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Aragon, explication de texte d'enigme

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urité du fruit pour être changer en vin. Ce qui semble contraster avec le champ de lin, qui va rappeler au lecteur une certaine douceur, une certaine intimité car il est la fibre même dont on tisse les draps. « Lorsque vers moi le vent l’incline frémissant » forme l’image d’un champ de lin ondulant sous les assauts du vent ; d’ailleurs, nous observons que le lin pousse dans le pays d’Elsa, ce qui pourrait signifier l’apparition du lin : il s’assimile à Elsa. Il est d’ailleurs répété une seconde fois dans cette strophe, à la tête du troisième vers, mais cette fois, il « fait au ciel miroir ». Si nous nous référons strictement à son sens premier – donc de champ de lin au sens propre du terme -, nous n’avons aucun mal à imaginer qu’il se « trouve » en face du ciel, et que sa couleur bleutée rappelle le bleu du ciel, mais sa situation géographique « parmi les raisins noirs » devient alors étrange, car en raison de cet éclat de couleur foncée qui semble recouvrir un territoire plus vaste (c’est le champ de lin qui est parmi les raisins, et non l’inverse), il n’est plus le miroir du ciel. Le dernier vers : « Et c’est moi qui frémis jusqu’au fond de mon sang », rappelle cet éclat foncé par la connotation du sang, et le verbe « frémir » ainsi répété rapproche le poète de ce champ de lin, dans un même frémissement : la vue de champ battu par le vent lui procure une émotion intense, qui se rapproche de celle qu’un amant peut ressentir face l’être aimée ; si le champ de lin se fait métaphore d’Elsa, le lecteur n’a aucun mal à comprendre le frémissement d’Aragon, et l’on pourrait imaginer que ce vent dont il parle dans le deuxième vers est le souffle d’Elsa sur peau, ou encore, la circulation de l’air qui s’opère quand elle sort du lit, et qu’elle repousse le drap vers son amant. C’est comme si Elsa, et le lecteur par la même occasion, devait « deviner » ce que représente ce vaste champ : « Devine ».

Deuxième strophe.

La deuxième strophe insiste sur le caractère de mystère que revêt ce champ, cette fois-ci, « dans le jour revenu ». Le thème de la nuit est suggéré à la rime, l’on pourrait s’imaginer le champ réapparaitre sous les yeux du poète à son réveil, le matin. Mais, si le deuxième vers pose l’insistance de cette entrée de la nuit dans le poème, elle jette sur lui un voile d’étrangeté : « Longtemps y traine encore une brume des songes ». Le terme « brume » peut, évidement représenter un voile « physique », formé d’eau condensée ; mais, il renvoie surtout à l’état du dormeur qui émerge de son sommeil, alors qu’il reprend petit à petit ses esprits et rejoint la réalité. Ce substantif est aussi le sujet du verbe « trainer », qui personnifie quelque peu la brume, qui semble quitter le champ avec lenteur et indolence ; mais, elle laisse un empreint de tristesse sur les lieux qui deviennent presque oppressant, ce qui est intensifié par les deux vers suivants : « Et j’ai peur d’y lever des oiseaux inconnus / Dont au loin l’ombre ailée obscurément l’allonge ». Le lecteur, surpris, se retrouve plongé entre rêve et réalité. Ces « oiseaux inconnus » que le poète a peur de voir apparaitre dans le champ peuvent s’apparenter à des oiseaux de mauvais augure, à des oiseaux de nuit, que la doxa transforme en messagers surnaturels dans l’imaginaire collectif. Mais, si nous prenons ces images dans le sens où la brume représente un état de semi-éveil du poète, nous pouvons assimilés ces oiseaux à ceux que l’on peut entendre roucouler au petit jour. Ils représenteraient alors une certaine réalité qu’Aragon veut fuir, ces voyageurs ailés étant associés au monde céleste, ils emporteraient le rêveur vers le petit matin. Cependant, « Dont au loin l’ombre ailée obscurément l’allonge » les rattache au monde de la nuit, et par extension au monde chtonien, médiateur entre la vie et la mort, annonçant de mauvais présage, comme dans la tradition populaire. Ainsi, ce « grand champ de lin bleu » se rapportant à Elsa, pourrait traduire le bonheur absolu d’être à ses côtés, ou la douceur de la réalité s’assimile au rêve, et les oiseaux représenteraient l’angoisse latente d’un amoureux qui ressent la peur de perdre son bonheur.

