Héritage Hippie
Mémoire : Héritage Hippie. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoirespartie de la jeunesse du baby boom de l'après-guerre, rejetaient les valeurs traditionnelles, le mode de vie de la génération de leurs parents et la société de consommation. L’influence culturelle la plus importante se trouve dans le domaine musical. De plus, le psychédélisme apparaît avec la valorisation des perceptions sensorielles ; ils aspiraient à vivre librement, émancipés de la société, ouverts au monde. Ce mouvement a apporté une évolution des mœurs. Pour défendre leurs idées, ils utiliseront l’art (musique, cinéma,…) et leur style vestimentaire ; ainsi ils véhiculent une philosophie en rupture totale avec leur époque.
Le mouvement hippie a influencé les sociétés industrialisées mais depuis sa disparition au début des années 1970, la question de l’existence d’un héritage hippie se pose. De nos jours, on constate un sentiment de perte de valeurs dû à sa dilution dans la société de consommation.
Nous aborderons trois thèmes essentiels qui nous permettront de voir plus clair dans cette contre-culture. Nous mettrons en avant la fonction de ce mouvement avec ses fondements qui en font un symbole chronologiquement, puis nous insisterons sur le rôle de l’art dans le mouvement, c’est-à-dire à travers la musique, la mode et le cinéma, et enfin, nous conclurons sur l’héritage ambigu avec la dimension idéaliste du mouvement et l’écologie qui perpétue le mythe du retour à la Nature.
I. Une contre-culture qui fait polémique.
1. Des racines lointaines.
Des précurseurs du mouvement hippie apparaissent dès l’Antiquité grecque, au IVe siècle avant Jésus-Christ, avec des philosophes tels Diogène de Sinope (v. 413 – v. 327 avant Jésus-Christ), dit aussi Diogène le Cynique. Certaines de ces idées présentent des similitudes avec la pensée hippie, notamment dans la notion de simplicité « Je suis battu, cet enfant vit plus simplement que moi », ou encore dans la tenue vestimentaire avec « des vêtements simples, […] sans tunique ni souliers. », « il marchait nu-pieds », mais il s’imposait également par son état d’esprit « Il affirmait opposer à la fortune son assurance, à la loi sa nature, à la douleur sa raison. ». Toutes ces citations sont extraites de Vie, doctrines et sentences des philosophes illustres, Tome II du philosophe Diogène Laërce.
Diogène de Sinope, toile de Jean-Léon Gérôme, 1860 (http://blog.france3.fr/)
Le mouvement hippie trouve d’autres ressemblances dans le mazdakisme du VIe siècle avec l’idéal pacifique de son fondateur, Mazdak. Au XVIIIe siècle, on retrouve des philosophes des Lumières comme Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) qui prône des valeurs d’égalité dans son ouvrage Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755), la liberté, l’apparence avec les vêtements gage d’ascenseur sociale et de superficialité, l’authenticité, la religion et l’image néfaste de la société sur l’Homme. Tant de réflexions qui rappellent les idéaux et les idées que défendent les hippies.
Pastel de Maurice Quentin de La Tour, Jean-Jacques Rousseau, en 1753 (alors âgé de 41 ans) (http://www.ville-montmorency.fr/)
Le précurseur direct le plus important est sans aucun doute Henry David Thoreau (1817-1862). Découvert lors de la crise de 1929 (ou la Grande Dépression), il s’inscrit dans la tradition contestataire de la littérature américaine tout en devançant les problèmes de notre temps. Poète, écrivain, philosophe, pédagogue, écologiste, scientifique, militants des droits des Hommes et de la Nature, anticonformiste, pacifique, il s’oppose à la société de son temps au risque de sa vie. Malgré le fait qu’en France on le connaisse peu, ses œuvres se diffusent dans le monde : l’Inde, le Japon, l’Afrique. En effet, au Danemark, son libre La Désobéissance Civile (1849) fut utilisé comme outil de résistance contre les nazis, empêchant le port de l’étoile jaune aux Juifs danois ; tous portaient symboliquement l’étoile pour faire échouer les ordres.
