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La Victoire de Samothrace

Commentaire d'oeuvre : La Victoire de Samothrace. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  27 Octobre 2021  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 409 Mots (10 Pages)  •  689 Vues

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LA VICTOIRE DE SAMOTHRACE

N° inventaire Ma 2369

Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines

SALLE 703

AILE DENON, NIVEAU 1

ESCALIER DARU

FICHE TECHNIQUE :

        L’œuvre que nous allons vous présenter s’intitule La Victoire de Samothrace. C’est une sculpture en marbre. Découverte par Charles Chamoiseau, ce dernier souhaitant s’attirer les faveurs de l’empereur Napoleon III, en avril 1863 lors de fouilles archéologiques menées sur l’île de Samothrace au nord de la mer Égée. C’est une découverte en plusieurs étapes car plusieurs équipes internationales d’archéologues se rendent à Samothrace : Charles Chamoiseau découvre le corps et le buste séparément avec les ailes ainsi que plusieurs blocs de marbres qu’il laisse à Samothrace ; des Autrichiens découvrent par la suite que ces derniers constituent la base en forme de proue d’un bateau lors de leurs fouilles entre 1873-1875, ils découvrent également le pouce de la main droite et un bout de l’annulaire; des fouilles américaines depuis 1938 permettent de trouver la main droite et l’autre bout de l’annulaire de la sculpture en 1950, découvert par Jean Charbonneaux, conservateur du musée.

C’est une œuvre lacunaire même si les découvertes faites par les autres équipes ont été envoyées au Louvre. On estime sa date de création au début du II° siècle avant J-C, pendant la période hellénistique, l’auteur reste aujourd’hui encore inconnu. C’est une œuvre colossale pesant environ 30 tonnes, en ronde-bosse qui fait dans son ensemble 5,57 m de haut, la statue mesurant 2,75 m ailes comprises, la base 2,01 m, le socle 0,36cm et la main droite de 27cm. Elle se situe aujourd’hui en haut de l’escalier Daru au musée du Louvre. Les vestiges sont présentés dans une vitrine placée dans l’escalier. 



DESCRIPTION :

Le monument se compose d’une statue représentant une femme ailée et d’une base en forme de proue de navire posé sur un socle bas. Elle ne marche pas mais s’apprête à atterrir, ses pieds frôlent tout juste la proue du navire.

I. La draperie : 

La statue porte une robe en tissu fin, un chitôn, qui descend jusqu’aux pieds, et tout cela est remonté d’une ceinture qu’on ne voit pas pour donner un effet plus court à la robe. Le repli qui est formé, descend jusqu’aux hanches, il est serré par une autre ceinture qu’on voit cette fois en bas des seins. L’ensemble de la robe est fluide et d’une grande habileté, la robe est plaquée contre le corps à cause du vent. Sur le ventre comme sur la cuisse gauche l’étoffe tendue est parcourue de plissures qui ondule et qui colle à la peau ; sur les contours de la taille, elle s’amasse en coulées de plis serrés ; devant la jambe gauche, des incisions en surface traduisent l’effet crêpelé du tissu léger. Les plis fins du chiton sont totalement opposés aux plis plus épais du manteau ou himation qui cache une grande partie de la robe. Le manteau, qui était maintenu enroulé à la taille, est en train de tomber du côté gauche. Il tombe en coulée de plis entre les jambes où l’étoffe s’accumule, se creuse, et glisse jusqu’à terre en laissant à découvert la hanche et toute la jambe gauche. On observe le manteau qui vole à cause du vent. Du côté droit, il tient encore sur la hanche et couvre la jambe jusqu’à mi- mollet. À l’arrière, l’autre pan du manteau ouvert vole derrière la cuisse gauche, et c’est l’envers de l’étoffe que voit le spectateur. 

Notion de mouvement : Tout d’abord, la statue se tourne légèrement vers la gauche. Le meilleur point de vue pour observer la statue et comprendre son mouvement se situe à trois quarts gauche car la statue produit tout son effet, et ses lignes de compositions deviennent évidentes. L’une est une grande verticale, qui monte le long de la jambe droite jusqu’au haut du buste. La jambe est droite, verticale, c’est sur cette jambe que repose tout le poids, l’autre ligne de composition, est en oblique, parcourt la jambe et la cuisse gauches pour remonter jusqu’au buste. C’est cette ligne qui donne tout son élan à la composition. En somme, il y a une impression de mouvement et de légèreté sur la statue qui pèse deux tonnes et fait 3m de haut. De plus, l’épaule et le sein droits sont soulevés, signe que le bras droit était porté en l’air. On peut voir sur la main droite qu’il y a deux doigts qui sont repliés. Initialement, on a suggéré qu’elle tenait une trompette, une cordelette, ou une couronne. Cependant en 1950 après une étude plus approfondie sur la position de ses doigts tendus, il semblerait que la Victoire ne tienne rien et exerce un simple geste de salut. Les ailes sont déployées, de plus, l’aile droite est un moulage inversé de l’aile gauche. Il en reste deux fragments originaux à partir desquels on peut établir que l’aile se dressait plus haut, orientée en oblique vers l’extérieur. Les ailes sculptées à part sont disposées entièrement en porte-à-faux. Les deux pieds travaillés à part sont perdus. On peut reconstituer leur position grâce à la forme des surfaces où ils étaient appliqués. Le pied droit se posait sur le pont du bateau, tandis que le gauche était encore en l’air.

