L'ignorance est elle punissable ?
Note de Recherches : L'ignorance est elle punissable ?. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresrrogation peut prendre deux acceptions différentes : en effet le sens de faute peut appartenir au langage courant, et, dans ce cas l'idée est banale (le manque de connaissance est compris comme dommageable), ou la faute appartient au registre moral et s'oppose alors au Bien, signifiant que l'ignorance est condamnable au nom d'une certaine éthique. Ainsi nous verrons comment l’ignorance peut être entretenue ensuite nous étudierons comment l’ignorance peut être mise à mal enfin nous connaîtrons les limites de l’ignorance…
Le Christianisme a associé l'ignorance à une valeur ("Heureux les pauvres par l'esprit, les ignorants car le Royaume de Dieu est à eux" Augustin, Sermon sur la Montagne), imposant le silence au peuple et faisant admettre à celui-ci que la compensation à son asservissement lui serait donnée après la mort. L'intérêt du pouvoir a toujours été de maintenir la société dans un certain degré d'ignorance afin de préserver sa domination sans menace et sans risque. Dans ce cas, tout un discours officiel a été prononcé visant à considérer que l'absence de savoir ne pouvait être tenue pour négative. Il allait de soi que dans le même temps le savoir était l'affaire de spécialistes, de clercs qui avaient seuls les possibilités de réflexion et d'action et appartenaient à une caste régissant l'ensemble d'un État. « La connaissance des vérités nécessaires et éternelles est ce qui nous distingue des simples animaux et nous fait avoir la raison et les sciences, en nous élevant à la connaissance de nous-mêmes et de Dieu. » Leibniz, La Monadologie. Ainsi le pouvoir rend despotique, à l’image de l’Eglise, cependant cet obscurantisme forcé fut progressivement vaincu par la Science ou autre Philosophie…
La pression de l'Église mettant la parole biblique en avant et associant celle-ci à une vérité, à contribué à la persécution des savants à la recherche de vérités authentiques. On se souvient du combat des grands physiciens, comme Galilée à qui on avait reproché sa contre argumentation sur physique d'Aristote et du géocentrisme de Ptolémée, soit la Création et de la Terre comme centre du monde. Ces luttes sont la traduction de l'idée que l'ignorance est un mal, une faute, puisque ces scientifiques ont dû, au péril de leurs propres vies, tenté de faire admettre un certain nombre de connaissances qui devaient par la suite faire considérablement avancer l'humanité. On peut mentionner la dissection interdite mais pratiquée clandestinement et qui seule à permis le développement de la biologie et de la médecine. Il s'agissait alors de faire l'éloge de la Science, science qui signifie par ailleurs la connaissance, terme qui avec le temps nécessite un pluriel (les sciences), car l'exactitude mathématique ou physique ne suffit pas à la progression de la pensée : « La philosophie n'est pas contraire à la science, elle se comporte elle-même comme une science, travaille en partie avec les mêmes méthodes, mais elle s'en éloigne dans la mesure où elle s'accroche à l'illusion de pouvoir livrer une image du monde cohérente et sans lacune. » Freud, Nouvelles Conférences sur la psychanalyse. Grâce au progrès scientifique, l'humanité peut prendre conscience d'elle-même. Les réponses de la science permettent aux philosophes de trouver eux aussi des réponses à leurs questions. On peut donc penser l'interdépendance stricte des deux mouvements. Mais qu'appeler « progrès » ? C'est évoluer du moins bien vers le mieux, s'améliorer. Il s'agit d'un passage graduel, d'une marche allant dans le sens d'une amélioration. Le progrès sous-entend généralement la sortie de l'archaïsme, de l'obscurantisme, il semble accompagner l'idée de civilisation. Les « grandes » civilisations s'affirment par le biais du développement des sciences et des techniques, mais aussi par l'encouragement des arts, et la quête d'une qualité de la vie aussi bien morale que politique.
