Brise marine de Stéphane Mallarmé
Dissertations Gratuits : Brise marine de Stéphane Mallarmé. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresle Geneviève naît à Tournon le 19 novembre 1864.

En lisant Hegel, Mallarmé a découvert que si « le Ciel est mort », le néant est un point de départ qui conduit au Beau et à l'Idéal. À cette philosophie devait correspondre une poétique nouvelle qui dise le pouvoir sacré du Verbe. Par le rythme, la syntaxe et le vocabulaire rare, Mallarmé crée une langue qui ressuscite « l'absente de tous bouquets »[1]. Le poème devient un monde refermé sur lui-même dont le sens naît de la résonance. Le vers se fait couleur, musique, richesse de la sensation, « concours de tous les arts suscitant le miracle ». C'est avec Mallarmé que la « suggestion » devient le fondement de la poétique antiréaliste et fait du symbolisme un impressionnisme littéraire. Son œuvre est alors celle de l'absence de signification qui « signifie davantage » et le poète cherche à atteindre les « splendeurs situées derrière le tombeau ».
« La Poésie est l'expression, par le langage humain ramené à son rythme essentiel, du sens mystérieux des aspects de l'existence : elle doué ainsi d'authenticité notre séjour et constitue la seule tâche spirituelle. »
« (...) Qui parle autrement que tout le monde risque de ne pas plaire à tous ; mieux, de passer pour obscur aux yeux de beaucoup. (...) L'attrait de cette poésie tient à ce qu'elle est vécue comme un privilège spirituel : elle semble élever au plus haut degré de qualité, moyennant l'exclusion de la foule profane, cette pure joie de l'esprit que toute poésie promet.[2] »
Introduction du poème :
Le thème de l'ailleurs, du départ, du voyage parcourt le 19ème siècle comme l'obsession de la fuite et le refus répété du réel immédiat. Le poème que nous allons étudié, intitulé « Brise Marine », est extrait de Poésies, c’est un poème que Mallarmé écrit dans sa jeunesse. Il est composé de 16 vers en rimes plates. Dans le sillage de Baudelaire, Mallarmé exprime dans un élan lyrique comparable à un envol. Le dégoût du présent et l'appel irrésistible du large, des orages et de l'azur. Construit à partir de l'énumération de ce que refuse le poète, le texte est l'affirmation répétée qui ne conduit pourtant pas à un véritable départ. Le voyage rêvé apparaît ainsi comme la métaphore de l'inspiration. L'élan créateur est un appel vers une réalité autre, à la fois dangereuse et séductrice. Nous montrerons comment dans ce poème le voyage maritime souhaité prend, au-delà de ses justifications personnelles, une justification symbolique .
Situation de passage :
Nous retrouvons le refus de l’environnement actuel :Au vers 1, l’interjection « hélas » affiche une note de désespoir.Au début du poème, l'auteur exprime son désir de partir : impératifs, affirmations. L'ennui, la cause est mise en relief (avec la majuscule) plus tard dans le texte.Mallarmé fait deux affirmations : la première porte sur le manque de joie, de sensualité : « la chair est triste ». La seconde marque l’absence d’intérêt pour la lecture : sorte d’usure chez le poète. Il est blasé de l’expérience sensuelle et du monde des livres dont il semble avoir fait le tour
Il veut se couper d’une situation familiale :Au vers 8, Mallarmé emploie l’adjectif possessif de la 3ème personne pour parler de son propre enfant et l’article défini « la » pour qualifier sa propre femme.On retrouve également l'idée de lassitude.Sur le plan syntaxique : - triple occurrence de la négation « ni »- pronom indéfini « rien »- la conjonction de coordination « et » traduit une insistance- le passé composé traduit ici l’ennui contrairement au participe présent du vers 11
Tous les éléments qui pourraient le retenir soulignent cependant catégoriquement l’impuissance de ces liens. La seule solution est le voyage vers un ailleurs exotique.
Le voyage rêvé et voulu (=> avec la double exclamation "fuir! là-bas fuir!" + verbes partir) a des allures exotiques et baudelairiennes. L'image des oiseaux est révélatrice (elle implique la liberté). Le désir de partir est évoqué plusieurs fois dans le texte : récurrence du verbe « fuir » ; forte ponctuation qui traduit l’enthousiasme ; le futur négatif « ne retiendra » --> caractère irréversible.Ce voyage se passe donc dans les cieux, mais aussi dans la mer. Les deux sont d'ailleurs mélangés (" les oiseaux sont ivres d'être parmi l'écume inconnue et les cieux "). La mer
...