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Les Manouvriers Selon Vauban

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ux des champs et autres travaux et activités, puis enfin la famille, pour dans une deuxième partie nous intéresser à la condition économique précaire, à laquelle ils doivent faire face, au travers du coût de la vie, de l’imposition et la dîme royale pour terminer sur l’influence des éléments extérieurs sur la vie de ces populations, tels que les aléas climatiques et les aléas politiques.

I. La vie paysanne

A. Manouvriers et populations rurales

Dans un premier temps, il est nécessaire de nous intéresser à la définition du manouvrier et de voir ce qui le caractérise par rapport au reste du peuple des campagnes. Dans ce but nous allons voir rapidement la société rurale et sa constitution. En effet, le terme de manouvrier désigne seulement une partie du peuple des campagnes comme nous le précise Vauban : « Parmi le même peuple, notamment celui de la campagne, il y a un très grand nombre de gens » (l.1 à l.2). Il semble même qu’il s’agisse d’une part non négligeable du peuple des campagnes. Il faut souligner que dans la France d’Ancien Régime, le monde rural est relativement diversifié et il existe une certaine hiérarchie sociale qui dépend de la domiciliation, de l’indépendance économique, etc… Le manouvrier ne se situe pas au plus bas de cette hiérarchie dans la mesure où on sait qu’il est domicilié : « Il faut que ce manouvrier paye le louage ou les réparations de sa maison, … » (l.44 à l.45), alors que l’extrême pauvreté du monde rural est celle des « errants », qui survivent par la mendicité, les travaux journaliers, etc… On estime qu’en temps normal il y avait environ 200.000 à 300.000 individus qui errent à la recherche de subsistances, et ces effectifs pouvaient être nettement plus importants lors des crises, troubles (notamment ceux de la Fronde entre 1648 et 1653), guerres, etc… Les manouvriers se situent juste au-dessus, et on peut parler de « pauvres-domiciliés », cette catégorie représente 5 à 20% de la population des villages en fonction des régions. Ils sont caractérisés par des droits politiques inexistants, tout comme les possibilités d’ascension sociale. De plus, ils sont très fragile économiquement et il suffit de peu de choses pour les faire basculer dans la pauvreté la plus extrême et cela Vauban en est conscient : « Pour ne pas achever la ruine de tant de pauvres gens, qui en sont déjà si près, que la moindre surcharge […] achèverait de les accabler » (l.14 à l.15). Ces deux populations forment la catégorie la plus fragile du monde rural, la seconde catégorie est composée de petits fermiers et de petits-éleveurs, etc… C’est la plus importante car elle représente entre 2 et 3 millions d’hommes. Cette seconde catégorie possède ou loue quelques terres, et les revenus peuvent être complétés par un travail artisanal, mais elle reste relativement fragile économiquement car la moindre maladie des bétails et les mauvaises récoltes peuvent rapidement faire basculer cette catégorie dans la même pauvreté que les errants et manouvriers. Enfin, au sommet de la hiérarchie du monde rural, on trouve les laboureurs, ceux-ci disposent de nombreuses terres qu’ils possèdent ou louent, et dont ils tirent profit de l’exploitation de la terre qui leur permet d’assurer la subsistance de la famille. Après ce rapide portrait des populations rurales intéressons nous plus précisément aux manouvriers.

Les manouvriers, comme nous l’avons dit, se situent dans la première catégorie de la société rurale, mais pas au stade de l’extrême pauvreté. D’une part, nous savons que le manouvrier pratique plusieurs métiers : « Ne faisant profession d’aucun métier en particulier, ne laissent pas d’en faire plusieurs » (l.2 à l.3), ils peuvent donc être embauchés pour une multitude de travaux ou de tâches en fonction des besoins. D’autre part, nous savons que le manouvrier n’a généralement que sa force de travail à offrir à un éventuel employeur : « Dont la plupart n’ayant que leurs bras, ou fort peu de choses au-delà » (l.4). Le « peu de choses » dont parle Vauban, peut désigner quelques outils rudimentaires en bois, qui peuvent parfois être relevé de fer (fourche, bêche et faucille). On notera que le manouvrier ne possède jamais de cheval ou de bête de somme en raison du coût élevé de ces-derniers. Le manouvrier est enfaite une sorte d’intérimaire qu’on embauche pour une journée (journalier) ou pour réaliser une entreprise (on entend par là des travaux qui peuvent s’étaler sur plusieurs jours comme une construction) : « Travaillent à la journée, ou par entreprises » (l.4 à l.5). Ils sont donc employés lorsqu’il y a besoin d’une main d’œuvre supplémentaire dans les champs ou pour d’autres activités. Ils sont donc dépendants d’une part des récoltes (nous y reviendrons) et d’autre part des plus riches qu’eux qui les engagent. Ainsi, cette quête de travail journalier, saisonnier, ou par entreprise est une des caractéristiques des manouvriers, mais on notera que les « errants » et parfois les paysans de la deuxième catégorie se livraient aussi à ce genre de pratiques, mais pour les paysans de la deuxième catégorie, c’est dans le but d’avoir un complément de revenus, ce n’est pas là leur principale activité.

