Découvrir la science politique : préambule et introduction à la construction des problèmes publics
Commentaire d'oeuvre : Découvrir la science politique : préambule et introduction à la construction des problèmes publics. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Léa Michelet • 7 Novembre 2022 • Commentaire d'oeuvre • 1 063 Mots (5 Pages) • 321 Vues
Découvrir la science politique : préambule et introduction à la construction des problèmes publics
Préambule (1) : qu'est-ce que la science politique ?
La science politique est une discipline qui emprunte ses méthodes et ses concepts à la sociologie, l’histoire ou l’anthropologie (liste non exhaustive) pour les appliquer aux objets politiques. A l’image des sciences de l’éducation ou les sciences de l’information et de la communication, ce n’est pas une discipline qui dispose d’une épistémologie qui lui est propre. En science politique, nous allons donc explorer des archives (comme les historiennes), faire des entretiens ou passer des questionnaires (comme les sociologues), faire de l’analyse de discours (comme les linguistes), mener des observations participantes (comme les anthropologues) … en les appliquant à des terrains politiques.
Comme les autres sciences sociales, la science politique ne vise pas à produire des lois qui seraient valables universellement, en tout temps et en tout lieu : elle n’en est pas capable. En ce sens on dit que c’est une science de l’enquête et non une science de laboratoire. Elle peut mobiliser plusieurs dispositifs complémentaires pour décrire et comprendre le monde social. La généralisation n’est pas impossible, au contraire, mais elle doit être menée avec prudence et humilité.
Dans ce cours, mon objectif est de vous faire découvrir cette discipline à travers l’exemple d’une tradition de recherche ancienne et riche d’enquêtes de terrain, connue sous le nom de construction des problèmes publics. J’apprécie cette approche car elle permet d’illustrer la richesse de la science politique à travers des exemples auxquels on ne penserait pas forcément.
Préambule (2) : qu'est-ce que la science politique ? Feedback
…Quand on parle de science politique, on y associe souvent l’image d’hommes et de femmes politiques, d’électrices ou d’électeurs se rendant dans des bureaux de vote, de partis politiques (avec des slogans, des programmes, des candidates et des candidats…), des sondages… ou des mots comme démocratie, république, souveraineté. Bref, les grands mots de la science politique – et il vrai que sont des « classiques ».
Mais si je vous dis qu’une algue sur une plage, un sentiment comme la timidité, les ondes électromagnétiques, une matière grasse comme la margarine ou une maladie peuvent être aussi des objets d’étude pour la science politique, c’est peut-être plus inattendu… C’est pourtant ce que je vous propose d’aborder au cours de cette séance à travers l'étude des problèmes publics.
Introduction
1) Définir et comprendre les problèmes publics.
Depuis quand le tabagisme est-il perçu comme quelque chose de néfaste, contre lequel les pouvoirs publics doivent agir ? Et depuis quand considère que conduire en état d’ivresse présente un danger pour la collectivité ? A la suite de quelles circonstances l’exposition à l’amiante a-t-elle été identifiée comme un problème de santé publique ? Quelles sont les étapes et qui sont les acteurs ayant conduit à identifier la fibromyalgie comme une maladie à part entière ? Pourquoi l’électrohypersensibilité (EHS) ne bénéficie-t-elle pas (en 2020, en tout cas) d’une telle reconnaissance ?
A) Les problèmes publics comme construit social :
Contrairement à ce que l’on pourrait penser de primer abord, les problèmes de santé publique n’émergent pas naturellement, de par leur gravité supposée ou le nombre de personnes concernées, dans l’espace public.
Autrement dit, ce n’est pas parce qu’une maladie ou un phénomène sanitaire est potentiellement mortelle ou invalidante, qu’elle concerne plusieurs milliers ou dizaines de milliers d’individus, qu’elle fera l’objet de l’attention du corps médical, des associations, des médias ou d’une action publique.
Beaucoup de personnes tendent en effet à avoir une vision « naturaliste » ou « positiviste » des problèmes publics [Haxaire & Amouroux, 2011 : 136] : « Quand on parle aujourd’hui de maladies infectieuses, de tuberculose ou de sida, on voit tout de suite à l’œuvre des bactéries, bacilles ou virus et les infections qui se développent à l’issu de leurs transmissions. De la même manière, la consommation excessive de drogue ou d’alcool, la maltraitance infantile ou les désordres occasionnés par un choc psychologique grave, le stress post-traumatique, nous apparaissent comme de "véritables" troubles, des "maladies", malgré leur composante psychologique ».
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