Les limites de la démocratie délibérative

Alexis de Tocqueville dans son ouvrage De la Démocratie en Amérique (1835) évoque « la tyrannie de la majorité » concept selon lequel une majorité prendrait des décisions au nom de tous oubliant une partie de la population.

C’est pour lutter contre cette tendance que se développent en France dans les années 1960 des nouvelles formes de démocratie ayant pour but d’impliquer directement tous les citoyens dans le processus de décision. Une de ces nouvelles formes particulière de procédure démocratique est la démocratie délibérative qui repose sur la confrontation publique et l’écoute des avis des citoyens, des élus et des experts, avant la prise de décision. Cette forme de démocratie amène les élus à demander un avis aux citoyens avant de prendre une décision et permet à ces derniers de prendre part au débat public.

Cependant il existe des limites à la démocratie délibérative : quelles sont-elles ?

Premièrement nous nous pencherons sur les limites au renforcement de la démocratie délibérative puis nous verrons que cette nouvelle forme de démocratie peut déstabiliser la démocratie représentative.

I) Les limites au renforcement de la démocratie délibérative

A) Le renforcement de la démocratie délibérative doit impérativement découler d’une volonté politique or il est moins hasardeux pour le pouvoir politique de prendre des décisions via la procédure démocratique classique plutôt que de se confronter directement aux citoyens. Pour que ces derniers puissent prendre part au débat et donner leur avis il faut que le pouvoir politique le décide. C’est le cas par exemple du Grenelle de l’environnement en 2007 qui a eu lieu en raison « d’une volonté politique très forte de la part de Nicolas Sarkozy » et non de la volonté des citoyens (document).

B) En théorie tous les citoyens peuvent participer aux débats propres à la démocratie délibérative. Cependant dans la pratique seuls les citoyens avec des connaissances solides pourraient prendre part dans le processus décisionnel et certains se retrouveraient donc plus écoutés que d’autres. En effet les réunions ne déplacent qu’une minorité de citoyens déjà sensibilisés aux affaires publiques. De plus se poseraient des questions sur les acteurs participants au débat. Certains métiers sont-ils plus représentés ? La parité est-elle respectée ?

Au Grenelle sur l’environnement seuls 20% des citoyens participant au débat étaient des femmes (document).

II) La démocratie délibérative peut déstabiliser la démocratie représentative

A) La participation directe des citoyens dans le processus décisionnel amène à se questionner sur la légitimité des représentants élus. Ces derniers