Commentaire - Le Rat qui s’est retiré du monde Jean de La Fontaine
Commentaires Composés : Commentaire - Le Rat qui s’est retiré du monde Jean de La Fontaine. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires» nous observons qu’ici, il ne s’agit que du Rat, et on peut penser que c’est un reflet de son individualité. L’oxymore entre la condition du Rat et du sens de retiré du mon qui définit une retirée mystique, or un Rat vit dans les souterrains, on peut penser à l’apologue de l’Astrologue d’Ésope, qui se laisse tomber dans un puits, l’Astrologue, force de trop fixé le ciel n’a pas tenu compte de ce qui l’entourait et est tombé dans un puits, c’est alors un retournement de condition, on en déduit que le fait qu’un Rat se tourne vers Dieu est alors ridicule.
JDLF est ironique sur la quête spirituelle du Rat. Le champ lexical de la vie religieuse (« ici-bas, méprit de la vie terrestre) montre l’impiété et l’égoïste gloutonnerie du rat. D’ailleurs, les motivations de l'animal pour se retirer ne sont pas d'ordre spirituel, mais il veut être seul, avoir la paix " se retire... solitude... profonde ". Le terme « ermite » v-7 est paradoxal et ironique car il vit dans un fromage, ainsi que « subsistait » puisqu’il vit dans l’abondance. JDLF insiste sur cette abondance ; par la redondance entre gros et gras (v-11). JDLF fait croire par l’ironie des vers 11-12 que la fidélité à Dieu prodigue toujours une récompense, ce qu’il feint de croire. On retrouve ceci dans Dom Juan ; qui rencontre un ermite et feint d’être étonné de le voir pauvre, or il prie Dieu toute la journée, mais l’ermite répond à une vie spirituelle. JDLF dénonce le confort du clergé. Par le jeu d’antiphrases, comme « le dévot personnage » v13 JDLF stigmatise les vices du clergé.
C – Un moine peu charitable
La guerre se passe ici dans une république (Ratopolis, cité), un régime démocratique, Le Rat apparait ici comme un égoïste, un individualiste. Ce qui est l’opposé de ce que devrait être un moine, entre autre, serviable et dévoué. C’est aussi une satire envers l’hypocrisie, le fabuliste dénonce, comme Rabelais avant lui, la gourmandise des moines, retirés du monde seulement pour assouvir leurs désirs. Le dévot de la fable abuse de la crédulité de ses congénères et se comporte en Tartuffe. JDLF minimise la requête des Rats, « quelque (pas de pluriel) aumônes légères » v15, or l’aumône est un devoir religieux qu’il ne remplis pas. et « fort peu » v22, encore une redondance qui renforce l’avarice du Rat. En plus d’être égoïste et avare, le Rat est hypocrite ; « mes amis » v24. Dans cette fable, l’auteur dénonce l’isolement religieux qui amène à réagir à l’opposé de valeurs censés être appliqués. « Solitaire » v24 peut être comparé aux jansénistes qui étaient isolés du monde. L’hémistiche « Le nouveau saint » est une antithèse car il est fermé aux autres. Comme le clergé, ce que dénonce JDLF.
II – L’ironie de l’auteur
A – Le masque oriental :
On retrouve des caractéristiques spatiales particulières au conte : nous sommes dans un espace de fantaisie (La Fontaine fait semblant de raconter une légende orientale), on est dans un lointain Orient avec « les levantins », turc, puis en Hollande avec la mention du fromage et enfin en Grèce antique avec « Ratapolis » (polis = citée). La Fable s’achève néanmoins sur une référence à l’Europe catholique et à l’orient (opposition dans la morale moine/dervis). Le conteur brouille ainsi les pistes et le lecteur est désorienté (univers fictif et fantaisiste), mais par ce moyen, il se protège de toute accusation puisque que le récit à lieu en Orient et il est donc blanchis de toute accusations puisqu’il ne parle pas du royaume français, mais d’une république en Orient, il le rappelle d’ailleur à la fin « Un moine ? Non, mais un Dervis. » v34
B – La présence amusée de l’auteur :
Dans cette fable, on constate que JDLF fait part de son avis directement dans le récit ; par les questions « Que faut-il d’avantage ? » v10, il ironise en disait que la vie des moines est idéale, car ils ont le gite et le couvert en échange de leur dévot à Dieu. Bien sûr, également par un discours direct, et l’utilisation de la première personne : « que désignai-je… » v32, « je suppose » v35. Il intervient directement dans la fable.
C – Une morale déguisée, à trouver :
La morale apparaît sous forme de devinette. À première vue, elle clôt la fable en brisant toute logique au reste de la fable (ce n’est plus des animaux mais des hommes). La Fontaine laisse le temps du récit pour passer au présent de vérité générale et donne un ton sentencieux pour donner un enseignement. La moralité apparaît comme un jeu, une devinette : le fabuliste interpelle directement à son destinataire « à votre avis » v33. Cela invite le lecteur à la réflexion. JDLF introduit un mensonge dans lequel il ne croit évidemment pas : les interrogatives et le modalisateur (« je suppose ») laisse une note indécise ce qui provoque de sérieux doutes sur la charité des moines.
Conclusion :
Nous retrouvons dans Le Rat qui s'est retiré du monde l’univers fabuleux de Jean de la Fontaine. Mais à travers l’histoire de ce rat, La Fontaine dénonce l’avarice, la gourmandise et l’hypocrisie des moines. Ce portrait cruellement ironique où le fabuliste enfile des métaphores étranges en abusant du sous-entendu perfide et de l'allusion implicite permet à La Fontaine de proférer des charges accablantes contre l'Eglise romaine, animal nuisible accusé de forfaiture et de crime contre l'Etat.
L'Apologue tourne le dos ici à la tradition ésopique : l'art poétique se met au service d'une monographie à valeur testimoniale. La plume de La Fontaine s'immerge dans la matière historique. Le genre s'apparente davantage à la satire politique et sociale.
Ouverture :
Vers l’ingénu, de Voltaire : critique religieuse. Ou Tartuffe.
LE RAT QUI S’EST RETIRE DU MONDE
Les Levantins en leur légende
Disent qu'un certain Rat las des soins d'ici-bas,
Dans un fromage de Hollande
Se retira loin du tracas.
La solitude était profonde,
S'étendant partout à la ronde.
Notre ermite nouveau subsistait
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