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Inspiration

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a grandeur divine, un miroir de la sensibilité, et une invitation à méditer.

Premièrement, la nature montre les choses telles qu’elles le sont dans l’ordre de l’univers, par opposition aux créations humaines produites par l’art et la technique. Au XVIIIe siècle, Rousseau a développé cette idée que la nature sauvage offrait aux âmes sensibles un refuge contre la cruauté et la bêtise de la société. Face aux conséquences de la première Révolution Industrielle qui contribue à polluer les villes et à river l’homme à la machine, la nature symbolise à leurs yeux la liberté, la pureté et la paix. On retrouve ce thème chez les romantiques, et en particulier dans les poèmes de Vigny [3]. Une telle conception de la nature privilégie de fait les paysages sauvages, dénués de toute trace d’activités humaines.

Dans ce sens, la nature devient un lieu de repos et de recueillement ; en s’y arrêtant, on oublie la société et toute trace de vie mondaine. Il est d’ailleurs inhérent à l’esprit romantique de se confier plus aisément à la nature qu’à un ami en chair et en os. Par exemple, la nature est un motif récurrent dans Le Vallon de Lamartine ; un lieu de repos et de paix loin de l’agitation des hommes et qui se traduit par les images de l’asile et la nécessité de protéger la nature [4]. De même, Nima, dans L’histoire pâle [5], fuit la corruption des villes (la religion, la politique…) pour se réfugier dans la nature et, à l’instar de Jean-Jacques Rousseau, admirer les vertus d’un homme primitif non corrompu par la "civilisation" [6].

En outre la nature est, pour plusieurs poètes du début de XIXe siècle, l’incarnation la plus tangible de Dieu. C’est par elle que le divin manifeste le mieux sa grandeur. ہ l’exception de Vigny, pour qui Dieu a abandonné les hommes à leur sort, la majorité des romantiques interprètent la complexité et la splendeur de la nature comme une preuve de l’existence d’un Créateur divin. Chez Lamartine tout comme chez Chateaubriand, la splendeur d’un paysage manifeste la puissance divine. Hugo, pour sa part, n’est pas loin du panthéisme en ce sens qu’il a tendance a faire de la nature non plus un reflet de Dieu, mais Dieu lui-même. Le paysage prend alors un aspect cosmique. Sans doute la foi en Dieu prend-elle ici une nouvelle forme, et c’est souvent en évoquant la nature ou l’intensité des expériences délivrées de tout attachement terrestre tel que l’amour ou l’inspiration poétique, que les artistes ressentent désormais la puissance divine. Vigny exprime cette idée à travers le rapprochement entre "le vallon", "havre de paix" et la "fin de la vie", qui apporte un apaisement. Les allusions aux déceptions reviennent aussi a plusieurs reprises, notamment au travers de l’emploi d’expressions telles que "faux biens" du monde, "l’amitié te trahit", etc. La nature est donc un univers permettant de rejoindre Dieu et d’atténuer les souffrances et les désillusions de l’existence.

De plus, le poète romantique projette sa subjectivité et son état d’âme sur la nature et lui prête une vie, des sentiments, et ce au travers du procédé stylistique de la personnification. Selon l’humeur du spectateur, un même paysage paraîtra amical ou indifférent. Nulle formule ne résume mieux cet aspect que celle de l’écrivain suisse Amiel : "Un paysage quelconque est un état de l’âme." Ainsi, décrire la nature pour les romantiques revient toujours à écouter battre leur cœur. Néanmoins, pour la plupart des romantiques, le spectacle de la nature reconduit avant tout à l’Homme lui-même : l’automne et les soleils couchants deviennent dès lors des images du déclin de nos vies, alors que le vent qui gémit et le roseau qui soupire symbolisent les propres émotions du poète. C’est bien là le signe à la fois de l’éloignement des romantiques de tout univers social et de leur goût prononcé pour la méditation ainsi que pour un retour sur soi que la nature, tel un miroir, ne ferait que favoriser. Dans Le vallon, Lamartine évoque une nature "qui t’aime" et "t’entoure". La communion profonde existant entre cette nature protectrice et la sensibilité du poète est révélée par l’emploi de verbes soulignant l’adaptation, "suis le jour, (…) suis l’ombre". En outre, dans son poème Tristesse d’Olympio, Victor Hugo utilise, dans ses descriptions de la nature, un vocabulaire habituellement réservé aux êtres humains [7]. Les différents éléments de la nature sont alors animés d’une vie et pourvus d’une âme, d’une volonté : la nature vit, les oiseaux parlent. De même, dans L’automne, Lamartine établit un rapport affectif entre le poète et la nature : le poète "salue" la nature comme une personne vivante et il lui sait gré de s’accorder à ses propres sentiments : le paysage d’automne "convient" à son état d’âme. La structure symétrique de la dernière strophe [8] traduit ce parallèle entre âme et nature.

Parmi les poètes romantiques persans, Nima comprend bien la sensation des éléments naturels et il établit un lien direct entre lui-même et la nature [9]. En d’autres termes, dans ses poèmes, la nature comprend l’homme [10]. Ainsi, dans son poème L’oiseau d’Amine [11] , il parle encore de l’entente de l’homme et de la nature. Ce poème cherche à relier les hommes les uns aux autres et la nature a ici un rôle libérateur. Cette vision de la nature est tout à fait différente chez les poètes classiques persans et ressemble plutôt aux poèmes de Lamartine. Ainsi, Le Lac présente la nature comme étant la confidente et la compagne de l’homme [12]. Le lien entre le lac et les sentiments des amants se révèle au travers de plusieurs allusions et images qui font du lieu (la nature) un endroit unique et salvateur [13]. Dans ces poèmes, la nature joue le rôle d’un ancien camarade à qui le poète se confie. De même, Nima présente la nature comme une personne vivante. Selon lui, le poète doit chercher le sens de ses états d’âme en effectuant

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