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Les Frontières au Moyen Orient

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i font défaut à l’Europe.

- Le Moyen-Orient est aussi une région empreinte d’histoire et d’enjeux culturels. C’est effectivement le berceau des trois grandes religions monothéistes fondatrices (le judaïsme, le catholicisme ainsi que l’islam). Les principaux lieux saints s’y trouvent : la Mecque, Jérusalem…

- D’autre part, la présence des ressources naturelles précieuses constitue aussi un attrait majeur de la région. Le rôle capital du pétrole commencera en 1914, se poursuivra tout au long du conflit, et se prolongera jusqu’à nos jours. L’agriculture, les hydrocarbures et la richesse en matières premières demeurent également un enjeu géopolitique.

1) Les aspirations britanniques

A l’aube du premier conflit mondial, une pensée selon laquelle l’Empire Ottoman, alors devenu vacillant, et les « grands » d’Europe pourraient trouver un intérêt mutuel à s’allier émerge. Ainsi, en août 1914, Enver Pacha parvient à entériner un accord avec Berlin, qui prévoyait principalement une opposition contre la Russie – celle-ci aspirant à une annexion de l’Anatolie. La menace russe et l’engrenage des alliances poussa l’Empire Ottoman à entrer en guerre, avec l’accord du sultan Mehmed V. L’alliance avec l’Allemagne était considérée à l’époque comme un pilier essentiel des relations que l’Empire pouvait entretenir avec le monde. Ainsi, l’influence allemande en territoire ottoman était prépondérante ; tant en termes d’éducation, que de formation et d’équipement militaire. Pour les Britanniques, cette alliance signifiait un basculement ottoman dans le camp ennemi, dès lors ce sont leurs propres intérêts qui ont commencé à primer sur l’intégrité territoriale de l’Empire.

De façon à ne pas s’aventurer dans la guerre contre l’Empire à l’aveuglette, le premier ministre Britannique nomma comme Secrétaire à la Guerre, Lord Kitchener – un expert du monde arabe et musulman. Celui-ci, après avoir cerné les zones sensibles qui pourraient éventuellement se transformer en poudrière lors du conflit, proposa au Chérif Hussein de La Mecque de s’allier à l’Angleterre, dans le but de créer un contre-pouvoir musulman assez crédible pour stopper l’appel du sultan à une guerre sainte, dirigée contre les puissances Européennes. Ceci constitua le premier acte de courage politique britannique.

La réflexion quant aux objectifs politiques de la Grande-Bretagne se poursuivit durant la commission Bunsen. Les Anglais concluent qu’ils se doivent de consolider leurs acquis diplomatiques dans ces régions de façon à conserver leurs intérêts économiques (commerce, pétrole, exploitations agricoles, et routes maritimes). D’autre part, dans un souci essentiellement géostratégique, la Grande-Bretagne installe une base à Haïfa de façon a être à même de protéger la région d’une éventuelle attaque russe. Cependant, dans l’idée d’éviter tout différend avec la Russie qui aurait pu s’avérer fatal pour l’ordre mondial, la commission Bunsen propose que les Lieux Saints soient internationalisés et que la zone britannique ne jouxte pas celle de la Russie. En fait, la Grande-Bretagne aspirait clairement à un affaiblir l’Empire de l’intérieur pour qu’il se démantèle. Pour ce faire, elle établit une répartition de zones d’influence, en allant jusqu’à s’appuyer sur les Arméniens qui subissait un génocide orchestré par l’autorité turque.

Cependant, le gouvernement britannique, occupé à faire des plans d’avenir pour pouvoir tirer le plus d’avantage de l’effondrement de l’Empire ottoman, dut faire face à des échecs inattendus parmi lesquels : l’expédition des Dardanelles, et le débarquement franco-britannique sur la péninsule de Gallipoli (1915).

Une alliance avec les Arabes apparaît de plus en plus urgente et indispensable, d’où la célèbre correspondance Hussein/Mac-Mahon que Hussein engagea le 14 juillet en exprimant son désir de conclure une alliance avec les Anglais. Cependant, Mac-Mahon demeure évasif, ce qui sous-entend qu’il ne désire pas d’engagement qui contrecarreraient les intérêts directs de la Grande-Bretagne. Face à l’insistance pressante de Hussein, et au risque que celui-ci ne se range avec les Turcs Mac-Mahon répond au questionnement du Chérif en lui donnant son avis sur les frontières du territoire que celui-ci revendique. Il annonce aussi clairement qu’il soutiendra l’indépendance des Arabes à l’intérieur de ce territoire. Cette correspondance s’achève sur un bilan mitigé, vu que le Chérif continua à jouer un double jeu : il maintint ses contacts dans l’Empire ottoman et continua de tenter d’obtenir que les Britanniques cèdent sur ce qu’il n’avait pas obtenu.

