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Europe Et Nation

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ive (contenant notamment certaines publications de nos intervenants sur la question) et quelques documents, textes représentatifs à nos yeux d’argumentations, d’analyses ou de positions un tant soit peu développées sur nos questions.

Débats autour de la place de la Nation

Nation et communauté Le premier point litigieux dans l’interprétation de la place des nations et de la forme Nation est lié à la constitution des communautés, que réalise à chaque fois les nations ou les nationalités – étant assez raisonnablement entendu, nous semble-t-il, que la forme Nation, au contraire des nationalités, « n’est pas elle-même une communauté [...] même pas le type idéal d’une communauté, mais le concept d’une structure capable de produire des “effets de communauté” »2 , la forme Nation incluant aussi un ensemble de contraintes, « une façon pour des forces économiques [rajoutons, ou politiques] de déterminer des effets symboliques et inversement », et non seulement l’« abstraction d’une communauté nationale ». On peut préciser le point en mettant en regard les angles de mises en perspective de la Nation comme formation de communautés. Différents arguments sont ainsi souvent présentés pour souligner que la Nation, encore indispensable dans cette tâche, sert à créer du lien, disons, “social” : et cela d’abord en permettant de créer un espace de communicabilité. Selon cette logique, Paul Thibaud indique ainsi : « Un débat qui ne peut jamais être purement

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Nous, citoyens d’Europe ? les frontières, l’État, le peuple p 33 ibid. p 44

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technique, qui porte sur les valeurs, sur les décisions les plus graves suppose un niveau d’intercompréhension, d’acception réciproque, de connivence qui n’est pas facilement atteint par des gens de cultures différentes »3 . Ceci se rapproche d’un autre argument fréquemment présenté : celui d’une nécessité d’unité de langue pour permettre la communication effective au sein d’un corps politique. Un autre argument insiste sur l’utilité d’une intégration au sein d’une communauté nationale, ceci aussi dans l’intérêt de la constitution d’une expression démocratique, dans la même logique de nécessaire auto-investissement au sein d’une monde commun. À cet ensemble de problématiques, peut s’ajouter une attention à une corrélation entre risque de regain des “identités ethniques” et crise de la forme Nation, avec la nation entendue comme « nation politique [...] mode de dépassement du nationalisme identitaire-répétitif, lequel compte sur ceux qui relèvent d’une origine, au lieu de rassembler ceux qui adhèrent à une entreprise historique »4 . Dans une direction opposée, on s’interrogera sur la pertinence d’arguments typiquement communautariens, comme celui selon lequel communauté morale et communauté légale doivent toujours coïncider. Tout le problème se porte alors aussi sur la possibilité de fonder des communautés uniquement sur des principes cosmopolitiques. Bien que nous y reviendrons, notons cependant dès à présent que le postnationalisme cosmopolitique, si on me permet l’expression, insiste par contraste d’abord sur la nécessité de confrontation des identités nationales et donc d’un dépassement de leur autocentrement, et encourage ensuite à la formation de communautés basées sur les seuls « principes constitutionnels de l’État de droit » – Ferry pouvant par exemple insister, pour en fonder la plausibilité loin des “froideurs juridiques” que l’on reproche à cette analyse, sur « les expériences les plus brûlantes de la lutte à mort, guerres civiles et guerres des peuples, qui, tant bien que mal, ont sous nos latitudes, finalement conduit les nations à promouvoir dans leur culture et à consacrer dans leurs institutions un haut degré de reconnaissance réciproque. »5 . Précisons aussi un point fréquent dans les analyses contemporaines de l’idée de Nation, notamment en France : celle de l’existence d’un seul concept de Nation6 , par opposition à la séparation usuelle entre “Nation éthique”, issue de la tradition allemande au XIXe siècle, et “Nation politique” ou civique, de la tradition française, telle que les idéologies nationalistes de la fin du XIXe siècle avait réussi à l’imposer comme distinction analytique. On peut ainsi insister sur le caractère d’abord politique de la communauté que fonde la Nation, la séparant essentiellement, comme chez Paul Thibaud ci-dessus, du nationalisme identitaire. Enfin, on se reportera aussi au texte en document d’Étienne Balibar pour d’autres controverses sur le caractère nécessairement exclusif de toute création de communauté nationale, soulignant d’autres ambiguïtés au cœur des débats, sans trop les simplifier, nous semble-t-il. Nation et démocratie Un autre point d’achoppement fondamental se situe au niveau de la connexion conçue comme absolument nécessaire, ou encore historiquement nécessaire, ou historiquement circonstancielle, contingente et secondaire du fait historique d’un développement de la démocratie moderne au sein de nations. En somme, la démocratie moderne a-t-elle besoin de la forme Nation pour fonctionner ? Le problème peut d’ailleurs se spécifier différemment, depuis la simple remarque de l’existence de ce lien historique, jusqu’aux interrogations sur la stabilité d’un corps politique, donnée à la démocratie par la Nation. De même si l’abstraction de l’ouverture à l’autre, sans exclusion de principe, est un corrélatif aux valeurs démocratiques : la Nation n’est-elle pas indispensable pour inscrire cette abstraction dans un corps politique réel ? N’est-elle pas aussi l’outil indispensable pour concrétiser la souveraineté du peuple et l’autogouvernement de soi d’un corps politique ? Il faut alors noter que la conception du politique joue bien sûr un rôle crucial dans ces débats, notamment en ce qui concerne la possibilité admise ou non d’une démocratie purement procédurale, le lien établi dans les

