il est clair que celle-ci a toujours travaillé étroitement avec les forces de l’ordre. Elle n’en portait peut-être pas le titre, mais on lui accordait l’appellation de « femme exceptionnelle ». Cette femme représentait tout ce que l’on pouvait rassembler de persévérance, de force de caractère et de motivation à poursuivre sa route et dépasser les barrières de la culture masculine. On la nommait ainsi afin de reconnaître ses qualités plutôt que son statut.

À cet effet, nous pouvons lire dans une récente publication (Gend Info, 1995) qu’une dame du nom de Marie Charpentier devenait la première femme gendarme à Paris, en 1792. Les origines de l’implication des femmes dans les forces de l’ordre sont différentes selon leur lieu d’origine. Aux États-Unis par exemple, l’arrivée des femmes au sein des corps policiers est reliée directement à la prévention du crime envers les enfants. La première femme policière américaine ayant obtenu un pouvoir d’arrestation se nommait Alice S. Wells et fut engagée par le Los Angeles Police Department en 1910 (Martin, 1980). Militante acharnée, elle entraina dans sa suite tant de femmes que, dès 1915, on pouvait retrouver des femmes policières dans plus de 25 villes des États-Unis. En 1920, on pouvait compter plus de 220 villes où les femmes étaient actives dans les forces policières. Graduellement, leur nombre s’est agrandi pour arriver à 9000 femmes policières américaines en 1978 (LeBeuf, 1996).

En Grande-Bretagne par contre, elles auraient été plutôt motivées par le maintien des valeurs morales et débutèrent par des organisations bénévoles, dont le Women’ s Police Service, qui fut fondé en 1914. Ce mouvement a mené à l’intégration des femmes dans les forces de l’ordre, afin de pouvoir offrir un système juste à l’égard des femmes et des enfants. (Judge, 1989; Amidon, 1986; Lock 1979). Par la suite, Scotland Yard décida de créer une unité de patrouilleuses. (Perlstein, 1972). Après la 2e guerre mondiale, les femmes se sont impliquées davantage sur le marché du travail et c’est alors que les corps policiers leur ont ouvert plus largement leurs portes. (Dene, 1992).

Malgré tous leurs efforts, il fallut beaucoup de temps, voire plusieurs générations, avant que les tâches données aux femmes policières soient à la mesure de leur potentiel et capacité. Longtemps on leur réserva des fonctions limitées à l’intervention auprès des femmes et des enfants, ne leur accordant aucun pouvoir au niveau du domaine de l’application de la loi. Les femmes policières durent patienter longtemps avant d’obtenir des pouvoirs d’arrestation. Elles ont dû affronter des difficultés continuelles avant de pouvoir être entièrement reconnues au sein de leur profession. En fait, elles eurent à militer jusqu’au milieu des années 1980 avant d’être dûment admises comme policières à part entière et de pouvoir bénéficier de tous les pouvoirs reliés à l’accomplissement de leur fonction.

1.2 Les femmes policières au Québec

L’intégration des femmes dans les corps policiers fut un peu plus longue au Canada. Il fallut attendre vers les années 1970 avant de pouvoir constater une hausse constante et progressive des femmes dans les forces policières. (Lebeuf, 1996).

Des statistiques plus complètes à ce sujet n’ont été compilées que depuis 1986 seulement. Nous pouvons constater qu’en 1986, seulement 3.9 % de femmes faisaient partie des forces policières canadiennes. En 2007, nous pouvions en compter le cinquième du personnel, soit 18,5 %. Lorsque nous observons la croissance de la présence des femmes policières par province entre les années 1986 et 2006, nous pouvons constater que c’est en Colombie Britannique que le pourcentage est le plus élevé, soit 21,6 %. En 1986, le Québec arrivait bon dernier en fait de personnel féminin dans la police, soit 2,5 %.

