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e de Sainte Colombe, s’en aller pour toujours, Madeleine propose à Marin Marais d’être son professeur et de lui enseigner tout ce que son père lui a apprit. « Je vous enseignerai tout ce que mon père m’a appris » (pp 69-70) C’est à ce moment précis que l’aîné des deux soeurs et Marin Marais s’embrassent pour la première fois, signant silencieusement leur accord et, par ailleurs, la fin assurée de Madeleine et par conséquent, celle de Sainte Colombe. Le bris de la viole signe réellement le début de la relation qu’entretiendront les deux jeunes gens et leur collaboration dans la musique ; Madeleine étant l’initiatrice de Marin. Cependant plus ce dernier apprend d’elle, plus il se rapproche de la vie qu’il souhaitait en devenant, par exemple, rapidement « Musicqueur du roy » et donc, parallèlement, s’éloigne de Madeleine.

La viole étant un instrument aux formes arrondies et souvent ornée d’une jolie tête de femme en son bout, elle a souvent été comparée au corps d’une femme que les violistes tenaient entre leurs mains. Cette idée, permet donc d’avancer que Marin Marais ait pu ressentir l’acte de M. de Sainte Colombe comme le meurtre d’une personne chère à son cœur. Ceci laissant à nouveau le deuil planer sur l’œuvre et autour de la vie de Sainte Colombe.

Dans les scènes qui suivent le bris de la viole, il est possible même de voir Madeleine comme un substitut à la viole perdu de Marin Marais. M. de Sainte Colombe ayant brisé l’instrument en mille morceaux, Madeleine, sa fille, s’offre à Marin Marais toute entière et de toute les manières. Il serait facile de faire le rapprochement entre le don de la petite bourse empli de pièce que jette M. de Sainte Colombe à Marin Marais au fait que Sainte Colombe ait laissé sa fille s’offrir à ce dernier. En outre, l’amour, tel qu’il est évoqué dans le roman, n’est pas porteur de vie : Il est voué à l’échec ou à la mort. Ce qui ramène à nouveau au bris de la viole est à l’un des thèmes principaux de l’œuvre : Le deuil.

Ainsi la scène du bris de la viole contrairement à la première idée reçue est loin d’être bénigne pour les personnages. Elle va, petit à petit, diviser et mener chacun d’entre eux sur leurs propres quêtes et leurs propres destinés, quelles soient bonnes ou mauvaises. Elle offre aux personnages des choix qui domineront la suite des événements. Comme M. de Sainte Colombe, qui, en brisant l’instrument de Marin Marais, outre le fait de lui signifier qu’il n’est pas digne de l’enseignement et des connaissances dont-il dispose, pousse sans le vouloir sa fille dans un engrenage fatal qui lui fera perdre la raison et, par la suite, la vie. Ce faisant, par tout ce qu’elle apporte, cette scène peut donc, être considérée comme un épisode clé de l’œuvre.