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La "parole perdue"

Dissertation : La "parole perdue". Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  24 Juillet 2024  •  Dissertation  •  2 021 Mots (9 Pages)  •  108 Vues

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La « Parole perdue »

Dans le parcours maçonnique, à chaque initiation est présenté un rituel et des symboles nouveaux, incitant à une continuelle remise en question.  Et c’est le symbolisme qui pose ces questions. A chaque symbole nouveau il y a recherche de sens et questionnement nouveau. La Franc Maçonnerie pose des questions par l’utilisation du langage symbolique. À nous d’y répondre. Si les symboles sont comme un langage universel, un ensemble de signes, de codes, malgré tout chacun les perçoit en fonction de son entendement, de sa faculté de raisonnement par analogie et de son état de conscience. Tenter de définir formellement un symbole c'est nécessairement se limiter et donner une signification réductrice. Le symbole n'impose rien, il est une fenêtre ouverte sur l'univers. Ceci s’applique exactement, selon moi, au symbolisme de la parole perdue.

La parole est à la base de la pensée, du raisonnement et permet la mise en relation avec les autres (dialogue). Quelle que soit la langue utilisée, les cultures et les civilisations, la parole manie des mots, des concepts abstraits pour exprimer la pensée, formuler et transmettre des idées,  décrire la réalité et rechercher la vérité. La parole est aussi réductrice car pour connaître, il faut choisir et il y a toujours une déperdition entre ce qu’on veut dire, ce qu’on sait dire, ce que l’autre entend, ce qu’il comprend. Transmises par la parole, les vérités peuvent également être trahies par le langage. Le risque est de passer à côté de l’essentiel, de perdre le sens : c’est bien la signification de la “Parole perdue”.

Apparue au 3ème grade lors de la mort d’Hiram puis à des grades ultérieurs, la Parole perdue est le fil rouge du cheminement maçonnique.  Cette Parole ne cesse d’interroger le Franc Maçon toujours dans le doute. Quelle est cette Parole ? Comment a-t-elle été perdue ? Quelle est sa signification ?

La Parole a été perdue lors de la mort d’Hiram sous les coups des mauvais Compagnons, parce qu’il refusait de livrer un banal mot de passe connu de tous les maîtres. Ce que cherchaient les compagnons, guidés par l’ignorance, le fanatisme et l’ambition, c'était le mot de passe pour accéder au pouvoir non la Connaissance.

Mais Hiram a gardé le secret et emmène avec lui bien plus qu’un mot de passe. Disparaissent avec lui tous les secrets dont il était par ailleurs détenteur. Malgré lui sans doute. En tuant le maître, les compagnons ont occulté la transmission du savoir. Ils ont interrompu la tradition de l'Art Royal.

La parole perdue ne peut être retrouvée et il nous reste le questionnement. Savons-nous ce que nous cherchons ? Ce que nous cherchons existe-t-il ?   Ce qui fut perdu serait-ce cette capacité architecturale de concevoir l’édifice et de terminer l’œuvre ? Est-ce un savoir que seul Hiram possède ? Est-ce une partie d’un mot à prononcer avec d’autres pour qu’il soit complet et efficient ? La parole d’Hiram serait-elle autre chose que celle d’un seul homme ?  

Et si la Parole était un ensemble d’éléments dont la méconnaissance d’un seul entraînerait l’inefficacité du tout ? Un morceau de code en somme, un morceau de symbole.  "Ici, tout est symbole", cette affirmation, répétée au cours de la cérémonie d’initiation maçonnique est chargée de sens, parce qu’elle annonce la valeur de la démarche et la méthode de travail, la recherche du sens au-delà de l’apparence, le sens de notre existence, de notre nouvelle vie depuis notre nouvelle naissance, métempsychose du Maître Hiram, la recherche de la Parole perdue, de la Vérité.

Même si les Maîtres disposent pour se reconnaître d’un mot substitué à la Parole perdue, la perte de la parole est une rupture entre ce qu’on est et ce qu’on était. Elle est surtout une rupture dans la transmission de la connaissance et sa quête exige une remise en question permanente de toutes nos certitudes antérieures. La Parole est effectivement perdue lorsqu’on n’est plus à même de produire une pensée nouvelle. Et seules l'étude, la méditation et l'intelligence des choses permettent d'en reconstituer des aspects et d'en composer certains éléments. Encore faut-il garder un esprit critique et ne pas attendre une "révélation" de la part de ses maîtres.