Toutefois, en 2006, nous pouvions retrouver alors un pourcentage de 20 % d’effectif féminin dans la police au Québec. Cela représente donc une hausse de 700 %, soit la plus élevée sur l’ensemble des provinces canadiennes. (Casias, 2011). Encore plus près de nous, nous constatons que le Service de Police de la Ville de Montréal comptait 33.1 % de femmes parmi ses effectifs en 2006, selon leur Bilan du Programme d’accès à l’égalité. (SPVM, 2006). L’objectif de croissance était alors d’atteindre 43 % de représentation féminine policière. Aujourd’hui, l’organisation du Service de police de la Ville de Montréal regroupe près de 4 600 policiers et 1 600 employés civils. Les statistiques récentes démontrent que les femmes occupent 30 % de ces effectifs. (SPVM, 2012).

2. Présence des femmes policières

1. Préjugés et stéréotypes

La présence de plus en plus nombreuse des femmes dans le système policier remet en question tous les jours certains préjugés et stéréotypes voulant que ce ne soit pas la place d’une femme et que ce type d’emploi doive être réservé uniquement aux hommes. Certains vont même jusqu’à prétendre que la présence des femmes au sein des forces policières représenterait même une menace à la sécurité des agents masculins.

On peut lire de certains auteurs que la présence féminine aurait possiblement des conséquences négatives lors de confrontations entre policiers et citoyens (Balkin, 1988; Belknap et Shelley, 1992; Bell, 1982; Martin, 1980, 1990, 1999; Martin et Jurik 1996; Mishkin, 1981; Remmington 1981). On y souligne qu’elles sont un danger parce que leur force physique est moins élevée et qu’elles ne font pas autant figure d’autorité que les hommes. On prétend également que cela entrainerait une hausse de violence contre les policiers.

Les préjugés les plus tenaces concernent principalement la capacité des femmes à intervenir physiquement lors de conflits entre citoyens et policiers. (Rabe-Hemp et Schuck, 2007). Peu de documentation existe à cet effet et cela est probablement dû à leur sous-représentation au sein des corps policiers (Rabe-Hemp et Shuck, 2007). Certaines recherches auront quand même parfois validé, parfois invalidé ses stéréotypes. On ne peut retrouver d’unanimité au niveau de la littérature entre le niveau de violence envers les policiers et la présence de plus en plus nombreuse des femmes policières.

Il est évident que les conflits trouvent toujours leurs sources entre 2 personnes impliquées. Ainsi, le policier, homme ou femme, jouera lui aussi un rôle dans l’agression et ses agissements augmenteront ou diminueront le problème ainsi que la possibilité de violence à son égard (Rabe-Hemp et Schuck, 2007). Existe-t-il un lien entre l’apparition de conflit violent et le sexe du policier impliqué?

2.1.1 Hausse de violence

Les préjugés à l’égard de la présence des femmes au sein des corps policiers sont solides et bien implantés. On prétend, entre autres, que leur manque de force physique, leur nature émotive, voire irrationnelle, et leur manque d’autorité les rendent inadéquates à effectuer du travail de patrouille. (Balkin, 1988; Bell, 1982; Martin, 1980, 1990, 1999). Ces « déficiences » exigeraient donc que leurs confrères doivent prendre leur défense, assurer leur sécurité et, au besoin, se battre pour deux, ce qui augmenterait le risque de blessure. Ainsi, les policières représenteraient donc un danger à la fois pour elles-mêmes, pour leur collègue ainsi que pour le citoyen qu’elle tenterait d’intercepter. (Balkin, 1988; Belknap et Shelley, 1992; Bell, 1982; Martin, 1980, 1990, 1999; Martin et Jurk, 1996; Mishkin, 1981; Remmington, 1981),

L’opinion populaire serait par contre plus ouverte à la présence des femmes policières, bien qu’elle soit en accord avec la thèse que, lors de conflits, les policiers seraient plus prêts et « capables » de faire face à la confrontation physique. (Bell, 1982; Homant, 1983). Les policiers eux-mêmes auraient un regard négatif sur la présence féminine au sein de leur organisation. (Balkin, 1988). Il semble toutefois que ces suppositions reposent davantage sur des croyances plutôt que sur des faits ou des observations réelles (Balkin, 1988). En réalité, seulement 1 % du travail des policiers représenterait la somme du travail de patrouille qui pourrait être trop demandant physiquement pour les femmes (Lehtinen, 1976). La littérature nous enseigne que l’agilité et la dextérité seraient des

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