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Les Animaux Malades De La Peste

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ylliques1 des vers 12 à 14: « douce et innocente », « tourterelles », « amour », « joie ». - L’action n’est vraiment lancée qu’au vers 15 et elle sera essentiellement prise en charge par le discours rapporté , tantôt directement (paroles du lion, du renard, de l’âne), tantôt indirectement (v44-48 et 55-62). - C’est encore en recourant aux discours rapportés que la narration va rendre compte de la résolution: paroles de l’âne et du reste de la cour au discours indirect libre (55-62, avec des tournures exclamatives (v. 60), des formules populaires (« on cria haro sur le baudet ») , ce qui traduit une certaine distance ironique de la part du narrateur, qui semble rester silencieux. Ce silence contribue également à ménager le suspens, puisque rien n’annonce ce qui va suivre. L’importance accordée dans le récit aux discours rapportés montre aussi que la parole est bien au centre de l’action et que la peste est reléguée à l’arrière-plan. -L’antithèse « sa peccadille2/ cas pendable3 », mise en valeur par les répétitions sonores inversées (ca, p, d) souligne la rapidité et l’absurdité du dénouement. - La situation finale évoque la mort du loup en un seul hémistiche: « on le lui fit bien voir ». Cet

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euphémisme succède à des expressions hyperboliques (« rien que la mort », « expier son forfait », soulignée par la diérèse d’ « expi-er »). L’effet de chute en est d’autant plus souligné. 2°) Le bestiaire et la progression des discours a) utilisation de la symbolique traditionnelle des animaux: de très nombreuses figures du bestiaire sont convoquées (loup, renard, tourterelle, lion, tigre, ours, mâtins, âne) et toutes sont employées avec leur valeur symbolique conventionnelle. Ainsi la tourterelle symbolise l’amour simple et tendre, le renard la ruse et la flatterie, l’âne la bêtise, etc. Mais la hiérarchie animale renvoie à la hiérarchie humaine: le lion bien évidemment désigne le roi, le renard le courtisan, le « tigre », « l’ours », et « les autres puissances » (v.45) les grands seigneurs, les mâtins les petits seigneurs ou les bourgeois. L’ordre d’intervention des personnages suit d’ailleurs cette hiérarchie: on passe du lion, qui a l’initiative de la parole, au « baudet ». Les humains ne sont pas absents (le berger, v. 29, 39-40, les moines, v.50) mais il n’apparaissent qu’à l’arrière-plan, comme s’il ne constituaient qu’un monde à part (« ces gens-là »), et n’ont pas de prise sur les animaux ( « sur les animaux/Se font un chimérique empire »). b) La progression du discours des principaux protagonistes est intéressante parce qu’elle est révélatrice du rapport de forces en jeu: * Le lion entame son discours en envisageant les causes du « céleste courroux » (19) qui a valu cette « infortune » (17), puis évoque les enseignements de l’histoire (21-22). C’est donc en sage et en connaisseur qu’il se pose. Plus piquante est l’évolution du discours lorsqu’il s’agit d’examiner l’ « état de conscience » de chacun (v.24): il commence par accentuer ses propres fautes avec des hyperboles (« mes appétits gloutons », « j’ai dévoré force moutons », « nulle offense ») et la présence appuyée du « je » (« pour moi », « mes », etc.). L’extrême brièveté du vers 29 (3 syllabes: « Le berger »), associé à « Même » (v.28) renforce la gravité de la dernière faute avouée. Mais le lion finit, imperceptiblement, par atténuer sa faute, avec la tournure hypothétique « s’il le faut » (30) et la conjonction « mais ». * Le renard maîtrise lui aussi parfaitement la conduite de son discours. En bon flatteur, il va valoriser l’interlocuteur (« trop bon roi », « vos scrupules », « vos délicatesses ») tout en dénigrant ses victimes par antithèse, ce que va souligner l’emploi d’une gradation (« moutons, canailles, sotte espèce ») au vers 36. Il transforme le verbe « dévorer » employé par le lion (v. 26) par le terme «croquer » (37) beaucoup plus léger. Progressivement, la faute est déplacée sur la victime, en particulier « le berger », « digne de tous les maux » (40). L'expression « sotte espèce » paraît anticiper l'intervention de l'âne. * L'évolution du discours de l'âne semble au contraire suivre un mouvement inverse: sa "faute" est liée au hasard, aux circonstances (v.50, 51) et à sa fantaisie dont il n'est même pas réellement responsable ("quelque diable me poussant"). Son repas est minime et limité ("la largeur de ma langue"). Mais il commet l'erreur de terminer en soulignant sa faute ("puisqu'il faut parler net") tout en reprenant l'expression du lion "nulle offense" (v.27) par "nul droit" (v. 54). La progression des discours est donc révélatrice des forces en jeu et prépare la logique du dénouement. 3°) Les procédés de la dramatisation II sont nombreux non seulement dans la description de la peste mais dans l'ensemble du récit. a) effet d'attente, retardement initial: anaphore de "mal", qui génère deux périphrases pour désigner la peste (v. 1 et 2). Il y a une sorte de réticence à désigner directement la peste (cf la parenthèse du vers 4, qui fait prétérition) qui ne peut que la mettre en valeur au début du vers 4 et ainsi renforcer l'idée de terreur.

