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Construction des corps sexués - Martine Court

Dissertation : Construction des corps sexués - Martine Court. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  7 Mai 2017  •  Dissertation  •  1 410 Mots (6 Pages)  •  1 069 Vues

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Synthèse sur Corps de filles, Corps de garçons, Rania Le Doaré

« On ne naît pas femme : on le devient ». Femmes et hommes seraient, en effet, le produit d’une différenciation sexuée de par une socialisation sexuellement différenciée. Ainsi, en fonction de son sexe, l’individu est l’objet d’une perception différente voire d’un traitement différencié. De fait, les manières de faire et de penser qu’incorpore l’individu et qui sont propres à sa classe sociale et sexuelle, sont le produit d’un processus de socialisation durant lequel est transmis et intériorisé, un ensemble de normes et de valeurs inhérentes aux rôles qui régissent le fonctionnement de la vie sociale.

La société, au travers de ce mécanisme naturalisé, véhicule des modèles sociaux voire des « stéréotypes » qui font force de règle sur les individus, qui doivent donc adopter un comportement conforme et jouer leur rôle défini. Nous pouvons donc définir identité comme une structure mentale composée, ayant des caractères à la fois cognitifs et affectifs, qui comprennent la perception de l’individu par lui-même en tant qu’être distinct, conforme à lui-même et séparé des autres.

En outre, Martine Court, sociologue et maître de conférence à l’Université de Blaise Pascal, met l’accent sur la construction sociale des corps sexués intervenant donc dès l’enfance par le biais de la socialisation. De plus, elle met en avant la reproduction des stéréotypes de genre et remet en cause l’idée d’un transfert automatique et unidimensionnel de « dispositions » avec notamment l’existence de cas « atypiques » ayant résistés au « formatage » délivré par l’éducation tant familiale que scolaire.

Nous allons donc nous demander en quoi l’hexis corporelle est-il le fruit de la construction précoce d’une identité sexuée et sexuelle. Nous allons tous d’abord expliquer en quoi le sport et le travail de l’apparence sont deux pratiques sexuellement différenciées, puis nous allons expliquer les mécanismes en œuvre dans la fabrication des différences entre homme et femme.

Aujourd’hui, de par la reproduction des représentations du genre, les conduites ne sont pas également possibles pour les deux sexes en matière de sport et de travail de l’apparence et ceci malgré une évolution des pratiques depuis 20 ans.

Ainsi, la pratique sportive reste une activité fortement associée à « l’homme au masculin » caractérisée par l’effort, le souci de progression et l’engagement compétitif soit la recherche de l’adversité. Ces différences entre les sexes se repèrent dès l’enfance, selon Marie Choquet : les garçons sont, dès leur plus jeune âge, plus enclins aux activités caractérisées par un contact physique et direct avec un adversaire telles que la boxe et le football en particulier, tandis que les filles « naturellement » peu disposées à l’affrontement, favorisent les activités où le travail de l’apparence occupe une place importante (danse, patinage artistique). Effectivement, le sport implique fondamentalement les corps or on ne saurait, selon Geneviève Fraisse, « penser le corps sans son sexe, sans la sexuation », et donc sans un rapport au corps déterminé par le genre.

Le même constat caractérise le travail à l’apparence, une pratique féminisée, soit l’ensemble des pratiques que l’individu met en œuvre dans le but de modifier son apparence de manière plus ou moins partielle et à plus ou moins long terme. Ainsi, faire un régime pour les filles, aurait comme motivation « mincir » tandis que pour les garçons, ce serait pour « se muscler » : une masse corporelle, un poids diminué place la femme en situation d’infériorité, de dominé voire incarnant la figure de « demoiselle en détresse » devant être protégé par son « preux chevalier », soit l’homme « fort et musclé » et donc « corporellement » dominant. De plus, on note aussi des différences au niveau de la consommation qui témoignent aussi des rapports différents à l’apparence : les hommes , d’après Michèle Pagès-Delon, sont moins disposés que les femmes à consacrer de l’argent à l’achat de leurs vêtements.

Selon Catherine Louveau, le travail à l’apparence et le sport sont des pratiques où s’expriment et se construisent des « usages sociaux » des corps sexuellement différenciés, et par conséquent des inégalités entre les sexes. Ces mêmes inégalités sont d’autant plus accentuées selon le milieu social d’appartenance puisque le rapport à l’apparence varie aussi en fonction de la position sociale occupée : la pratique sportive est plus fréquente quand le revenu et le niveau d’études augmentent et c’est dans les ménages « cadres et professions intellectuelles supérieures » que la part du budget consacré à la consommation pour l’habillement ou encore les bijoux et cosmétiques est la plus élevée.  De plus, Sandrine Vincent montre que le travail de l’apparence est plus fréquemment suscité chez les filles dont la mère est peu diplômée, car elles se voient offrir plus souvent des poupées mannequins ou des trousses de maquillages, soit des jouets typiquement féminins qui sont partie prenante de la socialisation genrée.

 Le sexe n’est pas une catégorie uniquement biologique ou anatomique et pourtant les comportements des agents sont souvent perçus comme le résultat de leur sexe biologique, venant naturaliser les différences selon le genre.

Ainsi, ces différences voire ces inégalités précédemment mises en avant entre l’homme et la femme sont le produit d’un processus de socialisation intervenant dès le plus jeune âge, et par lequel l’enfant intériorise des dispositions corporelles. Dans La Domination masculine, Bourdieu met en avant le fait que l’éducation fondamentale qu’est la socialisation primaire inculque aux hommes et femmes des manières spécifiques de tenir leur corps, d’en faire usage.  L’environnement social, soit les instances de socialisations telles que la famille ou encore l’école, dans lequel l’enfant est affilié  joue un rôle clé dans « la construction symbolique du corps biologique » et plus précisément dans l’imprégnation des rôles sexués inscrits dans un rapport dominé/dominant. Si l’on rappelle souvent à l’ordre une petite fille turbulente en lui demandant d’être « gentille », on rit plus volontiers à un petit garçon colérique car « c’est bien, il ne se laisse pas faire ».

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