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Le travail est-il une étape du bonheur ?

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Par   •  2 Avril 2021  •  Dissertation  •  2 540 Mots (11 Pages)  •  2 947 Vues

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         Il semble qu’aujourd’hui, l’obtention d’un un emploi rémunéré soit une condition de la liberté et du bien-être, puisqu’il garantit la possibilité de satisfaire par soi-même ses besoins fondamentaux. Pourtant, le travail n’est-il pas une activité pénible, source d’efforts et de contraintes ? Le « temps de travail » ne s’oppose-t il pas au temps « de loisir » qui, lui, semble correspondre à l’espace de liberté véritable, où l’individu vaque aux occupations qui correspondent à ses désirs ?  Le rapport travail a la liberté semble donc paradoxal : le travail semble constituer une condition de liberté auquel il tend pourtant à s’opposer ! Le problème qu’il nous faut résoudre est donc le suivant : que doit être le travail, quelles conditions doit-il satisfaire, pour pouvoir être un facteur de liberté sans pour autant détruire la liberté qu’il rend possible ? Pour résoudre ce problème, nous reviendrons d’abord sur les définitions des notions de « travail » et de « liberté », et nous tenterons de déterminer ce qui, dans le travail, peut être un facteur d’épanouissement et de réalisation pour l’homme. Nous examinerons ensuite ce que sont les dangers que le travail peut faire encourir a la liberté des hommes, à leur bien-être et à leur liberté, pour ainsi déterminer les conditions que le travail doit remplir pour promouvoir la liberté sans la détruire.

        Premièrement, Le travail comme facteur de développement de la liberté des hommes.  

        Le travail peut être défini comme un effort accompli en vue d’atteindre une fin utile, cette utilité pouvant être matérielle financière, productive, etc... ou immatérielle reconnaissance sociale, développement des facultés, etc.. Quant a la liberté, on peut les définir comme un état de peine satisfaction des désirs : et des besoins, un état de réalisation de soi. Ceci nous permet donc de dire que le travail pourra être un facteur de liberté s’il nous permet de satisfaire nos désirs, de réaliser notre identité, qu’il s’agisse de notre identité humaine ou de notre identité personnelle.

        Le travail nous permet d’accroître notre humanité dans la mesure où il nous permet d’affirmer notre nature d’être libre, autonome, c'est-à-dire capable de se déterminer en fonction de sa raison. En effet, le travail intellectuel, l’exercice de la pensée permet le développement de la rationalité, puisque les facultés intellectuelles ne s’épanouissent que chez l’individu qui fait l’effort de les exercer. Le travail scolaire n’a pas seulement pour but d’acquérir des connaissances ou des compétences techniques : il sert également à exercer les facultés d’analyse et de synthèse des élèves, pour leur permettre de former leur propre jugement, de penser par eux-mêmes, de construire leur propre opinion réfléchie concernant les questions sociales, morales, politique, etc. Le travail peut donc avoir pour effet de développer les capacités rationnelles des hommes, leur permettant ainsi d’accroître leur autonomie, caractéristique fondamentale d l’humanité des hommes.

        Par ailleurs le travail en tant qu’emploi rémunéré permet à l’individu de développer son indépendance ; or c’est à partir du moment où l’homme est indépendant qu’il cesse d’être soumis au joug, aux désirs de ceux dont il dépend. L’emploi rémunéré facilite par ailleurs l’accès à une image de soi valorisante car valorisée. En effet, la rémunération issue du travail permet à l’individu de satisfaire par lui-même ses besoins, sans dépendre de l’assistance, de la charité ou du bon-vouloir des autres membres du corps social. Par ailleurs, le travail de l’individu possède une utilité sociale qui permet à l’individu d’obtenir une forme de reconnaissance de son appartenance légitime au corps social, de justifier sa « place » au sein de la société. L’accès des femmes au travail salarié a très tôt fait l’objet d’une revendication féministe, mais pas seulement au nom de l’accès à l’indépendance financière des mères de famille. Par ailleurs, l’individu qui possède un emploi ne s’assure pas seulement la possibilité de payer son loyer, sa nourriture, ses vêtements etc. Il cotise généralement à l’assurance-chômage, qui lui permet de recevoir un certain montant d’allocations lors des périodes sans emploi, évitant ainsi la dépendance à l’égard de l’assistance publique ou de la charité individuelle. On peut par ailleurs remarquer qu’aujourd’hui, le fait d’être au chômage n’est pas seulement vécu comme un problème économique, mais comme un problème psychologique, dans la mesure où le chômeur est renvoyé à l’image socialement dégradée de celui qui dépend de la contribution des autres pour survivre : indépendance et image de soi sont liées. Ainsi, le travail en tant qu’emploi rémunéré permet à l’individu de renforcer son indépendance à l’égard des autres individus, ce qui lui permet de chercher à satisfaire ses propres désirs plutôt que de devoir satisfaire les désirs de ceux dont il dépend, ce qui lui permet de construire une image de lui-même fondée sur une appartenance légitime, justifiée à la communauté à laquelle il appartient.

