Pouvons-nous nous fier aux apparences ?
Fiche : Pouvons-nous nous fier aux apparences ?. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Emilie Bourgois Denis • 17 Octobre 2022 • Fiche • 1 363 Mots (6 Pages) • 342 Vues
Pouvons-nous nous fier aux apparences ?
Chacun sait que celui qui erre dans le désert à la recherche d’une source susceptible d’étancher sa soif, croit voir non loin de lui une oasis. Il ne s’agit pourtant que d’un mirage, d’une illusion d’optique qui le conduit à voir proche ce qui est pourtant très éloigné. Les apparences sont souvent trompeuses et leur accorder crédit peut nous coûter fort cher. Aussi, pouvons-nous nous fier aux apparences. Ne sont-elles pas que des simulacres de la réalité qui nous éloignent, d’une part de la connaissance, mais aussi de l’action juste. Ainsi, les apparences sont-elles vraiment ce dont il faut nous garder ou bien au contraire, ne peuvent-elles pas devenir des auxiliaires précieux dans la recherche de la vérité ? L’opinion commune se représente toujours l’apparence comme néfaste, puisqu’elle trompe…Mais l’apparence n’est-elle pas que ce qu’elle est ? Ne nous appartient-il pas de lui faire confiance….ou pas ? Comment savoir ? Ne s’agit-il pas ici de se livrer à une généalogie de la confiance ?
Socrate n’avait-il pas raison qui prétendait que la connaissance ne pouvait porter que sur l’Etre ? Seule la connaissance de ce qui est peut nous permettre de dire la vérité. L’esprit est, par nature, capable d’atteindre la vérité, mais c’est sans compter la force qui nous en éloigne et nous soumet aux apparences. Cette force prend des formes multiples, mais elle s’enracine dans notre existence incarnée. Nous avons un corps et se corps ne juge pas. Il est gouverné par le désir qui conduit chacun d’entre nous à prendre les apparences pour la réalité. Ainsi, celui qui erre dans le désert voit effectivement l’oasis toute proche. Il ne voit pas ce qui est mais ce qu’il croit être…Les apparences se jouent de nous et nous peinons à nous affranchir de la domination qu’elles exercent sur nous.
Dans l’allégorie de la caverne, Livre VII, République, Platon nous décrit la condition de l’homme, selon qu’il est ignorant ou pas. Ainsi, des prisonniers sont enfermés au fond une caverne, enchaînés par le cou et les membres, et ils ne peuvent voir que la paroi qui leur fait face. Sur cette dernière des ombres, sont projetées grâce à un feu qui brille sur une hauteur derrière eux. Des statuettes portées par des passants donnent à voir à ces prisonniers leurs ombres. Le fait est que ces prisonniers n’ayant jamais rien vu d’autres que des ombres, identifient ces ombres à la réalité. L’ombre d’une statuette de poule devient la poule, et quand les passants bavardent, le prisonnier accorde la parole à cette statuette. Les prisonniers se fient à ces apparences, et pourtant ces apparences sont trompeuses….S’ils savaient, il n’en serait pas ainsi….
N’ayant jamais vu la réalité, ils croient « à » et « en » ce qu’ils voient. Mais s’ils prenaient connaissance de ce qui se trame derrière eux, ils prendraient la mesure de l’ignorance dans laquelle ils sont tenus. Mais des chaînes les tiennent qui les empêchent de voir, de connaître ce qui est…. Se libérer des chaînes, c’est se libérer des apparences et ne plus croire, ne plus avoir confiance en ce qui se présentait de toute évidence à eux….L’ombre ne disparait pas pour autant…. Elles sont toujours projetées sur la paroi, mais le prisonnier a cessé de leur accorder crédit. Il s’est détourné d’elles, et il prend conscience que la réalité est autre, et ailleurs. Il est toujours étrange de voir des personnes pleurer, se lamenter devant des images cinématographiques, alors que l’histoire est pour une grande part fictive, et que les acteurs font semblant….Là où le désordre du monde, la barbarie, l’ignominie laissent parfois indifférents les hommes, le cinéma engendre chez eux des sentiments, des émotions qui ne reposent sur aucune réalité. L’artiste, dit Platon, s’amuse à nos dépends et nous éloigne de ce qui est, pour mieux profiter du pouvoir qu’il peut exercer sur nous…Mais les apparences sont-elles vraiment toujours trompeuses ? Elles ne le sont pas pour les hommes libres, les êtres éclairés qui ne s’en tiennent pas aux préjugés, aux passions, aux croyances, ou encore à la superstition. Le problème est moins dans l’apparence que dans l’incapacité de l’homme à la percevoir comme telle.
De manière étrange, nous avons recours à des images pour rendre claires des idées difficiles à saisir. Les mythes, les fables, les livres d’images sont autant de moyens d’élever un esprit à la connaissance. Les éducateurs, les parents font confiance aux images pour instruire leurs enfants en matière de morale et de science…Si l’enfant peut être porté par la beauté d’une fable, par les ressorts littéraires sui constituent son mouvement, il n’en est pas moins vrai qu’il sait qu’un corbeau et un renard ne parlent pas. En revanche, il apprend qu’au-delà des apparences, il existe un « quelque chose » qui doit être connu, une morale à l’histoire, dont il lui faudra se souvenir s’il veut vivre dans une société policée. Il ne s’agit donc pas de se fier aux apparences, mais plutôt d’avoir confiance au message que porte la fable. Les apparences peuvent donc être nécessaires pour apprendre la vie, à vivre, et nous pouvons avoir confiance en leur capacité à s’adresser au plus grand nombre.
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