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L’inspiration artistique sculpturale mêlée à la Foi catholique jérômienne

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Par   •  4 Avril 2016  •  Analyse sectorielle  •  2 568 Mots (11 Pages)  •  1 001 Vues

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L’inspiration artistique sculpturale mêlée à la Foi catholique jérômienne

Par Loïc Barsalo

Artistes ; Matthieu Brouillard, Michel Dallaire, Jocelyn Gasse, Carl Trahan, Gilles Morissette, Emmanuelle Léonard, Brandon Vickerd, Daniel Erban, Roberto Parodi, Alan Glass, Pierre Leblanc, Antoine Louis Barye, Antoniello de Messine et 2 artistes inconnus

Lieu d’exposition ; Musée d’art contemporain des Laurentides à la Maison de la Culture Claude-Henri-Grignon, au 101 place du Curé-Labelle, Saint-Jérôme (Qc) J7Z 1X6

Titre de l’exposition ; «Jérôme, le saint»

Délai de présentation ; du 20 février au 08 mai 2016

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En ce moment, du 20 février au 08 mai 2016, le Musée d’art contemporain des Laurentides présente l’exposition « Jérôme, le saint », dans ses locaux situés à la Maison de la culture Claude-Henri-Grignon à Saint-Jérôme. Promouvant comme thème l’histoire ainsi que les traits et les attributs divins du moine guérisseur catholique «Jérôme de Stridon ⎯ Saint Jérôme», l’exposition regroupe trente-deux œuvres de toutes sortes créées par une quinzaine d’artistes. Méconnu de beaucoup de Québécois et résidents de la ville nommée en son honneur, Saint Jérôme fut un Père latin ecclésiastique surtout célèbre pour avoir traduit une version grecque de la Bible en Vulgate[1] lors de la période allant de l’an 390 à 405. La raison pour laquelle il voulut accomplir cet exploit littéraire fut dans l’intention de fournir l’usage de l’Ancien Testament à davantage de pratiquants catholiques. Saint Jérôme joua aussi le rôle d’un personnage clérical clé dans la transmission de la doctrine de «l’ascétisme», soi-disant un système de règlements religieux visant le développement de la vertu et de la force de caractère de l’homme par le sacrifice et la renonciation à l’assouvissement aisé des besoins vitaux, un attribut propre à l’instinct animal[2]. Cela, afin que l’homme puisse mourir en ayant retrouvé la liberté de son âme spirituelle une fois après avoir repris son instinct animal dans son for intérieur, son instinct datant de jadis. Voici la raison première pour laquelle la représentation visuelle de Saint Jérôme fait toujours figure d’un vieillard barbu, semi-nu, solitaire, maigre, étant ad vitam aeternam en processus de mortification et toujours entouré de « mementos moris[3] » évoquant la fragilité de la vie humaine, tel le crâne se trouvant dans le panneau de gauche du retable de Pierre Leblanc. Sans oublier que dans toutes ses représentations visuelles Saint Jérôme est constamment vêtu d’une cape rouge (la couleur liturgique représentant le sang et le sacrifice de soi pour le bien d’autrui[4]). L’allure torturée et concentrée qui lui est affligée sert à démontrer l’angoisse incessante qu’il ressentit à douter de la réussite de sa mission et exprime sa croyance envers Dieu. Les deux autres symboles emblématiques associés à l’être qu’est Saint Jérôme sont ceux de l’animal qu’est le lion et du livre qu’est la Bible. C’est tout simplement en raison que la traduction de la Bible fut son plus grand exploit accompli à vie, qu’on lui attribue ce symbole. C’est également en raison de la légende laissant présager que Jérôme de Stridon fut un saint-guérisseur qui remit sur pied un lion mourant dans le désert en lui enlevant une écharde coincée dans une patte qu’on attribue à ce moine la symbolisation de cet animal.

À l’égard de la thématique remémorant le caractère saint de ce Père latin, l’exposition comporte deux œuvres magistrales, très distinctives et de grandes dimensions ;

  • Le Retable du sculpteur Pierre Leblanc
  • Un triptyque photographique non titré du photographe Matthieu Brouillard