        Enfin, le travail permet la découverte et le déploiement des capacités humaines en tant que talents, c'est-à-dire comme capacités au sein desquelles l’identité de l’individu se manifeste et se développe. L’utilité du travail n’est pas seulement sociale : le travail est également ce qui me permet de produire des biens ou des services que je considère comme utiles, légitimes. Travailler, ce n’est pas seulement produire pour satisfaire la demande des autres : c’est également participer moi-même à la réalisation d’activités qui me semblent pertinentes et légitimes. Par ailleurs, travailler, ce n’est pas seulement réaliser une tâche en appliquant à la lettre des techniques préétablies. Travailler, c’est également inventer de nouvelles « manières de procéder », de nouvelles techniques = innover, créer des œuvres originales et inédites création artistique. Travailler, ce n’est donc pas seulement obéir à des règles, c’est aussi créer de nouvelles règles que j’ai moi même choisies, trouvées, développées. Un enseignant n’est pas seulement un individu qui « produit du cours » pour satiafire contre rémunération une demande sociale de formation. C’est et ce doit être un individu pour lequel le fait de participer à l’émancipation intellectuelle de ses élèves apparaît comme une activité sensée, légitime. Par ailleurs, un artisan n’est pas seulement un « homme-machine » qui sait produire des objets : en tant qu’artisan, il possède toujours une « manière de faire », une « façon de procéder » qui le distinguent d’une simple machine : son style est la marque de son identité dans sa fabrication. Le travail ne permet pas seulement le développement des facultés : il permet aussi l’épanouissement de la créativité de l’homme, la découverte et l’affirmation de ce qu’il est de façon originale : le travail devient alors un moyen de se réaliser en réalisant son œuvre.

        Nous avons ainsi indiqué trois dimensions du travail par lesquelles il pouvait développer la liberté de l’homme en lui permettant d’affirmer son humanité en tant qu’être autonome, d’obtenir son indépendance liée à l’image de soi et de se réaliser dans une activité qui correspond à son identité. En ce sens, on comprend que le travail puisse être posé comme un droit, puisqu’il constitue une condition de la liberté : la notion de « droit au travail » même dans son sens actuel de non-interdiction de travailler se trouve donc ici légitimée. Mais il est évident que tout travail n’est pas susceptible de jouer ce rôle libérateur. Pour prendre un exemple radical, le travail à la chaîne ne permet ni le développement de la rationalité, ni la constitution d’un patrimoine permettant d’échapper à la domination des employeurs, ni la découverte des talents individuels et singuliers. Ce qu’il nous faut donc déterminer, ce sont les conditions que le travail doit satisfaire pour pouvoir jouer ce rôle libérateur.

        Deuxièmement, Les conditions auxquelles le travail est un facteur de liberté.

        Les relations de travail représentent un danger pour la liberté humaine dans la mesure où elles peuvent contredire le respect de ce besoin fondamental qu’est pour l’homme la reconnaissance de sa liberté, de son autonomie. Si ces relations ne sont pas régies par un droit garant du respect des libertés. Les relations de travail reposent sur une division du travail qui implique des rapports hiérarchiques : or toute hiérarchie implique le danger d’une radicalisation du « supérieur » en « dominant » si ce dernier abuse des prérogatives qui lui sont conférées : c’est l’abus de pouvoir.  Ainsi, un supérieur hiérarchique pourra tenter d’utiliser son pouvoir sur l’un ou l’une de ses subordonnées pour obtenir des avantages qui n’ont aucun rapport avec le travail lui même : c’est notamment le cas du harcèlement. Nous avons par ailleurs vu que, selon Robespierre [ou Marx], dès qu’un individu a besoin de travailler pour survivre, des rapports de domination peuvent s’établir entre lui et celui qui peut décider de lui donner ou non un travail. Le caractère hiérarchique des relations de travail implique un risque de domination : ce risque doit donc être combattu à l’aide de règles obligatoires, dont la violation pourrait entraîner sanction : c’est l’une des principales fonctions du code du travail, qui limite les relations de « pouvoir » entre individus en les soumettant au principe de respect des libertés individuelles. C’est ce qu’illustrent notamment les droits syndicaux, qui garantissent par exemple que les libertés de pensée et d’expression seront respectées au sein des organisations.  

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