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Anthologie Mort

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Quand la terre et le ciel honoraient ta beauté,La Parque t’a tuée, et cendre tu reposes.Pour obsèques reçois mes larmes et mes pleurs,Ce vase plein de lait, ce panier plein de fleurs,Afin que vif, et mort, ton corps ne soit que roses.

Les Amours de Marie (1555)Contre les bucherons de la forest de Gastine

Elégie

Quiconque aura premier la main embesongnée

A te couper, forest, d’une dure congnée, Qu’il puisse s’enferrer de son propre baston, Et sente en l’estomac la faim d’Erisichton, Qui coupa de Cerés le Chesne venerable Et qui gourmand de tout, de tout insatiable, Les bœufs et les moutons de sa mère esgorgea, Puis pressé de la faim, soy-mesme se mangea : Ainsi puisse engloutir ses rentes et sa terre, Et se devore après par les dents de la guerre.

Qu’il puisse pour vanger le sang de nos forests, Toujours nouveaux emprunts sur nouveaux interest Devoir à l’usurier, et qu’en fin il consomme Tout son bien à payer la principale somme.

Que toujours sans repos ne face en son cerveau Que tramer pour-neant quelque dessein nouveau, Porté d’impatience et de fureur diverse, Et de mauvais conseil qui les hommes renverse.

Escoute, Bucheron ( arreste un peu le bras ) Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas, Ne vois-tu pas le sang lequel degoute à force Des Nymphes qui vivoyent dessous la dure escorce ? Sacrilege meurdrier, si on pend un voleur Pour piller un butin de bien peu de valeur, Combien de feux, de fers, de morts, et de detresses Merites-tu, meschant, pour tuer des Déesses ?

Forest, haute maison des oiseaux bocagers, Plus le Cerf solitaire et les Chevreuls legers Ne paistront sous ton ombre, et ta verte crinière Plus le Soleil d’Esté ne rompra la lumière. Plus l’amoureux Pasteur sur un tronq adossé, Enflant son Flageolet à quatre trous persé, Son mastin à ses pieds, à son flanc la houlette, Ne dira plus l’ardeur de sa belle Janette : Tout devienda muet : Echo sera sans voix : Tu deviendras campagne, et en lieu de tes bois, Dont l’ombrage incertain lentement se remue, Tu sentiras le soc, le coutre et la charrue : Tu perdras ton silence, et haletans d’effroy Ny Satyres ny Pans ne viendront plus chez toy.

Adieu vielle forest, le jouet de Zephyre, Où premier j’accorday les langues de ma lyre, Où premier j’entendi les fleches resonner D’Apollon, qui me vint tout le cœur estonner : Où premier admirant la belle Calliope, Je devin amoureux de sa neuvaine trope Quand sa main sur le front cent roses me jetta, Et de son propre laict Euterpe m’allaita.

Adieu vielle forest, adieu testes sacrées, De tableaux et de fleurs autrefois honorées, Maintenant le desdain des passans alterez, Qui brulez en Esté des rayons etherez, Sans plus trouver le frais de tes douces verdures, Accusent vos meurtriers, et leur disent injures.

Adieu Chesnes, couronne aux vaillans citoyens, Arbres de Jupiter, germes Dodonéens, Qui premiers aux humains donnastes à repaistre, Peuples vrayment ingrats, qui n’ont sceu recognoitre Les biens receus de vous , peuples vraiment grossiers, De massacrer ainsi nos peres nourriciers.

Que l’homme est malheureux qui au monde se fie ! Ô Dieux, que véritable est la Philosophie, Qui dit que toute chose à la fin perira, Et qu’en changeant de forme une autre vestira : De Tempé la vallée un jour sera montagne, Et la cyme d’Athos une large campagne, Neptune quelque fois de blé sera couvert. La matière demeure, et la forme se perd.

XVII e siècle

François de Malherbe (1555-1628)

Consolation à M. Du Périer sur la mort de sa fille(1598)