En tant que sculpteur professionnel âgé de 69 ans, Pierre Leblanc est avant tout l’élève de trois réputés artisans-sculpteurs québécois[5]. Après avoir été refusé à l’école des Frères du Sacré-Cœur à Verdun ainsi qu’à l’École des beaux-arts du Québec pour son comportement détestable de jeune tannant, c’est grâce au fait d’avoir été l’un des élèves de trois grands maîtres de la sculpture québécoise ; Armand Vaillancourt, André Fournel et Robert Roussil, si Pierre Leblanc est aujourd’hui rendu une figure de notoriété dans le domaine du sculptage. C’est en ayant appris toutes les techniques de travail sur le tas par la grande expertise des assistants de chacun des grands maitres, des vraies gens du métier, que Pierre Leblanc acquit la grande dextérité et l’habileté nécessaire à la création et au façonnement d’œuvres grandiose comme celle constituant son retable[6]. Représentant toujours un agencement de panneaux peints ou sculptés et ornés de motifs figurant à l’arrière d’un autel d’église, le retable de Pierre Leblanc, lui, représente une sorte de toile artistique sculptée en relief par la superposition de plusieurs couches d’épaisseurs donnant un effet de profondeur de champ à l’œuvre. Comportant trois panneaux métalliques faisant d’elle un triptyque, cette murale sculpturale ecclésiastique rend hommage au retable d’Issenheim du défunt grand peintre allemand Matthias Grünewald mort en 1528[7] et du trépassé designer graphiste contemporain new-yorkais Keith Haring décédé en 1990, le même designer graphiste qui peintura le monument du mur de Berlin et qui fut ami d’Andy Warhol[8]. Ayant été façonnée au domicile du sculpteur dans la région de Val-David en 2011, cette toile produite en plusieurs dimensions par la juxtaposition de différentes couches d’épaisseur est faite d’aluminium, poli au grinder ou à la sableuse et oxydé au chalumeau. Ce retable expose la crucifixion du Christ dans un contexte où une spirale, le symbole judéo-chrétien représentant le souffle de la vie englobant l’univers, propulse l’âme du Christ vers Dieu. Cette fresque métallique fait aussi mention que malgré la mort du Christ la vie prendra de l’expansion, puisque l’œuvre comporte la représentation de l’arbre de la vie, ainsi que celle d’une spirale de grande taille symbolisant l'éternité, l'innocence et la renaissance.[9] Une autre preuve prouvant que Pierre Leblanc s’est grandement inspiré du retable d’Issenheim peint par Matthias Grünewald vient du fait qu’à l’intérieur des deux retables se trouve la même représentation de Saint Jérôme. Toujours vêtu d’une cape rouge, étant barbu, mais cette fois-ci à l’allure plus rajeunie, Saint Jérôme y est représenté dans la même posture. Dans les deux retables, le fait que Saint Jérôme pointe le Christ d’un doigt en soutenant la Bible de l’autre main ne constitue pas un hasard. Le fait que Saint Jérôme soutienne la Bible en même temps qu’il pointe le Christ de son index droit évoque le dynamisme de l'espérance de vie que le Nouveau Testament de la Bible, traduit par Saint Jérôme, remportera le combat face au mal et à l’intensité de la douleur ressentie par le Christ lors de sa crucifixion. Telles étaient les convictions et croyances transmises par Saint Jérôme à ses croyants et dévots. C’est ainsi, par l’intégration d’une reprise de la représentation de Saint Jérôme peinte dans le retable d’Issenheim de Grünewald, que Pierre Leblanc rend hommage à ce défunt peintre.

D’autre part, Pierre Leblanc s’est également inspiré du retable de Keith Haring pour concevoir le sien. Les principaux points de ressemblance proviennent du fait que les deux retables ne sont fabriqués que de métaux (d’aluminium et de bronze recouvert de fines feuilles d'or blanc)[10], qu’ils forment chacun un triptyque et, qu’à l’intérieur de chacun, l’énergie et l’innocence soient représentées par deux symboles distincts :  un bébé rayonnant soutenu par un ange tentaculaire et une spirale sacrée au cœur de laquelle se trouve un arbre en parfaite santé. L’eau y est également représentée sous ses deux formes les plus opposées : en petite averse (six gouttes d’eau sous le saint bébé) et en déluge (par des tombées de pluie aspergeant tout sur leur passage). À part cela, on peut aussi percevoir que les deux retables illustrent le Christ à des âges différents, lors de sa crucifixion et de sa naissance, et découvrir que les quatre anges acrobates gravés sur le retable de Keith Haring font allusion aux représentations de saint Jean-Baptiste, de la vierge Marie, de saint Jean l'évangéliste, et de Marie-Madeleine[11] peintes sur le retable d’Issenheim. Autrement, les retables de Pierre Leblanc et Keith Haring ne se ressemblent pas plus que cela, car le retable de Keith Haring possède des traits beaucoup plus graphiques, moins détaillés et moins réalistes que celui de Pierre Leblanc.

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