 Le Mac؞ sait que par l’éveil de sa conscience par des initiations progressives, alternance de perte et de récupération de la Parole, il sera capable de pressentir et appréhender la Parole perdue pour aller à l’essence des choses. J’ai vécu le 3ème grade comme une allégorie de la libération de la spiritualité permettant de neutraliser les éternels risques de désastres pulsionnels, comme une invitation ferme à s’élever en rectifiant les dérives spontanées de notre nature humaine (symboliquement horizontale), par un travail constant sur le plus profond de nous-mêmes (symboliquement vertical).

Il faut retrouver la Parole ou, à tout le moins, un substitut, celui-ci ayant pour première finalité de maintenir la cohésion du groupe spirituel. Il ne contient pas en soi l’enseignement de la Parole perdue, mais il rappelle son existence.

N’oublions pas qu’à partir de la mort d’Hiram, ce mot a fait l’objet de substitutions successives, si bien que jamais le vrai mot n’a été transmis.

La recherche de cette Parole perdue jalonne le parcours maçonnique de moments intense qui m’ont fortement impressionné et fait progresser ma réflexion

- au 3e degré, M∴B∴, la chair quitte les os, signification symbolique, de l’acceptation de la mort du maître, donc de la nécessité d’une reconstruction. À partir de la mort d’Hiram, le mot substitué devient un mot dont le sens reste à créer par chacun d’entre nous. La mort d’Hiram marque de fait la naissance de la Parole maçonnique.

- au 4ème grade, parole d’espoir, d’harmonie et de vie, la Parole est perdue.  Le Maitre Secret comprend que sa quête est relancée. Il doit poursuivre continuellement sa recherche de la connaissance du devoir pour retrouver la Parole Perdue, symbole de l'unité mais aussi de la Vérité et de la Lumière.

 Au 13e degré,  le thème de la Parole est abordé sous l'angle de l'ésotérisme judaïque et de la Kabbale. La Parole perdue est présentée sous la forme du tétragramme en tant que Conception Suprême, qu'il est interdit de prononcer et qu'on ne peut qu'épeler. Le nom ineffable découvert par les mages sous la pierre cachée ne peut être prononcé, parce que la parole est créatrice. C'est la première manifestation divine à l'origine de la création aussi bien dans la tradition biblique que dans la tradition chrétienne. L'homme ne peut enfermer le nom de Dieu transcendant dans une définition. Les mots symboliques apparus au fond du puits sont, pour le premier (Adonaï) « un vain symbole », pour le second, un tétragramme imprononçable.

Lors de l’initiation au 18ème grade  la Parole perdue est enfin retrouvée. J’ai cru un instant être arrivé au bout du chemin. Eh oui, la Parole a été retrouvée et le TSA va nous nous révélée le mot tant espéré. I.N.R.I.

Dans la tradition maçonnique, l’acronyme I.N.R.I. est censé exposer les initiales des mots révélant le sens de la parole perdue qui constitue l’ardente quête spirituelle que le maître maçon poursuit avec persévérance depuis le 3ème degré du rite. Retrouver la parole originelle, essentielle et fondamentale, le verbe du dieu fondateur pour certains, la connaissance absolue, unique et unificatrice pour d’autres, telle est la signification que nous pouvons donner à l’œuvre initiatique que le rite nous invite à entreprendre, à conduire et à réaliser dès que nous avons franchi la porte de la chambre des maîtres.  Nous sommes parvenus au 18ème degré et sommes mis en situation psychologique de Chaque degré constitue une étape de ce parcours peuplé de symboles qui sont autant d’outils devant nous permettre de réaliser une véritable ascension spirituelle.connaître la parole perdue et la clé secrète qui nous est proposée pour lire cette parole est I.N.R.I. Le Chev ؞ d’Eloquence annonce clairement que c’est un mot substitué, et même si le TSA affirme à la fin de l’initiation, que « ce qui a été perdu c’est l’amour de nos semblables », l’explication paraît incomplète.

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