Sujet 2011 Culture G Fee
Commentaires Composés : Sujet 2011 Culture G Fee. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresé suscitent. L’adulte refoulera ce sentiment et tentera de présenter une authenticité positive dans ce contexte culturel en mouvement, qui mythifie la jeunesse et dévalorise le vieillissement, le contourne et l’évite. L’ambiguïté inhérente à la venue de l’enfant est patente. La journaliste Claire Brisset évoque dans son livre, un monde qui dévore ses enfants, les dieux de la mythologie aux prises avec l’enfant dans le combat pour l’éternité. L’enfant est source de fierté, il projette l’adulte dans l’avenir, dans la continuité de l’histoire humaine, dans le registre de la transcendance. Le père, en acceptant de reconnaître l’enfant, de lui donner son nom, l’inscrit dans son histoire familiale, par le biais de la filiation, et le fait accéder à une part d’éternité. La mère, unie à l’enfant, en s’en déliant physiquement, est reconnue comme l’actrice principale, en même temps qu’elle doit, progressivement, se distancier de cette situation particulière qu’est la grossesse et qui l’a définie pendant neuf mois. Elle doit accepter que l’histoire de l’enfant lui succède et l’inscrive, elle aussi, dans l’éternité. Si pour le père et pour la mère le bébé est symbole de fierté, de regénérescence (à condition qu’il se révèle conforme aux « normes » médicales socialement en vigueur), il est aussi le symbole d’un achèvement. Il constitue la relève et représente ainsi la fin d’une étape. Or, l’acceptation philosophique de la limite n’est pas si facile. La force intérieure et l’équilibre psychique doivent être individuellement suffisamment développés pour accepter cette notion de limite, afin de permettre à un troisième être, aussi adorable soit-il, de prendre sa place. (…) Concevoir un enfant dans un contexte marqué par la recherche d’excellence comporte des risques : l’écart entre l’enfant réel et l’enfant imaginaire peut constituer un fossé de plus en plus difficile à compter. Des rituels d’accompagnement et d’initiation à l’entrée et au suivi de la parentalité devraient pouvoir se développer afin de favoriser une meilleure acceptation de l’enfant par les parents et une meilleure prise de responsabilité. Car accepter l’enfant tel qu’il est n’est pas facile. Lorsque l’individu devient parent, ce sont ses ressources individuelles qui sont sollicitées. Avant l’industrialisation, lorsque la référence à la communauté était prévalente, l’histoire de l’enfant était toute tracée. S’il survivait, son arrivée à maturité représentait une garantie pour l’avenir. Cela n’a désormais pas le même sens : les rapports entre les générations n’intègrent pas la même solidarité familiale qu’autrefois, les conditions de la retraite et les organismes spécialisés ont changé.
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La confusion des places 40 Il est attendrissant de constater que dans les faire-part de naissance contemporains règne une confusion des places telle qu’il est parfois difficile d’identifier les parents, la petite sœur ou le grand-frère, et le nouveau-né. Tout le monde semble en apparence appartenir à la même génération. Le nouveau-né annonce qu’il est en pleine forme, la grande sœur qu’elle est fière… La réponse à la devinette apparaît, au bas du faire-part, en petits caractères : le prénom des parents et leur adresse. On est loin des faire-part de naissance qui passaient en revue une partie de la généalogie familiale. La distinction entre générations. À l’inverse, les traumatismes interrompent la transmission car ils ne peuvent pas être scénarisés et figurés dans la psyché1 : ils ne peuvent faire l’objet d’une narration et restent présents comme des blessures non cicatrisées, non mentalisées, corps étrangers dans le corps qui poussent à la répétition pour décharger la tension et la souffrance qu’ils maintiennent.
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Christine Castelain-Meunier, Pères, mères, enfants (1998)
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Qui concerne l’esprit, la pensée, l’âme.
