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La raison entre-t-elle nécessairement en conflit avec la croyance religieuse ?

Cours : La raison entre-t-elle nécessairement en conflit avec la croyance religieuse ?. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  20 Août 2024  •  Cours  •  2 057 Mots (9 Pages)  •  58 Vues

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Chapitre sur la religion : La raison entre-t-elle nécessairement en conflit avec la croyance religieuse ?

Remarques et problème :

  • «nécessairement»: en droit, les conflits de fait entre raison et foi sont-ils évitables ?

  • «la raison» : raison théorique et/ou pratique (morale).

La raison et la croyance religieuse sont-elles, par leur nature respective, réduites à s’affronter inéluctablement ou bien, peuvent-elles, et selon quelles conditions, s’ouvrir l’une à l’autre et dialoguer entre elles ?

Peut-on passer de la raison à la foi sans que celle-ci cesse de dépasser la raison ?

  1. Il existe un conflit entre la raison et la croyance religieuse.

  1. Toujours un potentiel conflit.

La raison : elle peut se définir en premier lieu, d’un point de vue théorique, comme lumière naturelle par laquelle nous distinguons le vrai du faux. C’est la capacité à enchaîner logiquement des idées, à argumenter ou à démontrer. Autonome par nature, elle invite à penser par soi-même et n’accepte aucune obéissance à une autre autorité qu’elle même. Elle implique un doute à l’égard de toute croyance.

La croyance : d’une manière générale, elle consiste à affirmer quelque chose sans pouvoir en rendre raison. Consistant à tenir pour vrai, sans preuve, elle est de l’ordre de l’opinion (la doxa), incapable de se justifier. La croyance religieuse, plus précisément, repose sur la révélation que Dieu aurait faite aux hommes par le biais de prophètes. Elle suppose une soumission aux textes sacrés et à l’institution.

  1. Quelques aspects de ce conflit.

  • concernant le contenu :

Plusieurs articles de foi paraissent faux ou dénués de sens au regard des exigences de la raison. Par exemple, l’idée de miracle, refusée par la raison scientifique car les sciences présupposent l’existence d’un ordre immuable des choses qui ne peut tolérer aucune exception. Autre exemple : l’idée même de Dieu. Que pensons-nous au juste sous ce mot ? Un être personnel, omniscient, tout- puissant, plein de bonté…? Ces mots ont-ils encore un sens en dehors de tout contexte humain ?

Pouvons-nous représenter un amour qui ne soit pas l’amour humain ? Que signifie le mot «être» quand il ne renvoie pas à l’être-là des réalités sensibles ? Signifie-t-il esprit ? Mais nous ne connaissons que l’esprit humain ? Aux yeux de certains, notre idée de Dieu apparaît trop humaine. La raison cesse de comprendre certains dogmes ou vérités révélées.

  • concernant l’origine de la croyance :

La raison sape le fondement de la croyance religieuse en prétendant expliquer le fait de la croyance lui-même. Le croyant doit se demander ce qui légitime d’attribuer à Dieu les mouvements secrets de son âme. La raison préfère trouver au sentiment religieux des causes naturelles. Le sociologue souligne le poids déterminant du milieu social et de l’éducation dans la pratique religieuse. Le

psychanalyste explique l’amour et la crainte du Père céleste à partir des rapports complexes et inconscients qui lient un individu à son père terrestre. Ici, la raison ne discute pas d’égal à égal avec la croyance, mais en dévoile les soubassements.

La croyance religieuse semble exiger une capitulation de la raison qui doit adhérer à ce qu’elle ne peut vérifier. Le conflit semble insurmontable, mais l’est-il réellement et nécessairement ?

  1. La raison n’entre pas nécessairement en conflit avec la foi.
  1. La rationalité scientifique n’entre pas en conflit.

L’idée même de miracle n’est pas une véritable pomme de discorde. On peut bien constater l’existence d’événements inexpliqués (guérisons par exemple) sans pour autant les prétendre à jamais inexplicables.

L’explication de la croyance par les sciences humaines n’est pas non plus une objection décisive. Ces sciences n’épuisent pas le sens des actes qu’elles expliquent. Une adhésion à la foi ne se résume pas à un héritage culturel. Ce serait tenir pour rien la liberté humaine. Les facteurs repérés par les sciences humaines ne sont pas négligeables, mais l’individu est la puissance active qui leur confère leur efficacité et la statistique ne vient qu’enregistrer après coup les décisions de la liberté.

