Peut-On Parler De La Disparition De La Classe Ouvrière ?
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L’économie française a connu de profondes mutations au cours de la période des « Trente Glorieuses ». Ces mutations ont eu des répercussions sur l’ensemble des actifs et de la population inactive.
Tout d’abord, la période d’après guerre a mis en place un régime « fordiste ». Les salariés ont accepté le désintérêt au travail et donc le travail à la chaîne, car en échange ils obtenaient des augmentations de salaire régulièrement. Ces augmentations de salaires notamment pour les catégories d’actifs les plus modestes sont à l’origine de l’augmentation spectaculaire du niveau de vie des ouvriers en particulier. Cette évolution a eu pour conséquence : la mutation des modes de vie des ouvriers. Certains ont parlé d’une homogénéisation des modes de vie. C’est le cas de H Mendras qui a montré que le concept de classe sociale n’avait plus lieu d’être car on constatait un rapprochement dans les modes de vie. Par exemple, les ouvriers avaient un mode de vie très proche des employés. De plus, la plupart des individus ont pu s’équiper en biens électroménagers. Plus de 90 % des ménages en France possèdent aujourd’hui un téléviseur (Document 2). Les individus qui ne disposent pas de télévision aujourd’hui chez eux le font par choix et non par nécessité. On constate à ce propos que les cadres sont moins nombreux que les ouvriers à posséder un téléviseur : 90 % contre 95 % d’après une enquête réalisée par l’Insee en 2004.
Les ouvriers ont également pu accéder à la société de consommation grâce à la mensualisation de leur salaire au début des années 70. Auparavant, il leur était difficile d’accéder à certains biens car ils ne pouvaient avoir recours au crédit, comme ils étaient payés hebdomadairement.
De plus, la fermeture des mines dans le Nord de la France dans un premier temps, puis dans l’Est, a entraîné une disparition des grandes usines. On parle à ce propos de désindustrialisation (Document 3 et Document 4) ; cela signifie que l’économie s’est de moins en moins appuyée sur l’industrie pour produire des biens et des services. Ces ouvriers des grandes industries constituaient une réelle «communauté de classe » d’après l’ouvrage d’Olivier Schwartz. Ils avaient conscience de constituer cette classe et ils se regroupaient entre eux notamment dans le cadre des activités organisées par l’entreprise en dehors du temps du travail. Pour Olivier Schwartz, la fin des années 70 s’est caractérisée par une « déprolétarisation », les ouvriers ne faisaient plus partie des prolétaires qui selon la théorie marxiste devaient renverser le pouvoir détenu par la Bourgeoisie. Les ouvriers qui sont apparus à partir des années 70 sont des individus qui n’ont plus l’impression d’appartenir à cette classe sociale. Il y a une réelle frontière entre le monde du travail et le monde privé. Ce n’était pas le cas avant. (Document 4). Ces mutations économiques ont eu des répercussions directes sur la scène politique ainsi que sur le rôle de la classe ouvrière en tant qu’acteur social.
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Comme nous venons de le montrer, la classe ouvrière n’est plus. Or si elle n’a plus conscience de constituer une classe, elle ne peut plus se réunir pour se manifester.
De nombreuses usines ont été délocalisées, et pourtant aucun mouvement social de grande ampleur portant sur la condition ouvrière ne s’est déroulé. En 1936, les ouvriers étaient à l’origine de ce mouvement social. Les dernières manifestations en France tel que le contrat première embauche ont été davantage suivies et menées par les étudiants. Les ouvriers ne sont plus des acteurs sociaux. Mai 68 est un autre exemple. Les étudiants sont à l’origine de ce mouvement. Les ouvriers de certaines usines notamment Renault à Billancourt les ont rejoints par la suite. Mais pour la première fois, ce n’étaient plus les ouvriers qui étaient à l’origine de ce mouvement. Alain Touraine a évoqué à ce propos que Mai 68 ouvrait l’ère de nouveaux mouvements sociaux qui n’étaient plus basés sur le travail.
De plus, on constate une baisse du nombre de personnes syndiquées. Les syndicats permettaient autrefois de réunir les ouvriers et de renforcer les relations entre eux. Aujourd’hui à peine 10 % des actifs en France sont syndiqués.
Les ouvriers étaient également représentés par le Parti communiste français. En 1969, les deux partis les plus importants pour lesquels les français avaient voté étaient le parti de de Gaulle et le parti communiste. Aux dernières élections présidentielles en 2002 et en 2007, le parti communiste a enregistré un score très faible : moins de 5 % . Cette évolution témoigne d’un retrait des ouvriers de la vie politique. Parmi cette catégorie, de plus en plus d’ouvriers ont recours à l’abstention ou bien au vote contestataire. De nombreux analystes ont d’ailleurs montré que le front national avait « récupéré » de nombreux électeurs qui votaient autrefois pour le parti communiste.
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Les mutations économiques ont entraîné des changements dans les modes de vie, les niveaux de vie des ouvriers. Cette homogénéisation et la fermeture de grands bastions industriels ont eu pour conséquence une diminution du sentiment d’appartenance à la classe ouvrière. Cependant, au vu des dernières évolutions, peut-on réellement affirmer avec certitude que la classe ouvrière a définitivement disparu ?
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La classe ouvrière a disparu si l’on s’en tient à la conception marxiste « classe pour soi », si on décide au contraire de retenir la conception marxiste de la « classe en soi », n’est-il pas faux dans ce cas d’affirmer que la classe ouvrière a disparu ? Le monde ouvrier semble avoir connu de profondes restructurations mais il reste pourtant aujourd’hui le deuxième groupe socioprofessionnel en effectifs derrière celui des employés. Plus de 28 % des actifs sont des ouvriers. D’autre part, la montée de la précarité et du chômage touchent davantage les ouvriers que les autres catégories.
Le monde ouvrier, durant les « Trente glorieuses » était composé pour moitié d’ouvriers de la grande industrie. Ce groupe a connu une diminution importante, et de nouveaux types d’ouvriers sont apparus. Les ouvriers techniciens sont devenus de plus en plus nombreux, de même que les ouvriers travaillant dans la logistique. En clair, nous n’avons plus à faire aux mêmes ouvriers. Et c’est pour cette raison que certains ont avancé une disparition de cette catégorie en tant que classe. Pourtant, les ouvriers sont toujours là. Ils sont quasiment deux fois plus nombreux que les cadres parmi les ménages français d’après une enquête réalisée par l’Insee en 2001.
On remarque également que ce sentiment d’appartenance ou non à une catégorie socioprofessionnelle reste plus élevé malgré tout chez les ouvriers. (Document 5). Le sentiment d’appartenance à une classe sociale diminue au fur et à mesure que les qualifications diminuent. Le sentiment d’appartenir à une classe sociale est de 7 points plus élevé pour les ouvriers qualifiés que pour les ouvriers non qualifiés. Mais ensuite, lorsqu’on regarde avec plus
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