« L’Europe par les Nations (et réciproquement) » dans Discussion sur l’Europe, Jean-Marc Ferry, Paul Thibaud, Calmann-lévy, 1992 4 « L’Europe par les nations », loc. cit. p 68 5 Europe la voie kantienne. Essai sur l’identité postnationale., Cerf, 2005 6 cf. en document un des textes de Dominique Schnapper

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argumentations, entre démocratie et État-nation, relevant souvent de la réalisation d’une dimension de “capacité d’agir sur soi” d’une société s’opposant à cet aspect de stricte procédure 7 . Nation et universalisme Un troisième axe d’analyse de la forme Nation doit être mentionné, car il pourrait sembler en particulier des plus paradoxal dans un contexte actuel où l’on voit peut-être à tort un lien intrinsèque et non historiquement circonstanciel entre nation et nationalisme : c’est l’axe de la relation de la forme Nation à l’universel. Sa conceptualisation la plus simple revient à noter la tension des Nations vers l’universel, dans une dynamique d’émulation les unes par rapport aux autres, tension à la source de toutes les formes de leurs rivalités, les meilleures comme les pires, dans la mesure même où elles chercheraient tendanciellement à incarner avec leurs particularités cet universel. pMentionnons un autre angle d’interprétation possible du sens profond de la forme Nation à titre d’interrogation, puisqu’il est déjà visible que les problèmes aux cœurs des débats correspondent à des interprétations historiques divergentes du statut de la forme Nation : Marcel Gauchet développe en effet l’idée de base selon laquelle la forme Nation ne peut se comprendre qu’en regard du système de Nations dans lequel elles s’insèrent : certains points où cette hypothèse a des conséquences intéressantes étant notamment alors d’une part, l’interprétation de la dynamique d’union pacifique des nations, en cours en Europe, comme aboutissement de l’essence même des Nations, au delà de leur exaltation particulariste nationaliste du tournant du XXe siècle, et, d’autre part, l’inversion de l’appréhension de notre situation présente : à savoir en terme d’accomplissement de la logique des nations par certaines voies compatibles avec les sentiments cosmopolites mais en dehors d’un avenir postnational ou plus radicalement encore d’une “fin des nations”. En fait, l’importance pour Gauchet de ce type d’analyses encourageant à prendre en compte cette dimension des Nations comme intermédiaire indispensable et que nous ne dévelepperons pas ici tient semble-t-il au point aveugle de notre époque concernant les conditions de possibilité de la démocratie, qui ne peut se contenter pour exister d’un accord sur les valeurs.

Débats autour de la forme politique de l’Europe

Termes des débats internes aux partisants d’une Europe postnationale À coté des réflexions sur la nécessité des Nations, il faut signaler d’autres paramètres de désaccords sur la forme politique de l’Europe, souvent au sein même des partisans d’une Europe postnationale. Le dilemme le plus récurrent correspond à la distinction entre un modèle d’État fédéral et un modèle de Fédération d’États pour l’Europe, en laissant la possibilité d’une structure intermédiaire. Un des points fondamentaux consiste à discerner, entre les deux modèles, le représentant le plus exemplaire

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