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Commentaire littéraire, L'Amant De Marguerite Duras

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p lexical de la flatterie « croît rêver/extraordinaire/jeune fille belle/va bien/très bien même/original/si jolie/ tout se permettre » et l’utilisation d’un langage courant respectueux « non merci » (l.8), «…vous ? » (l.13, vouvoiement) font penser à des clichés, des lieux communs et un dialogue banal.

Nonobstant, cette présentation traditionnelle du sujet ne s’accompagne pas d’un portrait détaillé des protagonistes. La vague description de ces derniers « L’homme élégant (…) la jeune fille aux feutre d’homme et aux chaussures d’or » (l. 1-3) ainsi que l’utilisation constante de pronoms personnels « Il lui demande (…) Elle ne répond pas (…) Elle attend. » créent un effet de distance par rapport à la scène, renforcé par le présent de narration qui donne au lecteur l’impression qu’il est un spectateur, qu’il observe la scène comme si ca ne lui concerne pas. Effectivement, la narration du passage est externe, de la même manière que l’est la narratrice. Néanmoins, elle intervient des lignes 6 à 8 « Il y a cette différence de race, il n’est pas blanc, il doit la surmonter, c’est pourquoi il tremble. » et à la ligne 10 « Alors il a moins peur. » pour transmettre les pensées du chinois et aux lignes 11 et 12 « Cela n’est pas la peine qu’elle réponde, que répondrait-elle. » pour exprimer celles de la jeune fille. La narratrice et donc omnisciente car elle va tantôt commenter ce qu’elle voit (narration externe), tantôt adopter le point de vue interne des deux personnages à des moments précis, juste avant la connaissance pour lui et juste après pour elle . L’effet produit est la sensation d’une progression de l’intrigue. Toutefois, ce n’est pas que l’alternance des points de vue narratifs qui donnent cet effet de progression au récit , mais aussi l’utilisation répétitive de l’adverbe alors au début de phrase pour donner une soudaineté et une organisation temporelle à l’histoire , de même qu’ attirer l’attention du lecteur sur certains événements. D’ailleurs trois étapes se succèdent pour montrer cette évolution. Premièrement, l’homme élégant s’approche de la jeune fille et lui offre une cigarette. Elle refuse poliment : c’est le passage des lignes 1 à 10 . Ensuite il la flatte « Alors il lui dit qu’il croit rêver » (l.11) mais elle ne répond pas. Finalement, il lui demande « mais d’où venez-vous ? » (l.13) et elle lui répond. C’est a partir de cette réponse que leur relation va évoluer. Ces trois étapes sont marquées par l’anaphore de la ligne 5 « Il ne sourit pas tout d’abord. Tout d’abord il lui offre une cigarette » pour la première, et par l’anaphore de l’adverbe alors pour les deux autres « Alors il lui dit qu’il croit rêver. » (l.11) et « Alors il lui demande : mais d’où venez vous ? » (l.13). Il faut noter aussi que l’anaphore de la première étape est symbolique car elle met l’accent sur le premier contact, sur le premier rapprochement entre les deux personnages. De même, Marguerite Duras utilise des phrases courtes tout au long de cet extrait pour mettre en valeur l’essentiel sous une forme spontanée, pour produire un effet d’accélération « Il vient ver elle lentement. C’est visible, il est intimidé » (l.3-4), et donner une priorité à l’action qu’à la pensée (phrases longues traduisent des pensées, des réflexions). Ce type de phrase donne aussi une puissance dramatique au récit « Elle ne répond pas. (…) Elle attend. ». Un autre procédé très important et qui est aussi présent dans tout le texte est le mélange des discours indirect, indirecte libre et direct. On les retrouves au sein d’une même phrase « Elle lui dit quelle ne fume pas, non merci » (l.8) ; «Il réfléchit et puis il dit qu’il (…) c’est bien ca, n’est-ce pas ? Oui c’est ca. » (l.15-18) ; « …une jeune fille comme elle l’est, vous ne vous rendez pas compte… »(l.21) ; « Il dit que le chapeau (…)….original…un chapeau d’homme , pourquoi pas ? Elle est si jolie, elle peut tout se permettre. » (l.23-25). En effet, ils sont entremêlés. L’énoncé étant coupé de la situation d’énonciation (il,elle), le discours dominant est le discours indirect, ce qui crée aussi un effet de distanciation. Pourtant, en insérant du discours indirect libre, Marguerite Duras donne une certaine fluidité et unité au récit ainsi que plus de spontanéité, de dynamisme et d’authenticité grâce au discours direct.

Ainsi, en fin d’analyse, on voit comment l’auteur renouvelle l’écriture narrative grâce à la fusion des trois types de discours (direct,

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