  1. La croyance en Dieu est permise par la raison théorique.

Il existe différentes preuves de l’existence de Dieu que Kant recense et critique.

  • L’argument ou la preuve ontologique : cet argument conclut à l’existence de Dieu par son concept même. Dieu, étant l’être suprême, ne peut pas ne pas exister, sans quoi il lui manquerait une perfection (l’existence) et il ne serait pas l’être suprême.

Critique : confusion selon Kant entre deux sens du mot être : quand on dit que Dieu est l’être qui a le plus de réalité (le plus d’être), on veut dire par là que toutes les qualités positives désirables lui appartiennent à un degré maximal, mais nous n’y incluons pas l’existence. Cette dernière n’est pas une qualité positive nous renseignant sur l’essence de Dieu. Elle signifie qu’il se rencontre hors de notre pensée un être correspondant à l’idée que nous nous formons. On ne peut donc pas dire qu’un être suprême, privé d’existence, cesserait d’être, dans son concept, suprême.

  • La preuve cosmologique : il existe des réalités contingentes (qui pourraient ne pas exister ou bien être autrement), la cause de ces réalités est elle- même contingente, de même la cause de la cause.

On ne peut remonter ainsi à l’infini. Il faut bien une cause toute première dont l’existence soit nécessaire.

Critique : L’usage de la causalité est-il légitime en dehors de l’expérience ? De plus, qu’est-ce qui autorise à appeler Dieu cette cause première du monde ?

  • La preuve physico-théologique : comment la nature dans laquelle tout semble obéir à une finalité ne serait-elle pas le fruit d’une intelligence suprême ?

Critique : l’argument repose sur une analogie entre les productions de l’industrie humaine et celles de la nature. Intelligence humaine/produits de l’art humain et intelligence divine/nature. Une analogie invérifiable puisque un terme est manquant. De plus, l’idée d’un architecte organisateur du monde est à distinguer d’un créateur ex nihilo.

Kant montre ainsi que la raison humaine est limitée. Notre connaissance ne peut outrepasser les bornes de l’expérience. La croyance ne peut ainsi ni être établie ni être réfutée rationnellement.

  1. La raison pratique (morale) comme point de passage de la raison à la foi.

La fonction pratique de la raison : pour Kant, c’est la raison qui édicte la loi morale intérieure à la conscience de tout homme. Cette loi, universelle, commande d’agir par pur devoir et non simplement conformément au devoir.

Selon Kant, il est moralement nécessaire que soit mis fin au désaccord entre les lois de la nature qui gouvernent l’acquisition du bonheur et la loi morale qui confère à l’homme sa vertu. Sans cette réconciliation, la conscience sera toujours révoltée par l’indifférence de la nature aux fins de l’esprit. Si la conscience morale assigne comme but suprême à l’homme l’union de la vertu et du bonheur, il faut que celle-ci soit possible. Dieu seul peut opérer la synthèse de la nature et de l’esprit, supprimant les contradictions d’aujourd’hui. L’existence de Dieu est un postulat de la raison pratique et non pas une preuve de la raison théorique. On parle ici de foi ou de croyance rationnelle.

Raison et croyance n’ont-elles pas intérêt à s’ouvrir l’une à l’autre ?

  1. Vers une résolution du conflit de la raison et de la croyance.
  1. La croyance religieuse a besoin de la raison.

La nécessité de rendre un culte authentique à Dieu appelle le croyant à une confession qui n’émane pas seulement du coeur, mais de la totalité de son être, raison comprise. Que vaudrait une religion à laquelle on ne pourrait croire qu’en faisant taire le meilleur et l’essentiel de nous-mêmes ?

La raison, lorsqu’elle peut se rallier à la croyance, contribue à la purifier en la débarrassant de l’enveloppe de superstition qui y adhère trop souvent. Par exemple, la mise en question de dieu est moins un acte d’impiété qu’un effort pour libérer la croyance de toute représentation indigne de la sainteté de Dieu. De là l’idée d’une théologie négative : on ne peut rien affirmer positivement de Dieu, on ne peut dire que ce qu’il n’est pas. Dieu est l’autre absolu qu’on ne saurait emprisonner en aucun énoncé définitif.

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