Le Cid

ouve Rodrigue. • Le jeu des oppositions et des symétries met en évidence le dilemme de Rodrigue. – Strophe 2 : « venger un père » / « perdre une maîtresse » (v. 303), « l’un » / « l’autre » (v. 304), « ou de trahir ma flamme / Ou de vivre en infâme » (v. 305-306), « laisser un affront impuni » / « punir le père de Chimène » (v. 309310). – Strophe 3 : « Noble et dure contrainte / aimable tyrannie » (v. 312), « plaisirs […] morts » / « gloire ternie » (v. 313), « l’une » / « l’autre », « malheureux » / « indigne » (v. 314), « Cher et cruel espoir » (v. 315)/ « Digne ennemi » (v. 317), « M’es-tu donné pour venger mon honneur » / « M’es-tu donné pour perdre ma Chimène ? » (v. 319-320). • Les strophes 2 et 3 se terminent par une double interrogation rhétorique. Chacune est marquée par la symétrie de la construction et la reprise des termes mot à mot. Comme l’ensemble des symétries et des oppositions dans les strophes 2 et 3, ce système traduit le dilemme auquel Rodrigue est confronté. Dans la construction générale du monologue, le vers 321 marque une rupture de ton et amorce la prise de décision. Jusqu’au vers 231, les stances ont une vocation lyrique. À partir de l’expression « Il vaut mieux », qui marque une préférence, Rodrigue entre dans une phase de réflexion et sa parole se raffermit. • Les impératifs ont une valeur d’incitation : Rodrigue se parle à lui même, tantôt sous une forme métonymique – « Allons, mon âme […] mourons » (v. 329-330), « Allons, mon bras

INTERPRÉTATIONS

• Rodrigue apparaît en scène pour la deuxième fois. Dans la scène précédente, son rôle était quasiment muet. Ce monologue est le premier discours à partir duquel les spectateurs vont pouvoir confronter leur connaissance de ce personnage à leur propre point de vue. Appréhendé à travers les points de vue de don Gomès (via le récit d’Elvire) et de Chimène (scène 1), de l’Infante (scène 2), de don Diègue (scène 4, 5), il se révèle, conformément à sa réputation, comme un homme d’exception. Très amoureux, sensible (il souffre), respectueux de son devoir, intelligent (il fait un diagnostic très exact de la situation), soucieux de son devoir et de son honneur (l’honneur dû à son père mais aussi à Chimène), il correspond à l’idéal chevaleresque de la tradition médiévale. Sa décision finale est un acte héroïque par lequel il choisit librement la voie qui, dans un premier temps, lui a été imposée par son père. • Ce texte appartient au genre délibératif en ce qu’il développe un examen conscient et rigoureux de la situation avant de conduire Rodrigue à une décision. Il appartient au genre poétique par sa forme (les stances) et par sa tonalité lyrique. • Cette scène oriente l’action vers un duel entre Rodrigue et le Comte. Son importance est capitale sur le plan dramatique puisqu’elle engage le héros – et la pièce – sur la voie de la tragédie en le décidant à accomplir un acte irréversible.

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