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Documents Gratuits : Philo. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresdes imprévus qu’à un débutant, les conseils d’un homme expérimenté sur la conduite de la vie apparaissent plus
pertinents que ceux de quelqu’un qui n’a pas été confronté à la complexité du réel.
(a) (Les titres et les numéros des parties entre crochets ne sont indiqués que pour faciliter la lecture du corrigé ; une explication de
texte, à l’épreuve écrite de philosophie du baccalauréat, ne doit pas en comporter.
C’est ce que Hume souligne dans l’Enquête sur l’entendement humain en expliquant que c’est à l’expérience que nous devons
la constitution de nos maximes générales (et non à une raison indépendante d’elle) comme leur perfectionnement : « le temps
et une expérience plus poussée », écrit-il ainsi, étendent nos maximes et nous apprennent à « les utiliser et à les appliquer
correctement ». Sans expérience, sans observation, l’homme ne peut disposer de maximes générales, ces repères qui lui
servent à s’orienter dans l’existence, à guider sa vie. C’est par l’expérience qu’il apprend progressivement à repérer des
régularités, à distinguer le principal du secondaire dans les circonstances diverses et multiples qu’il rencontre comme à les
appliquer avec « calme et discernement ».
[Transition] Mais, si l’expérience joue un rôle déterminant et nécessaire pour maîtriser une pratique comme pour s’orienter
dans la vie, cela signifie-t-il pour autant qu’elle soit un « guide suffisant » ? Pour qu’elle soit utile, ne doit-elle pas être associée
et enrichie à son tour par la réflexion et la raison ?
[II] Vivre un événement ne signifie pas savoir l’analyser et en tirer un enseignement. Le simple fait, par exemple, de commettre
une erreur ne constitue pas en soi et automatiquement le moyen de l’éviter ensuite. Si par « expérience » on se réfère
seulement à l’action de nos sens censés nous mettre directement en rapport avec le monde, alors cette expérience ne peut
nous fournir des leçons et des repères qui demandent nécessairement l’intervention d’autres facultés comme la mémoire et la
réflexion (Hume d’ailleurs ne nie pas le rôle de la raison mais souligne que celle-ci doit s’appuyer sur l’expérience et ne peut en
être indépendante).
Les informations apportées par nos sens sont, de plus, par nature, particulières, ponctuelles, concernant une situation précise
que l’on peut au mieux généraliser « avec discernement » comme le souligne Hume. Or, « s’orienter dans sa vie » pour
l’homme, cela peut aussi vouloir dire s’orienter conformément à un idéal, à des principes universels, à des prescriptions morales
indépendantes de la variété des situations, en échappant ainsi au relativisme auquel conduirait le seul recours aux
enseignements issus des expériences vécues. Kant expliquait ainsi que la conscience morale indique à l’homme comment il
doit agir et ce « tu dois », cette obligation morale, constitue « un « fait de la raison » qui impose à l’homme de conduire sa vie
en allant parfois totalement à l’encontre des désirs qu’il éprouve. Par sa raison, l’homme ne peut être considéré seulement
comme un « individu » biologique mais comme une « personne », capable d’ « autonomie » (c'est-à-dire se donnant à ellemême
la loi) et par là digne de respect. Ainsi, le commandement « Agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans
ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin, jamais simplement comme un
moyen »(1) n’est pas une maxime susceptible d’être rectifiée au fur et à mesure de nos expériences, mais un « impératif
catégorique » susceptible aussi de nous guider dans la conduite de notre vie. Si l’on peut donc ici parler du devoir que notre
conscience nous ordonne de suivre catégoriquement comme d’une « expérience » morale, celle-ci n’est pas réductible à une
expérience sensible, contingente, particulière.
[Conclusion] L’expérience
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