Ntic Et Management

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© Réseaux n° 121 – FT R&D / Hermès Science Publications – 2003

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Comme pour nos recherches précédentes, nous avons cherché à combiner des caractéristiques structurelles avec des trajectoires, accordant une attention particulière à la nature et à l’étendue des compétences mobilisées par les PME6. Plus précisément, nous examinons, en relation avec des types de PME et de sites web, aussi bien les modes d’organisation du travail qui ont été retenus que la nature des compétences qui sont associées à ces modes d’organisation – tant en interne qu’en externe –, lors des processus de création, d’actualisation et de renouvellement de ces sites. Il apparaît en effet que les configurations de site s’inscrivent dans des trajectoires au cours

1. GADILLE, IRIBARNE 2000a, 2000b, 2000c ; AMABILE, GADILLE, 2002, 2003 ; BOUTARY et al., 2001. 2. GADREY, 2000. 3. FORAY, 2000. On pourra voir les multiples rapports officiels et en particulier celui rédigé sous la direction de YOLIN, 1997. 4. LIAUTAUD, 2001. 5. GADILLE, AMABILE, 2002. 6. LAZARIC, 2000.

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a recherche VISIO PME dont nous allons présenter des premiers résultats prolonge les premières investigations que nous avions réalisées en vue de mieux apprécier les conditions dans lesquelles les TIC de nouvelles générations, en réseaux, se diffusent dans les PME françaises, ainsi que la manière dont ces dernières se les approprient1. Il s’agit en particulier, à travers elles, de mieux cerner la signification du discours récurrent sur « le retard » des PME françaises par rapport à l’entrée dans la société de l’information » en évitant le piège normatif que représente une « nouvelle économie2 » qui serait elle-même la base d’une économie de la connaissance3. Cette recherche se centre cette fois-ci sur les processus de créations et d’usages de sites web à finalité commerciale, ces sites étant destinés à attirer le client, à le fidéliser et, plus largement, à en acquérir une intelligence, suivant la figure emblématique du e-business4. Ce choix résulte du fait que la présence de tels sites est le plus fréquemment utilisée comme l’indicateur de référence pour évaluer le niveau « d’internetisation » des PME5.

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Réseaux n° 121

Réalisation de VISIO PME VISIO PME a bénéficié d’un financement du programme interdisciplinaire du CNRS « Technologies de l’information et de la communication et société ». Les enquêtes ont été réalisées dans 20 PME de la Région PACA (voir tableau A en annexe), entre le printemps 2002 et le printemps 2003, sous la forme d’entretiens semi-directifs. Elles ont été menées auprès du responsable du site, assisté, sous des formes diverses et en fonction des besoins, d’autres personnes de l’entreprise, souvent mieux à même de répondre aux questions relevant des stratégies de valorisation (responsable de l’entreprise, responsable de marketing ou de la commercialisation). Les entretiens ont fait l’objet, chaque fois que possible, d’un enregistrement sur magnétophone. Ils s’appuyaient sur un guide d’entretien destiné à balayer les différents domaines de la recherche. Ils ont donné lieu à la rédaction d’une monographie pour chaque entreprise. Cette recherche a été réalisée par J.-M. Soucat, R. Tchobanian et Cl. Wasselin, sous la responsabilité scientifique de A. d’Iribarne.

7. IRIBARNE, TCHOBANIAN, 2003. 8. BAUDRY, 1995.

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desquelles, les processus de création et de développement des sites mobilisent divers types de compétences complémentaires. Trois d’entre elles ont pu être mises en évidence : des compétences techniques de création de site en relation avec des compétences informatiques ; des compétences techniques de création de contenu de sites en relation avec les activités de l’entreprise et le positionnement du site par rapport à ces activités ; des compétences gestionnaires en relation avec la capacité à penser le site comme un outil de développement stratégique de l’entreprise. D’une PME à une autre, ces trois types de compétences peuvent être détenues et mobilisées suivant des combinaisons internes/externes fortement différenciées qui peuvent être difficilement rapprochées des typologies combinant sites web/PME7. Dans une perspective d’économie des relations interentreprises8, la PME est conçue comme un nœud de réseau organisationnel et informationnel à travers la mise en relation de son organisation interne avec ses réseaux de clients et de fournisseurs de service considérés comme un tout.

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PME et TIC

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Les PME, leurs sites web et leurs utilisateurs : une esquisse de typologies structurelles L’étude des ressources mobilisées au service des sites web à finalités commerciales renvoie à un ensemble de questions de contextualisation qui sont étroitement liées : de quels types de sites s’agit-il ? Dans quels types de PME se trouvent-ils ? A destination de quels utilisateurs ont-ils été conçus ? La réponse à ces questions pose le problème préalable de savoir comment caractériser les PME, les sites et les utilisateurs, avant de savoir s’il est possible d’établir des liaisons significatives entre ces caractéristiques. Une recherche sur ces associations peut s’appuyer sur l’orientation en termes de cohérence de diversité telle qu’elle est explicitée plus haut. Compte tenu des deux types de facteurs de cette diversité (structurels et stratégiques),

9. MAURICE et al., 1986 ; GADILLE, 1992.

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Notre objectif, dans cet article, est de présenter, sur la base des cas étudiés, une tentative pour constituer des typologies associant des types de site web à finalités commerciales à des types d’utilisateurs et à des types de PME. Cette tentative s’inscrit dans la volonté de pousser, à partir d’observations monographiques, à une réflexion sur l’élaboration de données à finalités quantitatives qui seraient pertinentes pour suivre les processus d’internetisation des PME. Il se confirme à ce stade que la construction de ces typologies est extrêmement délicate à réaliser en raison de la grande variété des variables qui interagissent à travers les PME. Cependant, cette diversité découle elle-même de deux familles de facteurs. Certains sont liés aux différences structurelles qui traversent le(s) monde(s) des PME. Les sites web sont alors eux-mêmes déclinés en rapport avec ces différences. Mais d’autres différences sont plus endogènes au processus de décision et de création de sites. Elles découlent alors, soit d’un certain retard (ou retrait) dans la PME concernée, soit au contraire de la volonté stratégique d’utiliser la mise en œuvre du site pour un repositionnement plus large de l’activité de l’entreprise. Un tel constat confirme l’idée qu’il est nécessaire de rechercher ce qu’on pourrait appeler des cohérences de diversités. La recherche de telles cohérences conduit à mettre l’accent non seulement sur les dimensions structurelles, mais aussi sur des interactions relationnelles suivant des perspectives stratégiques plus familières aux gestionnaires et aux sociologues des entreprises9.

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Réseaux n° 121

l’analyse s’appuie sur deux hypothèses. La première considère que la PME fonctionne dans un schéma informationnel/communicationnel classique10. Suivant ce schéma, elle est émettrice d’une chaîne – message, finalité –, qui est supportée par un artefact technique – le site web –, lui-même destiné à un public en fonction de ses caractéristiques structurelles (taille, secteur, produits et services, type de marché…) Une hypothèse supplémentaire postule une interdépendance de construction stratégique entre le choix des caractéristiques du site et le public visé. L’ensemble du système se trouve alors inscrit dans les ressources cognitives mobilisables et mobilisées par la PME, ces ressources étant aussi bien techniques que stratégiques.