Ainsi, le manouvrier se définit comme un intérimaire qui ne peut travailler qu’en fonction des besoins de ceux qui sont susceptibles de l’employer, maintenant voyons quels types de travaux peut effectuer un manouvrier et quelles activités il peut pratiquer pour améliorer le quotidien.

B. Les activités paysannes : les travaux des champs et autres travaux et activités

Plus qu’une simple énumération des tâches et travaux que peut effectuer un manouvrier, le texte nous donne une image de ce que peut être les activités du monde rural aux XVIIe et XVIIIe siècles. Ainsi, il n’est pas inintéressant de constater que le manouvrier est dans la capacité d’accomplir un nombre varié de tâches et activités.

Les travaux des champs sont ceux qui occupent le plus les manouvriers et les paysans. En effet, il y a un nombre considérable de tâches à effectuer : « Faucher, moissonner, battre à la grange, couper les bois, labourer la terre et les vignes, défricher, boucher les héritages, faire ou relever les fossés, porter de la terre dans les vignes » (l.6 à l.8). Nous n’allons pas détailler l’ensemble des travaux énumérés car la majorité sont connus tels « faucher, moissonner, défricher », mais seulement éclaircir quelques points de vocabulaire. Ainsi, «battre à la grange » c’est séparer les grains des épis, comme pour le blé ; « faire ou relever les fossés » c’est l’action de creuser un fossé ou d’en combler un existant ; enfin pour « boucher les héritages », il faut dire qu’un « Héritage » est une parcelle de terre isolée, souvent éloignée de la ferme et « boucher les héritages » signifie fermer ces champs. Outre ces tâches, on apprend que le manouvrier peut participer aux vendages (l.10) et « servir les maçons et faire plusieurs autres ouvrages » (l.8). Les autres ouvrages dont parle Vauban sont tous des travaux difficiles et rudes car comme il le dit, les manouvriers : « Ce sont ceux qui font toutes les grandes besognes […] et plusieurs autres ouvrages qui sont tous rudes et pénibles » (l.5 à l.6 et l.8 à l.9). Ces autres travaux peuvent être divers et variés, il peut s’agir de la destruction de taupinières, de la taille des haies mais aussi du curage des fossés et rivières en passant par la confection des toits de chaume. Mais ce sont les travaux agricoles qui occupent la plus grande place, car ceux-ci s’étendent sur une grande période. Les semailles s’effectuent entre octobre et novembre puis janvier et février. Principalement sur les mois de juin, juillet et aout, se sont les récoltes avec de gros travaux en septembre. Si on retire les dimanches qui ne sont pas travaillés, ainsi que les moments où il n’est pas forcément nécessaire d’engager des journaliers, Vauban part du postulat qu’un manouvrier sera occupé par toutes ces tâches environ la moitié de l’année, soit 180 jours : « Je suppose que des trois cent soixante-cinq jours qui font l’année, il en puisse travailler utilement cent quatre-vingts » (l.30 à l.31). Nous ajouterons que la vie paysanne et les travaux des champs sont encadrés et rythmés par l’Eglise, ainsi le dimanche n’est pas travaillé et les ouvriers travaillent du levé du soleil jusqu’au couché de celui-ci, ce qui peut porter leur journée à 14h dans les champs, ce qui est considérable aux vues des travaux à accomplir. Cependant, il y a toute une partie de l’année où il ne se passe rien, et où il faut que les manouvriers trouvent d’autres activités afin de compléter leurs revenus.

Ces activités, Vauban nous en parle, ou du moins nous donne des informations sur ce que pouvait faire un manouvrier, et un par extension un paysan, à côté de son principal travail : « Par la culture aussi d’un petit jardin » (l.52). On remarque que le manouvrier, à proximité de sa demeure, peut disposer d’un petit lopin de terre où il peut cultiver quelques légumes (poix, choux, poireaux, etc…) qui lui apporteront sa nourriture de base. Il s’agit d’une toute petite superficie qui ne permet pas de pratiquer une culture extrêmement importante, et parfois c’est tout juste si le jardin permet d’assurer le minimum de subsistance à la famille. On apprend que le manouvrier, peut aussi disposer de quelques

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