Consolation à M. Du Périer

Ta douleur, du Périer, sera donc éternelle,Et les tristes discoursQue te met en l'esprit l'amitié paternelleL'augmenteront toujours Le malheur de ta fille au tombeau descenduePar un commun trépas,Est-ce quelque dédale, où ta raison perdueNe se retrouve pas ?Je sais de quels appas son enfance était pleine,Et n'ai pas entrepris,Injurieux ami, de soulager ta peineAvecque son mépris.Mais elle était du monde, où les plus belles chosesOnt le pire destin ;Et rose elle a vécu ce que vivent les roses,L'espace d'un matin.Puis quand ainsi serait, que selon ta prière,Elle aurait obtenuD'avoir en cheveux blancs terminé sa carrière,Qu'en fût-il advenu?Penses-tu que, plus vieille, en la maison célesteElle eût eu plus d'accueil ?Ou qu'elle eût moins senti la poussière funesteEt les vers du cercueil ?Non, non, mon du Périer, aussitôt que la ParqueOte l'âme du corps,L'âge s'évanouit au deçà de la barque,Et ne suit point les morts...La Mort a des rigueurs à nulle autre pareilles ;On a beau la prier,La cruelle qu'elle est se bouche les oreilles,Et nous laisse crier.Le pauvre en sa cabane, où le chaume le couvre,Est sujet à ses lois ;Et la garde qui veille aux barrières du LouvreN'en défend point nos rois.De murmurer contre elle, et perdre patience,Il est mal à propos ;Vouloir ce que Dieu veut, est la seule scienceQui nous met en repos.

XVIII e siècle

André Chénier

(1762-1794)

Les bucoliques (1819)

« La Jeune Tarentine »

Pleurez, doux alcyons, ô vous, oiseaux sacrés,Oiseaux chers à Thétis, doux alcyons, pleurez.

Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine.Un vaisseau la portait aux bords de Camarine.Là l'hymen, les chansons, les flûtes, lentement,Devaient la reconduire au seuil de son amant.Une clef vigilante a pour cette journéeDans le cèdre enfermé sa robe d'hyménéeEt l'or dont au festin ses bras seraient parésEt pour ses blonds cheveux les parfums préparés.Mais, seule sur la proue, invoquant les étoiles,Le vent impétueux qui soufflait dans les voilesL'enveloppe. Étonnée, et loin des matelots,Elle crie, elle tombe, elle est au sein des flots.

Elle est au sein des flots, la jeune Tarentine.Son beau corps a roulé sous la vague marine.Thétis, les yeux en pleurs, dans le creux d'un rocherAux monstres dévorants eut soin de la cacher.Par ses ordres bientôt les belles NéréidesL'élèvent au-dessus des demeures humides,Le portent au rivage, et dans ce monumentL'ont, au cap du Zéphir, déposé mollement.Puis de loin à grands cris appelant leurs compagnes,Et les Nymphes des bois, des sources, des montagnes,Toutes frappant leur sein et traînant un long deuil,Répétèrent : « hélas ! » autour de son cercueil.

Hélas ! chez ton amant tu n'es point ramenée.Tu n'as point revêtu ta robe d'hyménée.L'or autour de tes bras n'a point serré de nœuds.Les doux parfums n'ont point coulé sur tes cheveux.

Alphonse de Lamartine(1790-1869)

Vers écrit sur un album

Le livre de la vie est le livre suprêmeQu’on ne peut ni fermer, ni rouvrir à son choix ;Le passage attachant ne s’y lit pas deux fois,Mais le feuillet fatal se tourne de lui-même :On voudrait revenir à la page où l’on aime,Et la page où l’on meurt est déjà sous nos doigts !

Paru dans l'Echo de la Fabrique (1833)

XIX e siecle

Victor Hugo(1802-1885)

Les Contemplations (1856)

« Ce que c'est que la mort »

Ne dites pas : mourir ; dites : naître. Croyez.On voit ce que je vois et ce que vous voyez ;On est l’homme mauvais que je suis, que vous êtes ;On se rue aux plaisirs, aux tourbillons, aux fêtes ;On tâche d’oublier le bas, la fin, l’écueil,La sombre égalité du mal et du cercueil ;Quoique le plus petit vaille le plus prospère ;Car tous les hommes sont les fils du même père ;Ils sont la même larme et sortent du même œil.On vit, usant ses jours à se remplir d’orgueil ;On marche, on court, on rêve, on souffre, on penche, on tombe,On monte. Quelle est donc cette aube ? C’est la tombe.Où suis-je ? Dans la mort. Viens ! Un vent inconnuVous jette au seuil des cieux. On tremble ; on se voit nu,Impur, hideux, noué des mille nœuds funèbresDe ses torts, de ses maux honteux, de ses ténèbres ;Et soudain on entend quelqu’un dans l’infiniQui chante, et par quelqu’un on sent qu’on est béni,Sans voir la main d’où tombe à notre âme méchanteL’amour, et sans savoir quelle est la voix qui chante.On arrive homme, deuil, glaçon, neige ; on se sentFondre et vivre ; et, d’extase et d’azur s’emplissant,Tout notre être frémit de la défaite étrangeDu monstre qui devient dans la lumière un ange.

« Demain, dès l'Aube »

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombeUn bouquet de houx

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