Troisième strophe.

« Un grand de lin bleu de la couleur des larmes » reprend l’image bleuté que le début du poème avait dessinée, et renvoie donc à la couleur du lin et du ciel. Mais le substantif « larmes » donne une touche de tristesse à ce paysage, qui peut paraitre surprenante, car les larmes n’ont pas de couleur et ont le goût salé de l’amertume et de la souffrance. Cependant, si ce champ est la métaphore des draps de lin bleu du poète, la surprise s’amoindrit : ne va-t-on pas noyer son visage sur l’oreiller d’un lit pour laisser couler à loisir ses larmes ? « Ouvert sur un pays que seul l’amour connait » referme l’image du champ sur le lit : c’est sur un lit que l’on va cacher ses larmes, mais c’est également au creux d’un lit que les amants vont se retrouver pour donner un caractère physique à l’amour qu’ils se portent, mais aussi, pour goûter au délice de dormir à deux et de se réveiller dans les bras de la personne aimée. Le champ serait donc un espace intime, un univers qui garderait la trace des moments passés ensemble, « Comme si des baisers s’y promenaient ». L’espace du lit, et des draps plus précisément, va comme se charger du caractère de l’amour, « Où tout à des parfums le pouvoir et le charme » et garde en lui les parfums des corps étreint au cœur de la nuit, et ce « pouvoir » et ce « charme » serait donc celui des heures passées ensemble, et prendrait un pouvoir évocateur d’amour qu’il garderait même quand l’un des deux amants manque. Le champ devient alors le réceptacle d’un amour qu’il redistribuerait sans arrêt, qui matérialise et sacralise l’acte d’amour qui s’est imprégné jusque dans les fibres de son tissu. L’auteur dissipe peu à peu cette « brume » dont il a entouré le poème, permettant au lecteur de suivre le fil de sa pensée, et d’essayer de résoudre l’Enigme, dont les indices recoupent peu à peu une image ; où les larmes dont il prend la couleur se cristallisent, et deviennent presque des larmes de joie.

Quatrième strophe.

« Un grand champ de lin bleu dont c’est l’étonnement / Toujours à découvrir une eau pure et profonde » réinjecte l’élément liquide, que la strophe suivante à évoquer par l’image des larmes. Mais ici l’eau, élément féminin par excellence, se rapproche de l’image de la source : source de l’amour du poète, source de son inspiration… La profondeur de l’eau ainsi que sa pureté offre l’image symbolique de ses propres sentiments, ce qui renvoie le lecteur au quatrième vers : « Et c’est moi qui frémis jusqu’au fond de mon sang ». L’ « étonnement » tient à la continuelle « découverte » de cette eau dormante, et si sa pureté la rapproche de la couleur du ciel, sa profondeur la relie à la couleur foncé des « raisins noirs » et à celle de la nuit. Nous pouvons donc faire le rapprochement avec le premier vers du poème, où la couleur claire représenterait la pureté et la couleur foncée la profondeur ; elle renvoie également à la couleur du sang, qui intensifie le sentiment amoureux en le rendant pratiquement viscéral : le poète va réagir émotionnellement, mentalement et physiquement au contact de la femme aimée. Cette « eau pure et profonde » devient elle aussi une métaphore de la femme aimée avec laquelle dort le poète, dont le « manteau » que forment les draps de lin bleu va recouvrir le corps chaque soir et le découvrir chaque matin. L’adverbe « miraculeusement » donne un caractère divin à cette femme qu’il découvre à son réveille, et qui partage toujours le même sentiment profond et pur que le poète. « Est-ce un lac ou la mer les épaules du monde » définit également la femme aimée, elle représente un monde imaginaire pour le poète, un vaste champ de lin qui le fait frémir. L’image du lac et de la mer renforce la présence de l’élément liquide, qui va féminiser les draps dans lesquels ils dorment ensemble : elle occupe tout l’espace dans la vie du poète : à la fois l’espace géographique (le lit) et l’espace sentimental (son cœur). Les « épaules du monde » sont les siennes, car elle porte un monde idéal qui va transmuer le poète et lui permettre l’accession au bonheur tant rechercher, quelque fois entrevue et souvent perdu (« j’ai peur d’y lever des oiseaux inconnus »).

Cinquième

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