II. Le navire, la proue du bateau : 

En effet, la base de la Victoire de Samothrace est en forme de bateau de guerre. Le bateau et le socle sont en marbre de Lartos, gris veiné de blanc. Le socle lui-même, figurant le navire, est constitué de six dalles sur lesquelles s’empilent trois rangs de blocs. Le deuxième rang se dédouble pour représenter les caisses de rames. La statue était posée sur le rang supérieur. On peut voir la présence des caisses de rames, qui sont bien conservées. On distingue même sur leur paroi extérieure les ouvertures ovales des sabords de nage, disposés sur deux rangs superposés et décalés.  Ouverture pratiquée pour laisser passer les avirons. Les sabords s'ouvrirent pour laisser passer les longs avirons de galère. 

Mais l’arme principale du navire de guerre grec est son grand éperon (pointe métallique placée en avant de l'étrave au niveau de la ligne de flottaison, destinée à percer la coque des navires ennemis.), situé au niveau de la ligne de flottaison, complété d’un petit éperon fixé plus haut sur l’étrave, mais ils ont disparu. On pouvait se faire une idée des éperons grâce à des monnaies de l’époque. L’ornement de proue qui terminait l’étrave à l’avant du navire est brisé lui aussi.

INTERPRÉTATION :

        

        Tout d’abord il faut savoir que la découverte de la Victoire de Samothrace a été un véritable choc à la fois historique, esthétique et archéologique car cette dernière n’a jamais été mentionnée par les Anciens. 

  1. Un agalma à Niké…

Ce chef-d’œuvre de la période hellénistique est un agalma à la déesse messagère allégorique de la Victoire à savoir Niké (victoire en grec), fille du titan Pallas et de l’océanide Styx. Elle a été découverte à proximité du Sanctuaire des Grands Dieux sur l’île de Samothrace. Ce sanctuaire est un lieu de culte à mystères voué aux Cabires (Dieux puissants) vénérés dans tout le monde grec. Les cultes à mystères se veulent pour la plupart initiatiques. L’ensemble du sanctuaire est accessible à toute personne souhaitant prier ces Dieux puissants même si l’accès aux cultes à mystères sont réservés aux initiés seulement. Les Cabires de Samothrace étaient réputés pour apporter leur aide aux initiés lors de situations dangereuses tels que des éventuels naufrages ou lors de batailles. La Victoire (9) fut érigée fièrement au sommet du théâtre (10) surplombant ainsi les pèlerins.  

Par ailleurs, les cultes à mystères se sont répandus au même moment que la religion catholique. C’est la raison pour laquelle il n’est pas hasardeux de se demander si la figure de l’ange présente dans la religion catholique ne serait pas issue des mythes grecs et principalement de la déesse messagère (angelos = messager) Niké.

Elle est généralement représentée en vol, avec une trompette afin d'annoncer la victoire à ses détenteurs. On la reconnaît grâce à ses attributs à savoir ici les ailes. Elle est également un attribut de la déesse Athéna et de Zeus. Positionnée sur la proue d’un navire, Niké annonce une victoire navale. Les historiens estiment, en majorité, qu’il s’agit de la victoire des Rhodiens sur la Macédoine (200-197 av J-C) car la date coïncide avec la date de création de l’œuvre. Néanmoins cela reste hypothétique. 





  1. … D’une rare complexité technique et artistique

L’architecte A. Hauser durant les fouilles autrichiennes à Samothrace a compris que les blocs laissés sont la proue d’un navire en les comparant à des pièces de monnaies de Démétrios Poliorcète sur lesquelles figure la Victoire sur un bateau.

Le travail de Champoiseau nous permet de savoir que l’angle initial pour admirer l’œuvre est de son trois-quarts gauche.  

Des analyses sur le marbre nous permettent de savoir que la statue a été faite en marbre blanc de Paros et la proue et le socle en marbre bleu sombre ou gris veiné de blanc en provenance des carrières de Lartos. C’est un marbre à gros grain qui ne permet pas un travail fin ce qui explique la distinction d’utilisation de ces deux matériaux. Les restaurations permettent de contraster encore plus les deux matériaux. L’œuvre peut donc être attribuée à un artiste rhodien. Champoiseau trouve, par ailleurs, en 1891 dans l’édifice de la Victoire un morceau de marbre (MA 4194) de Paros comportant l’inscription suivante « ΣΡΟΔΙΟΣ » qui pourrait être celui de « Pythokritos de Rhodes » qui était actif à cette période. Ici encore l’hypothèse reste totale. La Victoire de Samothrace est souvent mise en parallèle avec le Grand autel de Pergame (180-160 av J-C). C’est une frise en haut-relief représentant la gigantomachie où la présence des ailes et du drapé semblable à celui de notre œuvre laisse à penser que le même artiste aurait travaillé dessus. 

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