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Philippe Geluck, Entrechats (1999)
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Le désir d’affiliation existe-t-il encore ? Ce que les acteurs contemporains reprochent à la famille, c’est surtout sa fonction d’assignation1, son caractère obligatoire qui enferme chacun dans des rôles et des allégeances2 non discutables. Avec la montée de l’individualisme, soulignée par tant de sociologues, la norme qui semble s’imposer est celle de l’élection, de la gratuité et du libre arbitre. Mais les individus refusent-ils pour autant de se réclamer d’une famille ? Le lien familial est-il vraiment devenu un lien comme un autre, fragile et révocable ? Pour savoir si le lien de filiation a gardé encore une spécificité, Jean-Hugues Déchaux a analysé la façon dont les individus gardent la mémoire de leurs aïeux décédés, lors de la fête de la Toussaint. Contrairement à ce qu’on aurait pu penser, l’individualisme n’a pas conduit à la disparition du souvenir des morts. On conserve, on fête et on ravive encore de nos jours le souvenir de nos parents décédés. Ce constat peut sembler paradoxal, mais Jean-Hugues Déchaux nous explique bien que cette survivance de la mémoire provient de la nécessité de se construire une identité : « Le symbolisme de la filiation procure au sujet une sécurité ontologique3 d’autant plus précieuse qu’elle est mise à mal par l’évolution de la société. » On n’existe qu’à partir de quelque chose. Or, repenser à ses ancêtres, perpétuer leur souvenir revient à s’inscrire dans une histoire, une chronologie qui permet de s’ancrer dans une réalité stable, perpétuelle et anhistorique. Se souvenir permet de conjurer l’angoisse de la mort, de s’inscrire dans une filiation et, surtout, d’affirmer son identité. Il est donc difficile d’être soi dans sa vie familiale sans pouvoir s’approprier une mémoire. Or, cette nécessité de se créer une origine est une caractéristique relativement récente, comme le montrent les débats actuels sur l’accouchement sous X. L’accouchement sous X, qui consiste en un accouchement anonyme suivi de l’abandon de l’enfant auprès d’institutions médicales, est reconnu par le Code civil en 1993. Mais on est passé en l’espace de dix ans de la légalisation de cette forme d’abandon à sa remise en cause profonde. Pour Cécile Ensellem, ce retournement s’explique par la capacité des défenseurs de l’« accès aux origines » à soutenir l’idée que l’abrogation de la loi est nécessaire pour tout le monde. Beaucoup craignaient, en effet, que la possibilité pour un enfant adopté de connaître l’identité de sa mère biologique ne fragilise la position de la famille adoptive. Les opposants à la loi sous X expliquent, au contraire, que le fait que l’enfant adopté sache d’où il vient lui permettra de se construire dans de meilleures conditions. Le droit d’accès aux origines serait le garant du bien-être des familles d’accueil et de l’enfant adopté. Il est nécessaire, pour tout le monde, de connaître et de se voir reconnaître ses origines biologiques. Mais cette nécessité d’affiliation ne concerne-t-elle que des parents liés par le sang ? Bérengère Véron a montré, dans une étude sur les familles recomposées, qu’un enfant pouvait accorder à son beau-parent une place dans sa mémoire biographique aussi importante que celle qu’occupe un vrai père ou une vraie mère. Pourtant, cet attachement presque filial au beau-parent n’engendre pas d’affiliation avec la famille du beau-parent.
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Fait de déterminer, fixer, de façon autoritaire. Soumission (au Moyen-Age, allégeance du vassal envers le suzerain). 3 Une assurance sur son être.
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L’enfant n’a pas le sentiment d’appartenir à cette famille par alliance et préfère s’inscrire dans les lignées de ses parents biologiques. Il y a donc une forme d’idéologie du sang dans ce désir d’affiliation qui s’exprime aujourd’hui. Mais les individus disposent d’une certaine marge de manœuvre. Ils choisissent, parmi leurs aïeux,
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