2) Les velléités françaises

Bien que moins calculatrice la France n’était pas désintéressée de la situation du Moyen-Orient. Elle entretenait des relations avec les chrétiens libanais, et voulait défendre les dispositions économiques qu’elle s’était octroyée en Syrie. Cependant ces questions n’étaient pas prioritaires comparées aux relations qu’elle devait entretenir avec le Maghreb, l’Afrique francophone, l’Indochine, et surtout, avec l’Allemagne.

Mais pour la France, l’idée de démanteler définitivement l’Empire ottoman était plus qu’attrayante car elle sous-entendait une implantation durable dans les régions riches du Moyen-Orient. Cette idée est fortement véhiculée par l’Eglise qui avait développé un attachement tout particulier à cette terre orientale. Elle s’appuyait comme les Anglais sur le génocide Arménien perpétré par les Turcs, ainsi sur des actions éducatives, caritatives et religieuses. Beaucoup de figures clefs se rallièrent à la cause (Poincaré, Herriot, Briand, Franklin-Bouillon) et le sénateur Flandin rédigea un manifeste en 1915 pour légitimer officiellement les revendications françaises sur la Syrie. D’autres diplomates aspirent même à d’importants gains territoriaux. Ainsi, la France doit négocier avec la Grande-Bretagne un compromis sur la répartition des territoires en fonction des intérêts de chacune des grandes puissance coloniales. Sans surprise, la France revendique la Syrie ainsi que la Jordanie et la Cilicie, et la Grande-Bretagne de son côté veut s’installer dans la région de Bassora.

3) La nécessité d’un compromis

C’est avec les accords Sykes-Picot de 1915-1916 entre la France et la Grande-Bretagne que l’on détermine deux natures de zone différentes : celles de contrôle direct, et celles dites d’influence. L’Angleterre occupera ainsi la basse Mésopotamie, et la France, les littoraux syriens et libanais. Cependant le traité ne réglemente pas vraiment l’organisation politique des zones d’influence, ce qui autorise le Royaume-Uni à continuer de nourrir ses aspirations d’expansion dans le monde arabe. Le sort de la Palestine est tel qu’il la laisse entre les mains d’administrations internationales. La France, cependant, est considérée comme trop exigeante : François Georges-Picot exige la « Grande Syrie », la Cilicie, le Kurdistan ottoman et la région pétrolifère de Mossoul. Les Britanniques s’y opposèrent farouchement d’une part parce que cela allait à l’encontre des demandes du Chérif de la Mecque, et d’autre part, parce qu’ils jugeaient que leurs intérêts étaient bafoués. Finalement, les Anglais négocièrent Haïfa, ce qui leur offrait un débouché sur la Méditerranée orientale et complétait l’avantage offert par l’acquisition de Bassora.

Les négociations s’achevèrent en Italie, car celle-ci avait tardé à déclarer la guerre à l’Empire ottoman.

Il était donc devenu indispensable que la France amende les accords Sykes-Picot. Ainsi, dans un entretien pour le moins mystérieux de décembre 1918, Clémenceau et Lloyd George se mirent d’accord. Cette brève entente fut déterminante pour l’avenir des frontières et celui de l’équilibre politique du Proche-Orient. Elle modula le devenir des minorités ancrées dans la région en en redessinant une carte géopolitique.

B. DES INFLUENCES SECONDAIRES

Les Etats-Unis ont bien entendu exercé une influence sur la question des frontières du

Moyen-Orient. C’est d’ailleurs ce qui rompt avec la pratique de la tradition isolationniste américaine. Effectivement, en 1919 – après les premières tensions arabes/sionistes –, à la demande du président Wilson, Henri King et Charles Crane rédigent un rapport (le rapport King-Crane) dans lequel ils soutiennent l’unité des peuples arabes. Les frontières proposées pour la Syrie sont différentes, et un soutien aux nationalistes libanais est prévu. D’autre part, la création d’un Etat Juif en Palestine n’est pas nécessairement encouragée à cause de l’atteinte que cela porterait aux droits de l’Homme.

La Russie cherche également à exercer une influence sur la redéfinition des frontières du Moyen-Orient. Dans la mesure où celle-ci a toujours cherché (et cherche toujours) un accès aux mers chaudes, elle essaie de gagner en influence à l’intérieur de l’Empire Ottoman, pour participer à son effondrement.

C. LES NATIONS INCERTAINES CRÉES PAR LES OCCIDENTAUX

Une nation se définit par un ensemble de personnes vivant sur un territoire commun, conscient de son unité historique et/ou culturelle, et qui

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