qui relève de l’amour tendre et simple, comme dans ces petits poèmes à sujet pastoral dans la littérature antique appelés «idylles ». 2 Petite faute 3 Qui rend digne d’être pendu.

b) emploi de nombreuses expressions au pluriel (exemples à relever non seulement au début de la fable mais dans la suite, par ex. v. 45 à 49): l'idée d'omniprésence de la peste, qui frappe partout et tout le monde, en est renforcée. Le croisement en chiasme, avec la reprise de « tous » (« Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés ») ainsi que les tournures négatives (« nul mets », « ni loups ni renards », « plus d'amour... plus de joie ») contribuent à ce même effet. b) hyperboles: « terreur », « sa fureur », « les crimes de la terre », « enrichir en un jour l’Achéron 4 », « tous étaient frappés », « force moutons », « le plus coupable » , « offense », « canaille », « sotte espèce », « digne de tous maux », « cas pendable », « crime abominable »... c) Gradations: « moutons, canaille, sotte espèce » (36), « ce maudit animal,/ ce pelé, ce galeux » (57-58). d) répétitions qui créent un rythme souvent binaire martelant la phrase: « mal » répété 2 fois (1-2), « ni loups ni renards », « la douce et l'innocente proie », « plus d'amour, plus de joie », etc. Les phrases nominales et les infinitifs accélèrent aussi le rythme de la phrase. d) allitérations en R: « répand... terreur...fureur...crimes...terre...enrichir... l'Achéron... mouraient... frappés, etc. » e) oxymore (« mourante vie », avec antéposition de l'adjectif qui le met en valeur) et constructions antithétiques comme « peccadille / cas pendable » (59), « puissant ou misérable », « blanc ou noir ». Tous ces procédés contribuent à renforcer l'expressivité de la fable, à non seulement en renforcer le tour dramatique mais aussi à introduire un décalage ironique. f) vocabulaire épique: champ lexical de la guerre et de la mort. II Les messages de La Fontaine: la morale et ses cibles 1°) Les deux vers de moralité: - la brièveté de la moralité, qui intervient sans transition immédiatement après le récit, renforce son caractère lapidaire, percutant. - structures binaires et antithétiques: « puissant ou misérable », « blanc ou noir ». - Emploi de la 2e personne du pluriel (vous) qui implique et interpelle directement l'ensemble des lecteurs. - Les verbes au futur (« serez », rendront »), là où on attendrait des présents de vérité générale, donnent une allure prophétique aux vers de moralité. 2°) Mais la morale n'apparaît pas que dans la moralité. Le discours de La Fontaine est perceptible dans l'ensemble de la fable et ses cibles sont multiples: a) Dénonciation de la justice, qui est injuste: elle dépend de considérations préalables (tournure hypothétique « selon que ») et elle est relative, c'est-à-dire qu'elle peut prononcer des jugements totalement opposés (« blanc ou noir » , «

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