Commentaire la mort des amants
Mémoire : Commentaire la mort des amants. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresosent, ces deux extrêmes cohabitent très bien en ce poème où tout est joué.
Ainsi, le champ lexical de l'amour, de la volupté, composé de termes tels que « lits »,
« Divans profonds », « fleurs », « rose », et « cœurs » suggère une atmosphère douce, intime.
La mort fait régner, elle, une ambiance froide et triste grâce à des mots tels que « tombeaux », « long sanglot », « adieux », « miroirs ternis » et « flammes mortes ». Mais de nombreux termes peuvent être compris à double sens, ne faisant que suggérer la mort sans jamais vraiment la dévoiler pendant les deux quatrains. Ainsi, les « lits » peuvent tout aussi bien être un lieu amoureux que des lits mortuaires. Les « étranges fleurs », « les flambeaux » peuvent aussi faire référence à un enterrement... Mais il ne s'agit là que de très fins sous-entendus, qui, sans porter atteinte au caractère paisible du sonnet, unissent de façon étroite ces termes sur lesquels il est même possible de faire un jeu de mots significatifs : la mort,
« amor » ou amour en latin !
De plus, aux vers deux, la comparaison entre aimer et mourir est explicité par le comparatif
« Comme » rapprochant les « divans profonds », des « tombeaux ». Des rimes singulières sont également révélatrices. En effet, faire rimer « tombeau » avec « beau » ou « dernière » avec « lumière », ou encore « adieu » avec « joyeux » constitue de véritables antiphrases pour le commun des mortels !
Mais Baudelaire ose remettre en question les conceptions classiques et n'hésite pas à rapprocher l'éclair unique qu'est la fusion amoureuse et le « long sanglot » qui annonce la mort grâce au comparatif « comme » au vers onze.
Ce point cette communion, ces points communs et même cette similarité entre l'amour et la mort ne sont d'ailleurs pas si surprenants que cela.
Car ne dit-on pas que l'amour est une « petite mort » de par la perte de sa propre identité en l'autre ?
Mais, sans sa part de rêve et de mystère, ce poème ne parviendrait pas à fondre de manière aussi intense l'amour et la mort. En effet, de grandes brumes oniriques flottent tout autour de ce sonnet et Baudelaire quitte complètement l'aspect prosaïque de l'existence pour s'envoler vers les cieux en une perfection poétique et stylistique. De ce fait par les suggestions et les images incessantes qu'il met en place, le poète place ainsi « la mort des amants » sous le signe d'un symbolisme naissant ainsi, l'adjectif « étrange » pour désigner les fleurs souligne les différences qui subsistent entre la mort et la vie, plaçant cette mort sous le signe de l'incompréhension et du …. De même les vers dix et onze :
« Nous échangerons un éclair unique,
Comme un long sanglot tout chargé d'adieu. »
Sont très énigmatiques et l'emploi de l'adjectif « mystique » alourdit encore le mystère.
De plus, la musicalité du poème et l'assonance de nasales avec des termes tels
« tombeau », « étrange », « usant », « seront », « flambeaux » créent une profondeur, une douceur et une ambiance vague de rêve. En outre, la métaphore du vers six qui rapproche les cœurs de « vastes flambeaux » et les esprits des amants de « miroir jumeau » au vers huit va être repris à la fin du poème, créant une sorte d'écho et une symbolisation qui suffit à suggérer la réalité. En effet, les « miroirs ternis » ne sont autres que les esprits, et les
« flammes mortes » du vers quatorze que les cœurs. La poésie permet donc, tout en restant très évasif, de faire passer des messages par la force des images. Ce sonnet se double de ce fait d'un aspect hallucinatoire et envoûtant que seul le rêve peut parvenir à induire, et que Baudelaire utilise pour tisser des ponts mystérieux entre l'amour et la mort, car
« dormir c'est mourir un peu »...
Ainsi, c'est grâce à sa vision extrêmement positive de la mort que Baudelaire parvient à mêler amour et mort. Des liens très intenses sont sans cesse suggérés entre ces deux états, et ce grâce à un symbolisme onirique en quête de dimension céleste qui nous entraîne peu à peu loin du sol et de sa vulgarité. Mais bien sûr la mort n'est pas vide et n'est pas une fin en soi.
L'amour est, chez Baudelaire, un sujet délicat qui jamais ne le contente tout à fait. Mais la forme revisitée du sonnet mêlé à la modernité de la vision de la mort de Baudelaire vont permettre d'élever l'amour jusqu'à l'idéal du poète. La douceur, le luxe sont en effet omniprésents. Tout d'abord, « la mort des amants » est un sonnet tout à fait moderne car il est écrit en décasyllabes à deux hémistiches égaux qui introduisent donc une insolite douceur et un rythme binaire. De plus, les rimes ne sont pas embrassées comme dans un sonnet classique, mais croisées dans les deux quatrains, afin d'alterner rimes féminines et masculines et de créer pour l'oreille une certaine harmonie et quiétude. En outre, les sonorités et notamment les allitérations en [m.] comme dans le titre « la mort des amants » ou encore « flammes mortes », en [r] au vers un par exemple : « nous aurons [...] odeur légère », en [s] avec les termes « sous des cieux » et « seront de vastes » contribuent énormément à cette douceur de par leur musicalité longue tantôt nasale, liquide ou sifflante... Les odeurs quant à elles sont « légère », non animales, et entraînent donc, tout comme les « divans profonds » et les « fleurs » un sentiment de beauté douce propre au jardin originel.
De même, les couleurs du soir sont pastelles et non agressives : le « rose » et le « bleu », couleurs du bonheur paisible opposées à la traditionnelle noirceur que l'on associe à la mort ou au rouge sang de la dévorante passion amoureuse... L'emploi du pluriel lui est sans doute significatif de richesse, d'opulence.
De plus l'idée de plénitude est très présente comme le prouve l'emploi de l'adjectif qualificatif « plein », et le pluriel pour des expressions telles que « des divans profonds »,
« Des étagères ». On constate donc
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