Si c'est un homme, Primo Levi
Commentaire de texte : Si c'est un homme, Primo Levi. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Éryka Dunn • 1 Mai 2019 • Commentaire de texte • 1 045 Mots (5 Pages) • 978 Vues
L’ouvrage Si c’est un homme de Primo Levi est un témoignage poignant sur sa survie dans un camp de concentration en tant que juif italien. C’est une plongée dans l’horreur quotidienne et la déshumanisation de l’homme à Auschwitz où il est plongé dans l’angoisse et la peur quotidienne, mais aussi dans la nécessité de survivre et de de tenter de garder une trace d’humanité. Cependant, il est vrai que garder son humanité dans ce genre de situation peut s’avérer compliqué voir même impossible. Dans ce cas, l’état des prisonniers du camp décrit par Primo Levi ressemble-t-il plus à l’état de nature de Hobbes ou à l’état de société de Rousseau ? À travers certains éléments pertinents de l’état de nature et des ressemblances différences que cette conception a avec la situation décrite dans l’ouvrage de Levi, je vous prouverai que l’état de nature de Hobbes est dominant concernant l’attitude des détenus.
L'état de nature représente ce que serait l'homme en l'absence de tout pouvoir politique et par conséquent de toute loi. Tout d’abord, la conception hobbesienne de l’état de nature est celle d’un état de guerre de tous contre tous, « l’homme y est un loup pour l’homme »[1]. En d’autres mots, chez Hobbes, l’homme est prêt à tuer sans scrupule pour sa survie. De plus, ils y sont égaux non en ce qu'ils possèderaient mais parce que chacun peut revendiquer sur tous les autres une supériorité. D'autre part, tous les hommes ont les mêmes besoins et une volonté égale de les satisfaire. Alors, l’égalité conduit à la guerre de chacun contre chacun puisque même l’homme le plus faible pourrait avec de la ruse l'emporter sur le plus fort. Chacun est donc persuadé d'être capable de l'emporter sur autrui et n'hésite pas à l'attaquer pour lui prendre ses biens. Des alliances temporaires se nouent pour l'emporter sur un individu, mais à peine la victoire est acquise que les vainqueurs se liguent les uns contre les autres pour bénéficier, seul, du butin. Ceci explique pourquoi cette égalité se change naturellement en sorte de rivalité. C’est l’idée de la mort qui angoisse l’homme et qui par conséquent cause l’état de nature. Pour Hobbes, l’avidité, la possession et le pouvoir sont les passions humaines déterminantes sur la conduite humaine.
L’une des ressemblances entre l’état de nature et l’attitude des prisonniers c’est qu’au camp, toutes les valeurs morales sont inversées ; l’homme que l’on admire, c’est « l’organisator », c’est celui qui a réussi à se débrouiller en usant de ruse et bien souvent, en écrasant les autres. Le devoir de solidarité est totalement mis de côté. En effet, au camp, les appels à l’aide sont rarement entendus car les détenus sont trop préoccupés par leur propre survie, ne se préoccupant pas de la souffrance de l’autre. Par exemple, au chapitre 16, lors de la pendaison de l’un d’entre eux, personne ne réagit. De même, lors de la sélection d’octobre 1944 au chapitre 13, Primo Levi ne ressent aucune émotion sur le moment en pensant qu’un autre a été pris par erreur à sa place. Dans ce genre de contexte qui ressemble très grandement à l’état de nature, l’état de guerre, la maladie et la mort de l’autre peut même devenir une chance, qui permet de se procurer des vêtements, des chaussures ou de la nourriture. L’auteur, au chapitre 16, écrit « Détruire un homme est difficile, presque autant que de le créer : cela n’a été ni aisé, ni rapide, mais vous y êtes arrivés, Allemands ». L’être humain est caractérisé par le fait d’être touché par la souffrance ou la mort d’autrui, se traduisant par de la pitié, mais à l’intérieur du camp, il n’y a aucune pitié, autant de la part des soldats allemands que des détenus. Pour bien illustré ce dire, lors de l’arrivée au camp, les premiers coups ne sont pas donnés par les soldats allemands, mais bien par les plus anciens détenus dont on attend un minimum d’aide. Fait très particulier, les soldats allemands interviennent peu dans les événements et la plupart des agressions sont commises le plus souvent par les autres prisonniers dans le but d’obtenir un certain prestige ou repousser leur mort. Toutefois, ce qui marque dans certains passages c’est la force de ces hommes qui savent que la mort les attend au bout, mais qui se raccrochent encore à quelques petites choses qui font encore d’eux des êtres humains. Il existe un besoin vital de ne pas sombrer totalement dans la bestialité et de conserver une part d’espoir aussi minime soit-elle pour rester soi-même. Par exemple, à la fin du livre, Primo Levi dit qu’il se sent plus humain, grâce à deux français, Charles et Arthur, qui ne se préoccupent pas que d’eux-mêmes : « J’écoutais Arthur avec passion qui racontait les dimanches de Provenchères dans les Vosges, et Charles pleurait presque quand j’évoquai l’armistice en Italie ». Les hommes les écoutaient parler alors qu’ils ne comprenaient même pas leur langue. Cette attitude de la part des prisonniers du camp se rapproche davantage de la conception de Rousseau, soit l’état de société, et est donc une différence entre la conception de Hobbes et la situation décrite ici.
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