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Averroès et maïmonide, deux destins parallèles

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Par   •  1 Avril 2017  •  Dissertation  •  2 398 Mots (10 Pages)  •  1 003 Vues

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Averroès et Maïmonide, deux destins parallèles.

La philosophie du Moyen Age est indissociable de la religion. La croyance en Dieu, en un Dieu révélé, est une constante qui anime tous les débats, qu’ils soient littéraires ou scientifiques.

Dans cette période complexe, troublée et en permanente instabilité, qui va de la chute de l’empire romain au siècle des Lumières, du Vème au XVIII ème siècles, des hommes éclairés vont œuvrer à la construction d’une humanité de plus en plus consciente de sa liberté ; d’une humanité toujours en devenir, sur les bases « anciennes » d’une réflexion sur l’homme et sa finalité.

L’Homme est mortel. Seul, il en a conscience ! Et cette spécificité l’éloigne chaque jour un peu plus de son état naturel, animal. Mais sans pour autant le rapprocher de ses fins.

Nous, FF MM de REAA, sommes persuadés que le but de l’homme – notre but – nous est inconnaissable et que ce qui compte, c’est le chemin que nous parcourrons.

L’Homme est par nature un animal politique, disait le vieux philosophe Aristote.

L’Homme, les hommes, auraient donc un penchant « naturel » à vivre en communauté. Là ne réside pas notre faiblesse, mais notre force ! Et c’est cette faculté «naturelle » de l’Homme qui constitue la cause première poussant chacun de nous à tenter de comprendre et, ainsi, à accepter l’Autre dans ce qu’il a de fondamentalement différent de soi.

Alors, pourquoi les guerres, les conflits, pourquoi les crimes, pourquoi l’égoïsme, la bétise, la vanité. Pourquoi la peur,……. Plutôt que la Paix, l’Amour et la Joie. Cette Paix, cet Amour et cette Joie que nous appelons de tous nos vœux à la fin de nos tenues.

Là sont les raisons premières de mon intérêt pour une période de l’histoire où tout bascule; où l’héritage philosophique grec parviendra en Europe occidentale après avoir prospéré pendant 12 siècles sur les bords de la mer de Corinthe, de la mer Egée et de l’Adriatique, puis dans le croissant fertile entre le Tigre et l’Euphrate, sur les rives de la Méditerranée orientale et enfin dans le Maghreb l’Italie du Sud et l’Espagne.

Quelques repères historiques :

Aristote est né en 384 avant JC dans la ville de Stagire, ce qui lui donnera ce surnom de stagirite. Après avoir suivi l’enseignement de Platon, il s’en éloignera et fondera le Lycée à Athènes.

A la dimension transcendantale platonicienne des IDEES préexistantes, il substituera celle, immanente, de la SUBSTANCE. Le monde des idées platonicien est pour lui une erreur : toute chose contient, en elle-même, son essence. Et l’essence de toute chose est indissociable de sa forme. Elle ne pré existe pas ; elle est en puissance et se réalise par sa forme.

Cette différence fondamentale de point vue ontologique entre les thèses platonicienne et aristotélicienne sera pendant des siècles au centre des controverses sur la nature de Dieu, de la Matière et de l’Etre.

Aristote est ainsi le véritable fondateur de la « Méta-physique ». Comme il est le fondateur de la Logique avec son incontournable syllogisme.

La recherche philosophique va se poursuivre en Grèce et dans le monde latin jusque dans les premiers siècles chrétiens. Elle va cependant progressivement être remplacée par la théologie chrétienne.

Au VIème siècle (529), Justinien, Empereur chrétien byzantin, cherchant à reconstituer l’unité de l’empire de Constantin autour de la théologie chrétienne, va mettre un terme définitif à la spéculation philosophique occidentale en fermant l’école d’Athènes.

Les dernier grands philosophes païens néo-platoniciens et aristotéliciens vont se réfugier en Perse Sassanide et à Alexandrie. Le premier phénomène d’interpénétration des communautés, avant l’éclosion de l’Islam apparaît ici : les mazdéistes et Zoroastriens côtoient les chrétiens et les grecs païens, marquant ainsi un mouvement de transfert de la science  - translatio studiorum - de la Rome orientale christianisé – de Byzance -  et réfractaire à la recherche scientifique, vers l’Orient Sassanide, Damas et Bagdad.

Les termes SCIENCE et PHILOSOPHIE recouvrent à cette époque, et jusqu’à ce que le matérialisme vienne les séparer, la même réalité. Parménide, Héraclite, Pythagore, Thalés, Socrate, Paton, Aristote étaient au sens moderne autant scientifiques que philosophes.

