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La guerre de Troie n'aura pas lieu

Dissertation : La guerre de Troie n'aura pas lieu. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  27 Mars 2017  •  Dissertation  •  2 129 Mots (9 Pages)  •  1 874 Vues

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Commentaire de texte : La guerre de Troie n’aura pas lieu

        Introduction

Nul n’est moins en phase avec la réalité qu’un Positiviste convaincu. Cet extrait de la pièce de théatre “La guerre de Troie n’aura pas lieu” de J. Giraudoux, qui, diplomate de profession, entama une carrière théatrale dans le milieu des années 1930,  nous livre un dialogue entre Hector, prince de Troie, ses sujets et surtout, un juriste syracusien du nom de Busiris. Ceci dans un contexte tout aussi particulier que le milieu des années 30 : la flotte Grecque vient de jeter l’ancre devant les remparts de la cité, et multiplie les signaux belliqueux.

La revisite du Droit de l’époque à la lumière des courants modernes transparait particulièrement dans le mode de pensée du Juriste Busiris, qui, semblant relever du courant du Positivisme normativiste, n’a que faire de la réalité des faits tant que le respect des normes subsiste. Le sujet central de ce texte semble bien être la mise en lumière, d’une manière très ironique et ce, à l’aube d’une nouvelle guerre en Europe, des limites de la vision normativiste face à la dure réalité des faits. Mais ceci serait pourtant se contenter d’une moitié de la question. En effet, cet extrait apparaît également comme une critique cinglante de la politique d’alors, qui consistait, ni plus, ni moins, à nier l’évidence et à retarder à tout prix un conflit destructeur, sans pour autant s’y préparer structurellement.

Ainsi, articuler l’argumentation autour des seuls normativistes serait une erreur, et si ceux-ci en représentent bien une partie, ne manquera pas d’être traitée la question de l’interprêtation des Codes, et donc, de la pertinence d’un comportement qui, au temps de Giraudoux, était commun dans la sphère politique.

  1. Compréhension et Positivisme obtu.
  1. Du Normativiste.

Le cas du Juriste “neutre” et Syracusien Busiris attire nécessairement l’attention, en effet, si l’on se contentait de l’essence même du personnage, on ne pourrait le réduire qu’à un cas marginal, une exception tant celle-ci est satyrique. Le développement de l’argumentation du Juriste est en effet terriblement axé sur le ridicule, involontaire du seul point de vue du personnage, mais évident au premier lecteur venu.

Mais c’est la critique même que l’on peut faire du courant que Busiris représente. Il est ridicule. En ne s’attachant qu’au principe même de la Loi, et en ne tenant pas compte un seul instant des conséquences de son application, il décrédibilise totalement son idéal, celui de la Norme Juste qui ne doit sous aucun prétexte être transgressée, remise en question, où éloignée. C’est donc là-même l’apologie du ridicule de son idéal que livre ce Juriste. Comment, en effet, considérer avec crédit que la destruction totale d’une Civilisation soit la conséquence adéquate, légalement et moralement, du respect des normes par cette dernière ?  

Il est alors nécessaire de remarquer que le Droit est fait par les Hommes pour les Hommes, et en conséquence de quoi, est avant tout garant de la société. Il permet à l’autorité Publique de sanctionner, et de diriger, de manière bienveillante ou pas, la bonne organisation de la société. Mais le Droit ne saurait être porté à son paroxysme dans le suicide social, car il ne serait plus le Droit, protecteur des valeurs d’une culture, mais bien, certaines conditions réunies, l’ennemi pur et simple tout autant du peuple que de l’Etat.

Hector a cette phrase qui illustre parfaitement ce propos “Si le Droit n’est pas l’armurier des innocents, à quoi sert-il ?”. C’est là tout le côté ironique du texte : le Droit, dans la vision de Busiris, ne sert qu’à être moralement Juste, ce qui implique manifestement de l’être bien souvent dans l’oppression. Troie sera moralement Juste. Elle le sera dans la destruction et la ruine, mais cela aura au moins pour mérite d’être légal.

