Bovary
Note de Recherches : Bovary. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresito ergo sum ". Homais regarde les fœtus et prononce ces paroles : " Est-ce que je ne serais pas l’invention d’un petit paltoquet qui m’a inventé pour faire croire que je n’existe pas ? " C’est ainsi que Flaubert met un terme au réalisme dans Madame Bovary et proclame qu’il n’est pas réaliste non plus, que son livre est bien un livre sur rien.
D’abord, Flaubert critique son époque, " Il faut que j’entre dans des peaux qui me sont antipathiques " (Correspondance 06.04.1853 à Louise Colet). C’est par l’ironie et le grotesque qu’il attaque les mœurs de province, en particulier les bourgeois. De Charles, il critique la médiocrité présente au tout début du livre " un nouveau habillé en bourgeois " en contraste avec " des poignets rouges habitués à être nus " (p. 47), ainsi qu’il " les (les leçons) écouta de toutes ses oreilles " (p. 49), décrit un pléonasme voulu pour accentuer le ridicule. Ce début évoque aussi le fait que Charles est placé à l’écart simplement par le style de l’œuvre, les italiques, " un nouveau " et " c’était là le genre ". (p. 48 - 49). Son ridicule, sa mise à l’écart ainsi que sa médiocrité apparaissent à tout moment dans l’histoire, son idéal est la paysannerie, son style de vie, la campagne (p. 162). Charles éprouve aussi beaucoup de difficultés à s’exprimer, même à prononcer son propre nom " d’une voix bredouillante, un nom inintelligible " et plus loin, " Charbovari " (p. 49). Cette insuffisance traduisant sa médiocrité s’étendra à toutes ses actions, sa profession; Charles étant médecin " appelait au secours " (p. 284) quand Emma s’évanouit. De même, il ne sait que faire lors de la gangrène d’Hippolyte à part recommander la diète (p. 252) et doit s’en remettre à M. Canivet qui devra pratiquer l’amputation d’une jambe du pauvre garçon d’écurie. Enfin, à la fin de l’œuvre, Charles Bovary n’arrive pas à sauver sa femme s’étant empoisonnée à l’arsenic. Depuis le début du roman, il est en échec, son nom d’abord est associé à " bovin ", il est soumis à l’autorité de sa mère et de sa femme et passe plus pour une femme que pour un homme en perdant son côté de domination. Ses très brèves apparitions dans l’histoire démontrent une fois pour toute son cuisant échec ainsi que sa dépouille qui est vide (p. 446).
Sur Emma, Flaubert porte un regard très critique, il l’accuse de se faire influencer par les romans, de penser que le bonheur est géographique. Cette influence2 littéraire dont Emma n’est pas entièrement responsable, la conduira à son bovarysme, à cette « évasion dans l’imaginaire par insatisfaction » (J. de Gaultier, Le Petit Robert). Flaubert se sert d’elle pour montrer l’exemple grotesque d’une bourgeoise de son siècle avec sa multitude d’amants dont aucune de ces aventures n’aboutira à une fin heureuse. Ainsi elle finit sa vie par un accès de folie en voyant l’aveugle, ultime défi cruel aux gens qui l’ont menée à sa perte. Perte magnifiquement représentée par le flot d’encre noire qui s’écoule de sa bouche qui montre les livres qu’elle a accumulés, ce romantisme, ce bovarysme.
Flaubert s’attaque aux autres personnages du roman, Lheureux, personnage avare qui pousse les Bovary à la ruine et ne pense qu’à son propre profit; Rodolphe, l’image du bourgeois, qui parodie l’amour mais en vérité, c’est du à son amour inatteint. " Je ne peux pas m’expatrier, avoir la charge d’une enfant " (p. 276). Ses paroles jouent pour lui un rôle psychologique, " pour s’affermir davantage " (p. 276) ; Léon, le lâche, avec un manque d’initiative, " charmant " (p. 162), mais sans caractère. Homais, le grand Homme, le pharmacien qui écrit en lettre d’or le nom de sa pharmacie. Le Représentant de la Bêtise humaine et du Dictionnaire des idées reçues. C’est le personnage antipathique par excellence et le reflet même de l’Homme comme son nom l’indique (homo), de plus il sera récompensé par la croix d’honneur (p. 446), dernier propos ironique que présente Flaubert. Tous ces vices, traduisent en effet le regard de Flaubert sur cette hideuse réalité. Par tous les défauts s’accumulant sur les bourgeois en contraste avec le bal de la Vaubeyssard qui, lui, relève déjà plus du sublime.
La personne voyant bleu est Emma, elle vit dans un autre monde, son histoire commence par " Elle avait lu Paul et Virginie " (p. 84), elle se poursuit par l’épisode du couvent où Emma emprunte, à une vielle fille, des romans que Flaubert décrit négativement. " Ce n’étaient qu’amours, amants … pleurent comme des urnes " (p. 87). Ces romans inciteront Emma à vivre dans un autre monde, avec ses amants et à trouver Charles médiocre parce qu’il ne remplit pas les critères des héros de ces mêmes livres. Ses lectures conduiront Emma à être tiraillée entre " l’amour mystique et terrestre " comme dans la Tentation de Saint-Antoine. Un fossé s’est bel et bien creusé entre ce rêve romantique et la triste réalité. Flaubert lui fait régurgiter ses lectures, son reste de romantisme, son poison " cet affreux goût d’encre continuait " (P. 408). Enfin, il lui fait perdre sa vision « bleue » en voyant l’Aveugle, chantant ignoblement la vie d’Emma, de l’enfance innocente à trépas en passant par « le jupon » symbole de son bovarysme.
En dernier lieu, le reste des personnages bourgeois, que ce soit Homais ou Lheureux, voient bête. Ce dernier nommé représente la cruauté, le profit personnel, l’avarice et l’inhumanité envers ses « clients ». Il vend ses articles à des prix élevés, à la pauvre Emma qui n’est pas assez lucide pour se rendre compte que le « vicieux » profite de sa faiblesse psychologique. Homais, lui, est un original, dans le mauvais sens du terme, il pense se trouver seul dans son camps et tout le monde contre lui " Ah ! Vous trouverez bien des
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