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Raison vs sentiments : une comparaison de la disposition morale des hommes chez Descartes et Rousseau

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Par   •  31 Mars 2023  •  Dissertation  •  2 017 Mots (9 Pages)  •  258 Vues

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                                                         Tighrine Sara

                                           

                                                         Lêtre humain

                                                           

     

    Demi-dissertation (30 %)

   Descartes vs Rousseau

Thème : la bonté

       

                                               

                                                       Département de philosophie

                                         

                                                           Cegep de Victoriaville

   

                                                            Mme Kathleen Hayes

Raison vs sentiments : une comparaison de la disposition morale des hommes chez Descartes et Rousseau[1]

Les conditions par lesquelles nous agissons avec bonté ou de manière conforme à la société mobilisent de nombreuses disciplines. Démystifier les phénomènes par lesquels une personne est en mesure, ou non, de bien agir permet de renforcer ses dispositions, voire de les développer, dans le cadre scolaire par exemple[2]. Chez les modernes, deux visions s’affrontent sur le sujet. D’un côté, nombreux sont ceux qui font reposer sur la raison la faculté d’orienter les actions vers ce que l’on juge bon ou utile. Cela implique de pouvoir se comporter volontairement en fonction de ce que l’on juge convenable. De l’autre, certains sont d’avis que les êtres humains sont fondamentalement motivés par leurs sentiments, et que c’est en travaillant sur cette dimension sensible de l’individu que nous avons une portée d’intervention. Cependant ni le conditionnement, ni l’éducation, ni même la médecine n’arrivent épuiser les réponses à la question qui mérite alors d’être posée : qu’est-ce qui rend l’homme bon ? Descartes répond que c’est par la raison que l’être humain est en mesure d’agir sur son corps, malgré les passions qui l’habitent, et ce, grâce au libre-arbitre de sa volonté. Rousseau pense au contraire que la raison est une faculté non naturelle de l’être humain se développant en société, qui corrompt le sentiment naturel de pitié et qui rend les hommes indifférents envers autrui. Nous allons exposer les points de vue de ces deux auteurs, puis trancher la question avec nos propres arguments[3].

René Descartes (1596-1650), scientifique et philosophe français, est considéré comme le père de la philosophie moderne, ayant permis à l’Europe de sortir de la crise sceptique dans laquelle l’avait plongée la redécouverte des textes anciens à la Renaissance. Cela eut pour effet non seulement de chambouler la conception chrétienne du monde qui faisait alors autorité, mais également de repenser la manière de concevoir l’être humain à partir de l’expérience du sujet. Affrontant la possibilité de douter de tout, Descartes développe une méthode qui permet d’établir la preuve d’une première certitude, celle de son existence en tant qu’esprit, ce qui servira de base à sa conception dualiste de l’être humain, conçu comme l’union de deux substances : le corps et l’esprit. Cela lui permettra de soutenir la thèse que c’est grâce à la raison et à la volonté d’agir en fonction d’elle, que l’être humain est en mesure de limiter l’effet des passions et de se comporter selon ce qu’il juge bon. Pour parvenir à cette position, Descartes procède d’abord à l’examen de ses idées, afin de déterminer lesquelles sont sujettes au doute. C’est en mettant à l’épreuve la fiabilité des deux fondements de ses idées que sont les sens et la raison qu’il procède à cet examen, envisageant l’hypothèse que l’expérience sensible soit l’objet d’un rêve et qu’un malin génie trompe l’usage de sa raison, de sorte qu’aucune de ses idées, qu’elles soient sensibles ou rationnelles, ne soient vraies avec certitude. C’est dans ce doute absolu sur l’ensemble de ses idées que Descartes établit un premier constat, à savoir qu’il existe, car si un malin génie le trompe, il ne pourrait faire en sorte de jeter le doute sur sa propre existence, trompant forcément quelque chose qui existe : sa pensée, donc lui-même en tant que sujet de cette pensée : « […] après y avoir bien pensé, et avoir soigneusement examiné toutes choses, enfin il faut conclure, et tenir pour constant que cette proposition : Je suis, j’existe, est nécessairement vraie, toutes les fois que je la prononce, ou que je la conçois dans mon esprit[4] ». Cette vérité est celle de la conscience qui accède à elle-même et se découvre comme chose pensante : en réfléchissant, on se confirme qu’il existe en nous l’activité de la pensée. Par la raison, l’être humain est donc capable d’agir indépendamment de son corps, c’est-à-dire au-delà de ses passions. C’est en cela que consiste la liberté pour Descartes, qui se conçoit comme une volonté d’agir propre au sujet, et qui le distingue des animaux, lesquels sont déterminés par leur corps. Une confirmation additionnelle de la liberté vient lorsque Descartes se demande d’où provient l’erreur dans les jugements humains. Le raisonnement est le suivant : après avoir évacué l’hypothèse du malin génie, Descartes est certain que l’entendement, venant de Dieu, est fiable. Or, les humains font des erreurs de jugement constamment. Il doit donc y avoir une cause humaine dans ces erreurs, que Descartes appelle l’écart entre la volonté et l’entendement. Cette dernière est la capacité illimitée de désirer et de choisir, y compris des choses qui dépassent notre entendement, c’est-à-dire notre faculté à comprendre les choses. C’est justement la source de l’erreur : nous voulons juger des choses que nous ne connaissons pas. Nous avons donc, dit Descartes, la liberté de nous tromper, mais également de bien agir. Par conséquent, l’être humain est bon s’il agit en fonction de sa raison et non de ses passions[5].  

Jean jacques Rousseau (1712-1778), grand philosophes des lumières françaises, sa philosophie constitue un grand édifice moral et politique. De Émile jusqu’à contrat social, Rousseau donne sa vision de l’humanité, telle qu’elle devrait être et non telle qu’elle est. La nature humaine c’est ce que l’Homme est indépendamment des modifications qu’il a subi via différents facteurs de la société au cours de sa vie.  L’État de nature est un état antérieur, avant la socialisation. La notion de bonté humaine est liée à la religion chrétienne, selon laquelle l’homme n’a pas été créer pécheur mais il a péché après sa création, au cours de son histoire. Rousseau ne remet nullement en cause l’histoire en générale, mais il remet en cause une histoire qui aurait ou être. Pour Lui l’être humain est originellement bon, de même que son comportement relève de cette bonté. Il pose l’hypothèse de l’état de nature, qui est une hypothèse purement théorique afin de montrer les causes du malheur de l’homme. Cela reste hypothétique car l’état de nature n’a pas existé car les primitifs eux même était sociaux. Ici la bonté de l’être humain est liée à sa capacité naturelle d’avoir de la pitié. Pour lui c’est le fait que l’être humain est passé de l’état de nature a l’état social qui la rendu mauvais car cela a fait en sorte que sa raison étouffe et diminue sa capacité d’avoir pitié en l’autre. Ceci s’explique par le fait que souvent la raison qui s’est développée seulement lors du passage à l’état social, prends le dessus sur la pitié. Ce, dans notre intérêt, c’est la notion d’amour propre. Un amour de l’humain envers lui-même, qui lui cause tous les maux. Pour Rousseau l’amour propre, est un sentiment mauvais, né de la réflexion et de la comparaison que l’homme a développé dans l’état social. Tandis que l’amour de soi, est un sentiment naturel et bon qui est l’origine de toutes la affections et la pitié.

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