Le seul oiseau qui vole au dessus des nuages - Andre Devambez
Étude de cas : Le seul oiseau qui vole au dessus des nuages - Andre Devambez. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Kanathene • 8 Février 2016 • Étude de cas • 1 576 Mots (7 Pages) • 1 502 Vues
En 1909, sous l'impulsion et la commande de l'Ambassade de France à Vienne, André Devambez entame la création de douze toiles, visant à représenter les innovations technologiques de cette époque. De la même manière, les Beaux Arts affichent leur soutien dans cette démarche. Ils préconisent une expression aux résonances classiques, montrant les avancées technologiques à l'aube du XXème siècle. Ainsi, le peintre décide de traiter l'automobile, le métro ainsi que l'aviation. Elle est encore balbutiante à cette époque, il se doit de se renseigner et se rend donc au camp de Mourmelon où il commence quelques esquisses pour le Journal L'Illustration. Au début de l'année 1910, le peintre finalise Le seul oiseau qui vole au dessus des nuages, aujourd'hui conservée au musée d'Orsay, une huile sur toile de petit format, où l'on peut observer le vol d'un biplan au dessus de cumulus. Ce choix s'inscrit parfaitement dans la plus pure tradition du paysage en peinture. La peinture de ciel est en effet un thème récurrent, et de nombreux peintres se sont adonnés à cet exercice au fil des siècles. Toutefois, dans le cas présent, des contraintes techniques de l'époque nous amène à des questionnements. On peut se demander comment Devambez arrive à représenter cette scène aérienne si réaliste à laquelle il n'a jamais pu avoir accès directement, en raison du confort vétuste d'un avion. Quelle est la part du vécu, et celle de l'imaginaire ?
I. Une scène aérienne lumineuse et précise
1. L'ancrage terrestre et la disposition structurée du tableau
Réalisé en 1910, la toile d'André Devambez présente une organisation claire et distincte, aux antipodes du style romantique, quelques décennies auparavant.
On distingue en effet une organisation des éléments qui pourrait sembler de style classique. Ainsi, on retrouve un biplan jaune dans la partie supérieure gauche, le même que celui déjà esquissé pour l'Illustration en 1909 (voir page 7). Celui ci semble suivre une trajectoire clairement définie dans les nuages, s’élançant vers le haut du tableau (voir schéma ci dessous). La partie inférieure droite équilibre le tableau en présentant une zone plus sombre, où l'on peut voir une campagne en contrebas, sans doute Mourmelon. La toile présente en effet un contraste entre les deux bords opposés, gauche et droit. De plus, la perspective est plongeante, à l'image de beaucoup d’œuvres de Devambez.
Cette structure permet alors la compréhension du mouvement, et met également le spectateur en condition : le rapport de hauteur et de distance peut alors être défini, de même que le mouvement et la lumière, que nous aborderons plus tard.
2. Une mer de nuages réaliste
La peinture et le trait de Devambez semblent s'inspirer des peintures classiques de par sa technique, comme le voulait les Beaux Arts à cette époque. Toutefois, sur ce point, certains aspects présentent quelques divergences.
La scène et ses éléments sont reconnaissables à la première lecture du tableau. A l'inverse des tableaux impressionnistes, il ne nécessite pas de reculer afin de comprendre le rôle de chaque coup de pinceau. Néanmoins, il n'y a pas une prédominance du dessin mais plutôt de la couleur comme on peut le voir sur le détail ci dessous, montrant la réalisation du biplan et son pilote. Les tracés ne sont pas clairement apparents, et les volumes imprimés par les coups répétés de pinceaux donnent une impression de flou, d'instabilité, comme si le nuage ne pouvait être saisi par un simple trait. Il y a un duvet « moutonnant des cumulus », qui semble en perpétuel mouvement.
Ainsi, en s’éloignant du style classique, le peintre arrive à formuler le paysage d'un ciel en mouvement, et d'un vol ample. Réalisé en petit format, la précision du détail, par de petites touches nous permet d'admirer une scène réaliste, appuyée par les touches de couleurs voluptueuses du ciel.
3. La lumière, diffuse et inondant le tableau
Composante essentielle du tableau, la lumière semble donner un aspect grandiose à la technologie, et à l'aviation. Elle organise, met en avant certains détails, et guide notre regard.
Ce qui retient l'attention du spectateur est la couleur jaune, tantôt jaune beurre, tantôt jaune chrome du biplan. De la même manière que les reflets de lumière semblent jouer sur la carlingue de la machine, l'ombre portée, donne toutes les informations au spectateur afin de se repositionner, et de s'imaginer la scène et sa structure. Celle ci, pâle, semble glisser sur les nuages, encore une fois preuve du mouvement. La lumière définit également des zones d'ombres, comme la campagne que l'on peut admirer en contrebas, et la face inférieure des nuages. L'avion et son pilote semblent être les seuls à profiter de cette lumière, dans cette dynamique diagonale, expliquée précédemment. Le regard y est donc clairement dirigé, bien qu'il soit décentré. La campagne sous-jacente semble apparaître comme un indicateur d'échelle, permettant d'imaginer l'altitude à laquelle se trouve la scène.
C'est pourquoi, la lumière et la couleur, tout autant que la technique de composition permettent une mise en condition du spectateur dans la lecture du tableau. La structure correspond donc aussi à une mise en scène théâtralisée de ce paysage aérien. De plus, tous ces éléments permettent d'envisager un caractère mystique, voire divin à cette machine et son pilote.
II. Un paysage aérien fantasmé
1. Un point de vue irréaliste, accentuant l'effet de grandeur
La perspective en contre plongée donne l'impression de se trouver dans un avion, volant aux côtés du biplan. Toutefois, comment le peintre a-t-il pu représenter ce paysage s'il était dans un avion de l'époque ?
En effet, le détail observé précisément permet de voir la condition du pilote, on peut presque parler de mise en abîme. Le spectateur se met à la place du pilote,
...