Charles Louis de Secondat, baron de Montesquieu
Note de Recherches : Charles Louis de Secondat, baron de Montesquieu. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresémoignent à la fois d'une aisance sociale et d'une finesse remarquable dans l'analyse des sentiments et, déjà, des mœurs.
Il fréquente le club de l'Entresol, où il lit le Dialogue de Sylla et d'Eucrate, un texte de forme académique mais qui révèle l'intérêt du philosophe pour l'histoire et la politique. Il compose desConsidérations sur les richesses de l'Espagne dans lesquelles il s'essaie à l'histoire économique. En 1727, il entre à l'Académie française.
Un explorateur à l'œuvre
Montesquieu entreprend alors une série de voyages, en Allemagne, en Autriche-Hongrie, dans les États italiens, en Suisse et en Hollande (1728-1729). Puis il passe en Angleterre à la suite de lord Chesterfield. Il y séjourne de 1729 à 1731. Ces années sont décisives dans la formation intellectuelle de l'auteur del'Esprit des lois. Ses journaux de voyage révèlent un esprit d'une immense curiosité. Il s'intéresse à tout, géographie, économie, mœurs, usages politiques, richesses artistiques. Cette observation fait de lui le plus réellement cosmopolite des philosophes de son temps. De 1731 à 1748, il travaille à l'Esprit des lois(1748), qui sera l'œuvre de sa vie. Il en publie séparément un chapitre, digression devenue un livre autonome, les Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence (1734).L'Esprit des lois rencontre un succès immense, mais est attaqué à la fois par les jésuites et par les jansénistes : Montesquieu leur répond avec vigueur dans la Défense de l'Esprit des lois (1750). Il compose encore deux ouvrages, Lysimaque (1754) et, pour l'Encyclopédie, à laquelle il apporte ainsi son soutien, l'Essai sur le goût, qui ne paraîtra qu'en 1756, après sa mort. Il jugea avec perspicacité la politique de son temps : l'absolutisme et le faste de Louis XIV, le système de Law, la politique du cardinal Dubois trouvèrent en lui un censeur sévère. Mais son génie exigeant avait besoin du calme de La Brède et des ressources de sa bibliothèque ; c'est à la retraite et à l'étude que l'on doit l'Esprit des lois. Le détachement est chez lui une ascèse ; c'est le fondement même de sa méthode.
Les Lettres persanes (1721). Dans ce roman par lettres, l'extériorité du narrateur persan et la naïveté feinte donnent à l'image de la société française le statut d'objet sociologique. Les deux explorateurs persans, Usbek et Rica, découvrent Paris comme des ethnologues modernes une société amérindienne. Montesquieu se situe dans la tradition satirique de La Bruyère. Mais cette ironie et cette mise à distance ont valeur de révolution copernicienne. Montesquieu ne se contente pas de montrer les ridicules de la mode, des discussions littéraires, de la vie mondaine, il s'attaque aux cercles de la politique et de la religion. Par le recours à un autre recul, celui de l'utopie, Montesquieu analyse, dans son histoire du peuple troglodyte, les relations qui unissent les mœurs d'un État à son régime politique. Le choix de la forme épistolaire permet aux deux voyageurs d'adresser leurs impressions à différents correspondants. Ainsi, le récit se développe à deux niveaux : à mesure qu'Usbek poursuit son enquête sur les mœurs parisiennes, le luxe, le progrès, le gouvernement, la législation, le désordre s'installe et la révolte éclate dans le sérail qu'il a abandonné. Découvrant intellectuellement le lien nécessaire, et si souvent distendu, entre bonheur et liberté (témoin la fable des troglodytes), Usbek constate que son propre système de vie repose sur la contrainte infligée à autrui : contradiction qui noue étroitement romanesque et débat philosophique.
L'esprit des Lois (1748). Il y a, dans ce livre, une réelle rupture avec la réflexion de ses prédécesseurs, Hobbes, Spinoza ou Grotius. Aussi n'a-t-il pas pour but de « saisir des essences, mais découvrir des lois ». Écartant toute référence à la notion de « contrat social », Montesquieu, dans le même temps qu'il se débarrasse de la problématique des origines, se trouve libre de s'occuper des faits. Cependant, son information est surtout livresque et souvent peu critique. Mais une méthode est née qui n'abandonne l'histoire ni au hasard ni à la Providence. Loin de fonder le droit d'une société future, il ne s'intéresse qu'aux lois (scientifiques) qui expliquent les lois (celles du droit). Il rapporte les trois types de gouvernement qu'il aperçoit (républicain, monarchique, despotique) à leur
...