Peut-on désirer le changement ?
Dissertation : Peut-on désirer le changement ?. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar yohan132 • 26 Janvier 2021 • Dissertation • 1 795 Mots (8 Pages) • 507 Vues
L’Homme en tant que sujet est articulé par des sentiments et des émotions plus ou moins intenses, telles que la peur, la joie, l’angoisse ou encore l’amour. Ce sentiment de tendance orienté vers un objet appelé désir, se présente à nous comme la source possible de satisfaction et de plaisir, qui se manifeste généralement par un sentiment de manque. Mais, ne confondons pas désir et besoin qui, même relevant de l’expérience du manque, se différencie par la nécessité et la nature de l’action. L’Homme désire sans cesse, sans aucune distinction entre bon et mauvais. Le changement, lui, est souvent à la base de l’évolution. On passe d’un état à un autre, et ainsi de suite, jusqu’à obtenir la meilleure version possible de nous-même. Par nature, l’Homme désire sans cesse le changement, il n’est jamais totalement satisfait, et cherche constamment à devenir la meilleure version de lui-même dans le but d’améliorer ses conditions. Pourtant, dans une conception antique du désir, ce dernier ne représenterait qu’un manque d’une chose perdue dans le passé, si ce n’est une vie antérieure. Tous nos désirs ne seraient que le fruit d’une volonté incessante de combler cette perte, et ce manque. Dans une conception du désir tournée vers le passé, est-on réellement en mesure de désirer le changement ? Existe-t-il alors d’autres conceptions du désir ou le changement serait envisageable ? Pour y répondre, nous commencerons par aborder les conceptions du désir empêchant tout changement, puis celles qui au contraire ouvre la porte au changement, avant d’expliquer dans quel mesure le changement posait problème pour y apporter une solution.
Les fondations du désir ont été fait sous la conception d’un manque. Un manque qui provoquerait en nous des désirs insatiables. Deux mythes ont fondé le désir comme la recherche d’un manque.
D’abord, dans le « Banquet », à travers le mythe de la naissance d’Eros, Platon nous expose sa propre conception du désir. Ce dernier peut être définie « entre les dieux et les mortels ». Diotime, prêtresse de Mantinée, raconte qu’Éros est fils de Poros, dieu de la Richesse, et de Pénia, déesse de la Pauvreté. Éros incarne l’ambiguïté du désir : « Il n’est par nature ni mortel ni immortel ; mais dans la même journée, tantôt il est florissant et plein de vie, tant qu’il est dans l’abondance, tantôt il meurt, puis renaît, grâce au naturel de son père. (…) » De ce mythe, on retient qu’entre la plénitude et le manque, l’opulence et le dénuement, le désir symbolise une recherche perpétuelle et interminable. Eros n’est jamais comblé, dès qu’il obtient une chose, le contraire lui manque, il la désire alors, et quand il la retrouve, c’est l’inverse. Il ressent un manque sans fin dans un cercle interminable.
Certains philosophes vont plus loin, et désigne cette recherche d’un manque insatiable tourné vers le passé, notamment à travers « une moitié perdue ».
Au sens étymologique du terme, le désir renvoie précisément à la nostalgie d’une étoile. Le désir témoigne d’un manque profond au sein de notre existence, nous sommes censés avoir perdu notre étoile, et nous cherchons à combler ce manque. Effectivement, il suffit de continuer la lecture du « Banquet », où Aristophane donne sa conception du désir à travers l’amour dans le récit lié au mythe des Androgynes. Il développe alors le fait que les êtres humains recherchent leur moitié, soit celui ou celle qui leur manque pour être complet. On peut citer : “le désir est l’expression d’un manque”. Ce mythe est assez particulier puisqu’à l’origine il provient d’un être hybride que l’on a séparé en deux. En effet « un androgyne était formé de deux êtres de sexes opposés couplés ensemble. Deux êtres en un seul ». Ces Androgynes siamois accédaient à une telle jouissance à deux qu’ils en oubliaient de rendre le culte aux dieux, et arriva même un jour où les Androgynes voulurent « défier les Dieux, et notamment Zeus ». C’est pour cela que les Dieux décidèrent de les punir en les « séparant en deux êtres distincts ». Depuis ce jour, il existe des hommes et des femmes distincts, mais nous ressentons toujours le manque de cet être perdu selon Aristophane. Cette idée est toujours d’actualité, l’exemple le plus flagrant est celui du nouveau-né séparé de sa mère à la naissance. Ce bébé aura passé 9 mois lié totalement à sa mère, il ne manquera de rien, entouré et enveloppé par le placenta, il recevra tout en quantité nécessaires, il est en parfaite harmonie avec la mère. Quand le cordon ombilical est coupé, le nouveau-né pleure et ressent tout de suite le manque, il désire retrouver son passé. Le désir est alors un regret.
En effet, les mythes d’Eros et d’Androgyne émettent une conception du désir tourné vers le passé comme la recherche d’un manque, que ce soit le manque d’un être ou simplement une insatisfaction de la vie. C’est une conception du désir qui paraitrait la seule dans la mesure où nous désirons toujours ce que nous n’avons pas car elle nous manque, jusqu’à ce que nous l’ayons puis nous désirons encore autre chose. Dans ce cas, le désir du changement paraît incohérent. Nous désirons quelque chose de passé alors que le changement se porterait plutôt dans le futur, cette conception du désir ne permet donc pas de désirer le changement.
Cependant, il ne faut pas se limiter à une seule conception du désir. Il en existe beaucoup d’autres, qui ne sont pas basées sur un manque perpétuel et permettent d’envisager un changement éventuel dans le futur.
Une conception assez unique serait celle de Spinoza, il émet dès le début de son œuvre « Étique » une opposition à Platon : « le désir n’est pas manque ». Pour Spinoza considérer le désir simplement comme un manque, ce serait cacher la puissance d’être du désir. C’est pourquoi il rajoute « Le conatus désigne l’effort de toute chose, autant qu’il est en elle, à persévérer dans son être. ». Une chose devient désirable seulement lorsqu’elle nous permet d’augmenter notre capacité et notre pouvoir à penser, c’est une véritable puissance, c’est « l’essence de l’homme ». L’homme est par nature une puissance d’exister, il veut persévérer dans son être et exister encore plus, il aspire à une meilleure condition car n’est jamais satisfait de la sienne. Nous désirons alors ce qui nous permet de progresser. C’est pourquoi à travers cette conception Spinozienne, nous pouvons désirer le changement, c’est par le changement que nous pourrons persévérer dans notre être. Nous désirons le changement, car nous désirons mieux encore pour nous même.
De plus, certains auteurs rejetant toujours
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