A partir de 632 et de la mort de Mahomet, et jusqu’à l’aube du XIIIème siècle, les multiples dynasties musulmanes, au gré de leurs conquêtes, vont véhiculer les écrits du Prophète tout en observant et en développant l’antique science des grecs. Les madrasas et les bibliothèques vont fleurir en tous lieux, de Samarcande à Cordoue, à l’est et au sud de la Méditerranée.

L’occident chrétien va demeurer philosophiquement stérile jusqu’à ce que s’opère un deuxième phénomène d’interpénétration communautaire en Andalousie, une ultime « translatio studiorum » de l’Islam vers l’Europe du Nord qui débutera au Xème siècle pour s’achever à la fin du XIIème siècle.

Ce phénomène primordial ouvrira la route à la première Renaissance, celle du XIIème dans le monde latin.

Deux hommes, deux esprits universalistes, vont marquer cette époque :

AVERROES ET MAIMONIDE

Ibn Rochd et Moïse Ben Maïmon voient le jour tous deux à Cordoue, le premier en 1126, le second en 1138. Douze petites années les séparent. Ils vivront tous deux 70 ans pendant lesquels ils ne cesseront de chercher la vérité, de l’Andalousie au Maroc et jusqu’au Caire en passant par Jérusalem.

Ils éclaireront de leur sagesse l’ensemble du bassin méditerranéen et tenteront, tous deux, à travers leur exégèse des œuvres de Platon et d’Aristote, de réconcilier la religion et la philosophie, …. Dieu et la Science, dirions-nous aujourd’hui.

Notre monde occidental ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui  sans ces deux « Lumières d’avant les Lumières » qui ont su, alors qu’ils vivaient dans une période de conflits permanents, porter ce message des Anciens - de la philosophie grecque - jusqu’à nous.

Parmi les penseurs de terre d’Islam, nul plus qu’Averroès  et Maïmonide n’aura eu autant d’influence sur la culture universelle.

Leur tâche n’est pourtant pas une partie de plaisir : il vivent à une époque, celle des Almohades, l’une des dynasties arabo-andalouses, où la philosophie était elle-même, mise en cause par les institutions, par les pouvoirs civils et religieux. Où les juifs, pour la première fois en terre d’Islam, sont persécutés, exilés ou convertis de force. Où les chrétiens subissent le même sort.

Cette situation n’empêche pas ces deux hommes, en s’appuyant l’un et l’autre sur une connaissance totale de l’œuvre d’Aristote, de maintenir le dialogue intercommunautaire pour, entre autres sujets, défendre l’accord des religions et de la philosophie (Traité décisif, Guide des égarés).

Tous deux philosophes, théologiens et hommes de Loi, en plus de médecins, il n’ont de cesse que de pourfendre les tenants de la lecture « immédiate » de la Thora et du Coran pour prôner l’interprétation et la double lecture des textes saints.

« Si la Loi divine, écrit Averroès, présente un sens extérieur et un sens intérieur, c’est à cause de la diversité qui existe dans le naturel des hommes et de la différence de leurs dispositions innées par rapport à l’assentiment ».

En parlant des Ash’arites et des Mu’tazilites, deux grandes écoles théologiennes orientales, Averroès fait la différence, à l’instar d’Aristote, entre dialectique et démonstration, entre le syllogisme dialectique et le syllogisme de démonstration.

Le syllogisme constitue la colonne vertébrale du Traité sur la Logique d’Aristote. C’est en effet Aristote qui le premier codifiera, formulera les règles du raisonnement logique. Il définira trois niveaux de syllogismes qui seront repris par Averroès. Celui-ci utilisera ces trois niveaux de réflexion logique pour faire comprendre les différences d’attitudes face à l’interprétation du Coran.

En l’occurrence, le principal procès qu’il fait aux théologiens réside dans l’utilisation par ceux-ci de la dialectique pour asservir ceux qu’il appelle « les masses » en les précipitant, je cite : « dans la haine, l’exécration mutuelle et les guerres,… ».

Voilà bien un message qui sonne de façon familière à nos oreilles d’occidentaux du XXIème siècle. Voilà qui nous rappelle les positiuons dogmatiques et intolérantes des Frères musulmans, des juifs orthodoxes et des évangélistes américains.

Maïmonide n’a sans doute pas croisé Averroès à Cordoue qu’il quittera en 1148 alors qu’il n’a que 10 ans. Peut-être l’a-t-il croisé à Grenade dont la bibliothèque accueillait tout cherchant, quelles que soient ses origines ou sa religion. En 1158, à l’âge de 20ans, il suit sa famille en exil à Fès, au Maroc. En 1165, il part pour Jérusalem mais n’y restera pas.

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