Busiris donc, en appliquant le Droit dans sa Juste mesure, tel qu’il serait décrit si à l’époque il était couché sur le papier, nous démontre la totale incapacité du Droit à anticiper et à comprendre seul les conséquences de son application.

B) De la Compréhension.

Si à travers ses propos, Busiris décridibilise totalement son école, ce n’est certainement pas parce-que l’auteur a cherché à donner une leçon de géopolitique à des Hommes disparus depuis plus de deux millénaires. Si leçon de morale il doit y avoir, elle est forcément tournée vers les contemporains de Giraudoux.

A la date de sortie de la pièce, en 1935, l’Europe est particulièrement déstabilisée. La montée des extrémismes, que ce soit en Italie, en Allemagne, et pour l’année d’après en Espagne, a instauré un climat bien particulier. Et c’est bien en considérant Busiris dans son premier extrème, à savoir l’application pure et dure de la Loi, que Giraudoux entend donner une leçon.

Rien n’est plus désastreux pour un peuple que la guerre, c’est bien ce qui transparait d’ailleurs au travers des deux premiers arguments que nous livre le Juriste. Mais si le sens de ces deux là est évident, attardons nous un peu sur le troisième. Le rappel historique étant effectué, ne faudrait-il pas trouver un sens pour le moins très pertinent au troisième argument de Busiris, “Son Chef, Oiax, le plus brutal et le plus mauvais coucheur des Grecs […] , et criant qu’il veut tuer Pâris.”

        

        Le parallèle entre ce personnage, Oiax, et le Dictateur Adolf Hitler est frappant (et osé), tous deux ne cessant de marteler dans leur discours qu’il faut tuer “Paris”, à savoir le juste vainqueur, celui qui, dans la fiction, a emporté par amour légitime la belle Hélène de Sparte et qui, dans les faits, a remporté la guerre contre Berlin.

        Il ne peut alors que paraître surprenant de constater que ce troisième argument est, au sens Juridique du terme, le moins valable. Surprenant, mais pas dénué de sens. Ce n’est là ni plus ni moins qu’une critique encore plus pointue de l’inefficacité du Positivisme Juridique face à la réalité et à l’importance des faits. Pire, c’est risquer la mise en péril du Droit au profit de la bien plus ancienne Loi du Talion, dont l’esprit anime tout autant les Grecs d’alors que les Allemands des années trente.

        Déjà sur cet aspect, le texte de Giraudoux prend une tournure résolument politique, et si commentaire il doit y avoir sur la question, l’on ne peut que faire l’éloge de la leçon qui en découle : Le Droit ne peut fonctionner sans volonté, si outil Juridique il est bien, cet outil ne se suffit pas à lui-même, et doit être utilisé à bon escient. Mais il lui faut encore, pour cela, être correctement et judicieusement interprêté.

  1. Procrastination, source de désastre.
  1. Bien interprêter.

        La partie relevant du Normativiste traitée, il paraît clair désormais qu’il faille se tourner vers le changement clair et net de mode de fonctionnement dans la seconde partie du texte de Busiris. Car si cet extrait nous livre bien deux extrèmes de la vision juridique, il nous en livre surtout la satyre, en exagérant à volonté les tendances des-dits courants.

        La menace du prince Hector est le déclencheur du revirement de position de Busiris, ce qui a bien évidemment pour effet de nous rappeller que le Droit est fait par les Hommes et utilisé par les Hommes. Or, les Hommes n’ont pas tous la même honneteté dans l’adversité. Ceci nous rappellerait presque, mais ce serait peut-être là un hors sujet, la conception Holistique du Droit Grec, qui considère que la Société se porte bien si l’individu se porte bien. Le Droit se porte bien si l’individu se porte bien. Et si donc, ce dernier est corrompu, le Droit l’est aussi.

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