L'Homme n'est-il qu'un être naturel ?
Dissertation : L'Homme n'est-il qu'un être naturel ?. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar OrmeH • 2 Janvier 2024 • Dissertation • 2 500 Mots (10 Pages) • 240 Vues
La question qui nous est posée, à savoir : « L’Homme n’est-il qu’un être naturel ? », interroge l'idée selon laquelle l’Homme se limite à notre nature biologique et organique. Le terme de nature renvoie à ce qui existe spontanément, à ce qui est originel, ce qui préexiste à l’homme, c’est-à-dire ce qui est inné. La conception de l'Homme en tant qu'être naturel renvoie à sa composition physique, à ses instincts, à son héritage génétique, et à sa place au sein du monde naturel, en écho aux lois de la biologie et de l'évolution. L’homme appartient au règne du vivant et est soumis aux lois de ce règne, en effet, il doit répondre à des besoins biologiques : manger, dormir, se reproduire tout comme les animaux. Cependant, nous distinguons spontanément l'homme de l’animal. Considérer l'Homme comme un être purement naturel implique de le catégoriser selon des déterminants biologiques, réduisant ainsi son potentiel cognitif, émotionnel et social à une simple expression de sa constitution organique. Cette perspective pourrait minimiser la complexité de l'expérience humaine, occulter la dimension culturelle, éthique et spirituelle qui caractérise l'humanité, et limiter notre compréhension de ce que signifie réellement être humain. Au cœur de cette réflexion, se dessine la question cruciale de savoir si notre essence est exclusivement déterminée par des facteurs naturels ou si l'Homme détient des caractéristiques intrinsèques qui le distinguent et le transcendent au-delà de son existence biologique. Ainsi, cette question interroge l'identité même de l'Homme, la nature de sa place dans le monde et la possibilité d'une réalité qui transcende sa condition naturelle. Ainsi, nous pouvons comprendre l’intérêt et la nécessité de la question posée et ce sur quoi elle porte précisément. L’Homme agit-il uniquement de manière innée et spontanée ?
Pour étudier et répondre à cette question, nous montrerons en premier lieu ce qui nous invite à croire que l'Homme n'est pas que naturel. Ensuite, nous expliquerons comment la culture donne à l'Homme une autre dimension que sa seule nature. Et enfin, nous exposerons que l'Homme ne peut oublier pour autant sa nature.
L'homme possède une remarquable capacité à réfléchir sur lui-même et sur le monde qui l'entoure. Cette aptitude réflexive transcende le simple cadre des réactions instinctives observées, c’est-à-dire la manière d’agir innée chez les autres êtres vivants. L'Homme est capable de s'interroger, d'analyser, et de raisonner de manière abstraite. Cette faculté de raisonnement abstrait lui permet d'envisager des concepts, des idées et des principes qui dépassent largement les limites de ses besoins biologiques.
La pensée humaine n'est pas simplement réactive, mais proactive. L'homme explore des idées, élabore des théories, et conçoit des plans pour l'avenir. Il construit des connaissances et des systèmes de pensée basés sur la réflexion et l'analyse, qui vont bien au-delà des réponses automatiques dictées par la nature. Par exemple, la capacité de l'homme à inventer, à créer des œuvres artistiques ou des innovations technologiques, démontre cette capacité à transcender les limites de la simple nature. L'homme manifeste également une conscience de soi complexe et dynamique. Cette conscience de soi ne se limite pas à une simple reconnaissance de son existence, mais implique une réflexion sur sa propre identité, ses valeurs, et sa place dans le monde. Cette conscience de soi évolue en parallèle avec une conscience de l'autre, permettant à l'homme de comprendre et d'empathiser avec les expériences des autres. Cette empathie va au-delà des réponses instinctives. L'homme est capable de se mettre à la place de l'autre, de comprendre ses émotions, ses intentions, et ses perspectives. Cette capacité à comprendre l'autre et à interagir avec compassion démontre une complexité psychologique qui ne peut être réduite à des mécanismes purement naturels. À titre d’exemple, au XVIIIème siècle, Marie-Antoinette élevait ses enfants dans les étiquettes de la royauté afin qu’ils suivent la voie qui leu est destinée en tant que dirigeants du royaume. Cependant, après avoir lu les écrits de Jean-Jacques Rousseau, la reine changea totalement sa manière de les éduquer, en les écartant de la stigmatisation royale et donc de manière plus naturelle. On peut voir comment la conscience de Marie-Antoinette évolue grâce à sa raison, comme l’explique Emmanuel Kant qui dit que nous ne sommes pas seulement des êtres naturels mais aussi des êtres rationnels.