« Le progrès n'est pas nécessaire d'une nécessité métaphysique : on peut seulement dire que très probablement l'expérience finira par éliminer les fausses solutions et par se dégager des impasses. Mais à quel prix, par combien de détours ? Il n'est même pas exclu en principe que l'humanité, comme une phrase qui n'arrive pas à s'achever, échoue en cours de route. » Merleau-Ponty. Ainsi l’obscurantisme imposé par le pouvoir qui entraîne l’ignorance à des limites…
Si l'ignorance en tant que telle n'est pas une faute, tout au moins, elle y conduit. Platon a établi une hiérarchie des différents degrés de la connaissance, où l'on trouve en neuvième et dernière position le Tyran. Démontrant ainsi que celui qui est capable d'exercer une tyrannie sur autrui est avant tout un ignorant. Platon part de la thèse que si tout homme est naturellement bon il ne peut pas vouloir faire de mal. De plus, il souligne le fait que l'on ne peut pas vouloir faire à autrui ce que l'on ne veut pas qu'il nous fasse à nous même. On ne peut donc pas désirer faire souffrir quelqu'un dans la mesure où l'on ne souhaite pas souffrir nous-même. Celui qui est donc capable de barbarie et d'exercer sa force comme un droit sur autrui est donc dépourvu de tout savoir et de toute connaissance. Il faut donc se méfier de l'homme ignorant. C'est en vue de la crainte de la tyrannie que Platon suggère que le gérant d'un État doit avant toute autre chose être savant donc par le même être un philosophe. Car l'homme instruit saura faire la différence entre la faute du point de vue morale et le Bien et saura protéger la Cité. Il mettra son intelligence au service du peuple. Alors que l'homme ignorant est égoïste et ne pense qu'à son intérêt au détriment du bien de la cité. IL faut donc se méfier de celui qui ne sait pas.
C’est dans le « Gorgias » de Platon que l’on trouve exposé le paradoxe à la Socrate : « Nul n’est méchant volontairement ». Cette thèse surprenante de prime abord doit être reliée aux deux autres : « Commettre l’injustice est pire que la subir » ; « Quand on est coupable il est pire de n’être pas puni que de l’être ». L’injustice est un vice, une maladie de l’âme, c’est pourquoi, nul ne peut vraiment la vouloir (on ne peut vouloir être malade), et la punition, qui est comparable à la médecine, est bénéfique à celui qui la subit.
L’attitude commune face à la justice est résumée par Polos dans « Gorgias » et Glaucon au livre deux de la « République ». Les hommes souhaiteraient être tout-puissants et pouvoir commettre n’importe quelle injustice pour satisfaire leurs désirs. Il vaut donc mieux, selon eux, commettre l’injustice que la subir. Cependant, comme subir l’injustice cause plus de dommage que la commettre de bien, les hommes se sont mis d’accord pour faire des lois en vue de leur commune conservation. Nous ne sommes donc justes, en vérité, que par peur du châtiment. Si nous pouvions être injustes en toute impunité, comme Gygès qui possède un anneau le rendant invisible, nous agirions comme lui : nous ne reculerions devant aucune infamie pour nous emparer du pouvoir, devenir tyran. Bref, nous serions injustes pour satisfaire nos désirs.
Platon réfute inlassablement cette thèse, cette hypocrisie qui consiste à ne vouloir que l’apparence de la justice, l’impunité, pour pouvoir accomplir n’importe quelle injustice.
Le nerf de l’argument consiste à montrer que, en réalité, « Commettre l’injustice est pire que la subir ». C’est par une ignorance du bien réel que les hommes souhaitent pouvoir être injustes. Parce que nous confondons le bien apparent (le plaisir, la satisfaction immédiate des désirs les plus déréglés) avec le bien réel, la santé de l’âme. Nous croyons vouloir commettre l’injustice, alors que c’est impossible, que « nul n’est méchant volontairement », parce que nous le voulons. Etre injuste est faire son malheur en croyant se faire plaisir.
L’antagonisme, l'opposition entre le point de vue habituel et la position de Socrate est magnifiquement exposé par le débat entre Calliclès et Socrate, dans le « Gorgias ». Calliclès prétend : « Voici, si l’on veut vivre comme il faut, on doit laisser aller ses propres passions, si grandes soient-elles, et ne pas les réprimer. » Socrate pense, lui, que l’accès au bonheur, au Bien, « cela veut dire être raisonnable, se dominer, commander aux plaisirs et aux passions qui résident en soi-même ».
Pour tenter de réfuter Calliclès, Socrate lui montrera que son idéal de mode de vie ressemble bien à une « passoire ». L’intempérance consiste à accumuler des plaisirs qui n’ont aucune consistance, à ne pas savoir se mesurer, se satisfaire, mais au contraire à être habité par des désirs tels que pour les combler il faut « s’infliger les plus dures peines ». L’erreur fondamentale de Calliclès est de confondre l’agréable et le bon, de confondre la démesure des désirs déréglés et irrationnels avec l’équilibre de la satisfaction véritable.
C’est que l’injustice est une maladie de l’âme, et plus précisément encore la subversion d’un ordre. Le magnifique mythe de l’attelage ailé dans le « Phèdre » décrit d’une façon imagée ce qu’est l’âme. Elle est comparée à un attelage composé d’un cocher et de deux chevaux. L’un est blanc, docile,
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