2. Les éléments de la contestation.
Mais c’est au XIXe siècle que les racines les plus apparentes émergent avec la Lebensreform vers 1896 en Allemagne et en Suisse. Cette communauté diffuse des valeurs proches de la culture hippie, dont un « retour à la nature » qui était leur slogan, la pratique du Yoga et les vêtements simples (en laine et coton) ou le naturisme. Herbert Marcuse (1898-1976), philosophe, sociologue et marxiste américain d’origine allemande, dénonce l’inhumanité du capitalisme dans la société ; il étend alors son concept de la rationalité de la satisfaction de l’individu suivant la société dans laquelle il vit. Dans Eros et civilisations de 1955, Marcuse dresse un modèle d’analyse de la société contemporaine, de même dans L’Homme unidimensionnel de 1964, qui devient la référence théorique de la nouvelle révolte étudiante aux Etats-Unis et en France : « La révolte des étudiants n’est pas dirigée contre les malheurs que provoque cette société, mais contre les bénéfices ». Sa pensée se rapproche de celle de Wilhelm Reich (1897-1957) dans le cas de la critique de la société. Il prône également la liberté sexuelle.
L'Asie est un objet de fascination pour les hippies qui y trouvent leurs inspirations à la culture hindou (dont le bouddhisme, le yoga), mais aussi en Inde avec Gandhi, philosophe pacifiste et utopique.
Herbert Marcuse parle aux étudiants (http://bellaciao.org/fr/)
L’origine directe du mouvement hippie naît à San Francisco en Californie, capitale de la contre-culture aux Etats-Unis, avec les Beatniks. C’est à l’université de Berkeley que plusieurs étudiants dont les écrivains William Burroughs (1914-1997), Jack Kerouac (1922-1969), Ken Kesey (1935-2001), Gary Snyder (1930), introducteur de la pensée orientale à San Francisco et le poète Allen Ginsberg (1926-1997) défendent leurs idées sur la liberté d’expression et la liberté sexuelle. Ils ont popularisé la pratique de la méditation, et plus généralement du Tao et du bouddhisme zen. Ces derniers se réunissent en communauté afin de lutter pour leurs valeurs dans un contexte contestataire et de refus de l’ordre établi avec des rassemblements où l’utilisation de la musique est un moyen d’expression. Dans un premier temps, ils se réunirent dans le quartier italien North Beach, puis ils vécurent dans des maisons abandonnées du quartier d’Haight-Ashbury à San Francisco, détruit par le tremblement de terre de 1906. Des personnages mythiques comme Jimmy Hendrix (1942-1970), The Grateful Dead, Carlos Santana (1942) ou encore Janis Joplin (au 635 Ashbury Street) y ont habités. Ils voulaient mettre en place une « révolution psychédélique » en recommandant l’usage de drogues. Or, aujourd’hui des boutiques psychédéliques en mémoire du mouvement ont été ouvertes dans ce quartier.
635 Ashbury Street, San Francisco en Californie, Janis Joplin (http://radaris.com/)
En tant que précurseurs du mouvement, ils exprimaient leur rupture avec la société de masse en menant une vie libérée accompagnée de fréquents déplacements : Sur la route, ou On the Road de 1957, Jack Kerouac, poète et auteur américain, en fait un manifeste de la Beat Generation et livre emblématique du mouvement hippie. Il se désintéressa pourtant de ce dernier.
On the Road, en français Sur la route, de Jack Kerouac (Première de couverture de On the Road de Jack Kerouac)
Ils avaient un idéal de liberté, de sexualité sans tabou et d’une musique omniprésente.
En 1959 débuta la guerre du Vietnam jusqu’en 1975. Elle révolta les américains et l’expression « Make Love, Not War », « Faites l’amour, pas la guerre » en français, apparut à cette occasion. En 1974, John Lennon, dans sa chanson « Mind Games » reprit ce slogan.
Le slogan pacifique « Peace and Love », « Paix et Amour » en français, apparaît dans les années 1960. Ces expressions avaient pour but de lutter contre la violence et la guerre.
3. L’affirmation par la contestation sociale.
A. Le psychédélisme.
Les hippies recherchèrent des perceptions sensorielles nouvelles par l’usage de drogues à travers le psychédélisme. Timothy Leary (1920-1996), écrivain américain, psychologue et militant pour l’usage de drogues psychédéliques, popularise son slogan « Turn on, tune in, drop out », soit « Branche-toi, accorde-toi, laisse tout tomber », qui traduit son implication pour la libération et la contestation. Il est le fondateur du mouvement hippie.
Album « Turn on, Tune in, Drop out » de Timothy Leary (http://www.lezarts.info/)
A cette époque, le LSD est encore légal, mais la Californie l’interdit le 6 octobre 1966 suivie du reste du pays, suite à l’importante influence des communautés hippies par leur consommation de drogues sur les mineurs. Le LSD fut alors considérer comme une drogue « dure » et dangereuse. En 1964, il écrit avec Ralph Metzer, The Psychedelic Experience, en français L’Expérience psychédélique, dans lequel il revendique la prise de drogues tels le LSD, la mescaline , ainsi que le Yoga et la méditation ; il
...