L'homme est doté d'une volonté autonome qui transcende les déterminants biologiques. Cette autonomie de la volonté permet à l'homme de prendre des décisions conscientes en fonction de ses propres convictions, de ses valeurs et de ses principes. Contrairement aux autres êtres vivants, l'homme peut agir en accord avec ses croyances, même si cela va à l'encontre des impulsions naturelles. L'homme démontre une capacité unique à transcender ses instincts innés. Contrairement aux autres êtres vivants, il peut réguler et moduler ses comportements en fonction de principes et de valeurs qui ne sont pas simplement dictés par la nature. Par exemple, la capacité de l'homme à maîtriser ses pulsions, à sacrifier ses intérêts individuels pour des causes plus grandes, ou à surmonter des désirs instinctifs au nom de principes moraux, souligne cette capacité à agir au-delà des impulsions naturelles.
En somme, la conscience réflexive, la capacité de pensée, la volonté autonome et la capacité à transcender les instincts naturels sont des éléments qui suggèrent que l'homme ne se limite pas à être simplement un être naturel, mais qu'il possède des attributs et des facultés qui dépassent les simples mécanismes biologiques et instinctifs. Ces aspects complexes de l'humanité montrent que l'homme est bien plus qu'un simple produit de la nature, mais plutôt un être capable de se distinguer et de transcender ses origines biologiques.
Alors que nous avons vu ce qui nous invite à croire que l'Homme n'est pas que naturel, nous allons à présent expliquer comment la culture, c’est-à-dire l’ensemble des façons de faire, de penser et des modes de vie propres à un groupe humain particulier donne à l'Homme une autre dimension que sa seule nature.
En effet, la culture, par différents moyens, impacte la façon de faire et de penser de l’Homme, notamment par le biais de la société. Celle-ci joue un rôle fondamental dans la formation de l'homme. À travers des systèmes éducatifs, des traditions orales, des institutions culturelles, l'homme acquiert des connaissances qui vont bien au-delà de son bagage biologique. L'apprentissage humain dépasse largement les instincts innés pour englober des domaines aussi vastes que la science, la philosophie, l'histoire et la littérature. La transmission de ces connaissances de génération en génération est essentielle pour la construction de l'identité culturelle de l'homme. L'éducation est un pilier fondamental de la société qui transcende la simple nature de l'homme. Les systèmes éducatifs permettent l'acquisition de connaissances, la réflexion critique et l'analyse. Par exemple, les avancées dans des domaines tels que la science, la philosophie et la littérature sont le produit de l'accumulation de connaissances transmises à travers les générations. La capacité de l'homme à apprendre et à enseigner dépasse largement les schémas instinctifs, puisqu’elle engage sa réflexion, ce n’est plus spontané. Par exemple, dans Mythologies de Roland Barthes, l’auteur illustre l’impact de la société sur l’Homme. Il montre que les jouets pour enfant permettent de préparer ces derniers au monde adulte puisqu’ils acquièrent l’habitude de ce monde, grâce à des jouets soldats, postiers…Cela va produire une acceptation du monde adulte par l’enfant qui le verra comme une évidence. Ce système représente le conditionnement qui est mis en place afin de former les « futurs adultes », qui sont eux-mêmes la conséquence de ce conditionnement. L'existence de langages complexes et de méthodes d'enseignement démontre cette faculté à élaborer des systèmes symboliques et abstraits qui vont au-delà des capacités naturelles de communication qui s’apparenteraient à celles des animaux, c’est-à-dire un langage moins complet et moins poussé. On distingue également, que contrairement aux animaux, l’Homme répond à ses besoins, bien que naturels, de manière culturelle. En effet, en tant qu'être biologique, l’Homme a des besoins fondamentaux tels que la nutrition, la sécurité ou encore la reproduction. Cependant, ce qui différencie l'Homme des autres espèces, est sa capacité à répondre à ses besoins de manière culturelle, dépassant ainsi les simples instincts pour créer des systèmes complexes et variés pour les satisfaire. Par exemple, le besoin de se nourrir est un impératif biologique. Cependant, la diversité des plats, des rituels culinaires et des habitudes alimentaires à travers les cultures témoigne de la manière dont l'homme a transformé ce besoin naturel en une expérience culturelle riche et diversifiée. La cuisine est devenue bien plus qu'une simple nécessité naturelle de se nourrir, elle est devenue une forme d'expression culturelle qui intègre des traditions, des savoir-faire et des rituels spécifiques à chaque société. De même, dans de nombreuses cultures, la reproduction est non seulement perçue comme un besoin biologique, mais également comme une composante essentielle de la perpétuation de la lignée familiale ou de la société. À titre d’exemple, dans Le Racisme devant la science, écrit par Michel Leiris en 1960, il est souligné que « les relations sexuelles ne sont libres et qu’il existe partout des règles ». Ici les règles ont pour but de proscrire certaines unions en fonction des sociétés, chaque société ayant sa propre culture, ces règles culturelles que nous percevons comme des façons de faire interviennent contre la manière spontanée et innée d’agir de l’Homme.
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