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Les Vices et les Vertus Andrea Mantegna

Commentaire d'oeuvre : Les Vices et les Vertus Andrea Mantegna. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  10 Janvier 2022  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 355 Mots (10 Pages)  •  480 Vues

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VITAL-DURAND Florine - TD Licence Histoire de l’Art - Séance 8 

L’Allégorie : LES VICES ET LES VERTUS  (Combat des vices et des vertus : une psychomachie)

RECHERCHES pour l’ANALYSE de l’oeuvre d’Andrea Mantegna, Athena/Minerve chassant les vices du jardin de la vertu ou Le combat des vices et des vertus ou Le Triomphe de la Vertu (titre fluctuant), tempera à l’œuf sur toile, 159 x 192 cm, entre 1497 et 1502, Louvre.  

LES VICES : (étymol. Latin vitium : défaut, vice, péché)

Ils expriment le désordre moral et sont représentés sous forme de créatures ou d’hommes aux traits repoussants, souvent en lutte contre les vertus, ou bien sous l’aspect séduisant de la tentation.  La morale chrétienne identifie en 7 vices capitaux (l’avarice, la colère, l’envie, la gourmandise, la luxure, l’orgueil et la paresse) les péchés mortels de l’humanité. Ces péchés, auxquels correspondent les cercles de l’Enfer décrits par Dante dans la Divine Comédie, condamnent l’homme à la damnation éternelle. A ces péchés capitaux s’ajoutent des péchés mineurs (ou véniels) comme la lâcheté, la fraude, l’idolâtrie, l’inconstance, l’infidélité, l’injustice, la calomnie, l’ignorance… Au Moyen Age, un animal est associé à chaque vice : le porc ou le bouc à la luxure, le loup à l’avidité, le renard à l’hypocrisie, l’âne à la paresse… La lecture de l’époque encourage de surcroît une lecture allégorique de la mythologie de l’Antiquité, attribuant aux dieux et héros une connotation morale précise. Des divinités ambivalentes comme Pan, Dionysos et Eros, mais aussi des êtres hybrides comme les satyres et les centaures, prennent des significations souvent profondément négatives dans l’univers chrétien. La littérature et l’art à partir du XIVe siècle donnent aussi une importance particulière aux vices politiques et civiques, comme la tyrannie, la violence, l’incapacité à gouverner et la trahison. Au XVIIe siècle, la vanité occupe une place centrale dans la production des natures mortes.

LES VERTUS : (étymologie : latin virtus : la racine est vir : homme)

Sous les traits de jeunes femmes munies d’attributs particuliers et souvent combattant les vices. Elles se répartissent en 4 vertus cardinales : la force (ou le courage), la prudence, la justice et la tempérance. Et en 3 vertus théologales : la foi, l’espérance et la charité. Les 1ères, entendues comme des qualités naturelles que l’on acquiert en se conformant à la doctrine évangélique, proviennent en fait de la philosophie antique, notamment de Socrate, Platon et Aristote. Les secondes, qualités surnaturelles données directement par Dieu, sont introduites au Moyen Age par les Pères de l’Eglise, qui, d’une manière syncrétique, unifient/intègrent le système éthique classique aux dogmes révélés dans les Saintes Ecritures.

La scolastique identifie les vertus avec les entités angéliques qui répandent la lumière divine dans l’esprit humain. On les a fait correspondre également (comme pour les Arts libéraux) à des planètes : les 7 planètes du système géocentrique alors en vigueur.

Parmi les œuvres d’art qui illustrent cette conception théologique de la vertu : fresques de Giotto dans la chapelle Scrovegni à Padoue ; d’Andrea da Firenze, église Sta Maria Novella, Florence ou les Allégories du bon gouvernement d’Ambrogio Lorenzetti au palais communale de Sienne.

  • Andrea Mantegna, Athena/Minerve chassant les vices du jardin de la vertu ou Le combat des vices et des vertus ou Le Triomphe de la Vertu (titre fluctuant), tempera à l’œuf sur toile, 159 x 192 cm, entre 1497 et 1502, Louvre.  

Contexte :

Studiolo d’Isabelle d’Este, marquise de Mantoue. Suivant la mode humaniste, Isabelle d’Este désira elle aussi se créer une pièce intime, réservée à l’étude et à la méditation : un studiolo (attention, on a vu pour Federico da Montefeltro qu’un studiolo peut consister aussi en un système de représentation). Deux pièces de dimensions réduites y sont consacrées : le studiolo et la grotta, destinées à recevoir et à exposer les collections de livres rares et d’objets précieux de la marquise. Isabelle était en effet une collectionneuse en proie à « un insatiable désir d’antiquités » mais recherchant également les œuvres d’art contemporaines, dans un discernement éclairé constamment remis au goût du jour, selon la « manière moderne ». Elle a recours à des artistes d’origines et de styles divers : Giovanni Bellini (sans succès), le Pérugin, Léonard (pour son portrait : œuvre non réalisée : seulement un carton), Lorenzo Costa, le Corrège…

Ce projet dut naître vers 1491. Le programme des peintures fut établi par Isabella et son cercle d’érudits, écrit Kristeller, tandis qu’Yves Bonnefoi prétend que nous ne savons pas qui en fut chargé. Mantegna a pu l’élaborer, Isabelle insistant sur les qualités inventives de ce peintre : « Pour l’invention, personne ne peut égaler messire Andrea Mantegna, qui en vérité est le meilleur et le premier ». Plusieurs artistes reconnus travaillent au studiolo, dont le Pérugin (Combat de l’Amour et de la Chasteté, contrat signé en 1503). Giovanni Bellini appelé aussi à réaliser une toile mais il renoncera, peut-être entravé dans sa liberté d’exécution.

Disposition des toiles incertaine car le studiolo, à l’origine au palais ducal de Mantoue, fut transféré dans d’autres lieux. Mais certain que les 3 œuvres de Mantegna (Le Parnasse (ou Mars et Vénus), Le combat des vices et des vertus et Le règne de Comus – vers 1505 voir power point - achevé par Lorenzo Costa) ainsi que l’Allégorie de Lorenzo Costa, l’œuvre du Pérugin, les 2 Allégories du Corrège (toutes les 7 au Louvre) faisaient partie de cet ensemble.

Un ensemble complexe par ailleurs. Leur historique n’est pas complètement élucidé malgré une exposition consacrée à ce studiolo en 1975 (Catalogue rédigé par S. Béguin, C. Adelson, J. Biscontin, M-A. debout, L. Fallay d’Este, M.H. Girard, A. Mérot, J. Schloder). Les 5 1ers tableaux cités parvinrent au cardinal Richelieu, donc en France, au milieu du XVIIe. 1801 : entrée dans les collections nationales. Quant aux 2 Corrège, ils entrèrent dans la collection de Louis XIV.

Mantegna peint Le Parnasse, vers 1496. C’est dans ce climat de renouveau que se place l’exécution du 2eme tableau de Mantegna, Le Triomphe de la Vertu, apparemment terminé (car vernis) en 1502.

  • Le Parnasse : titre du XIXe (ou Mars et Vénus : titre du XVIe), v. 1496-1497, tempera à l’œuf sur toile, 159 x 192 cm , Louvre.

Mars, Vénus, Vulcain, Orphée/Apollon et des nymphes/Muses qui dansent. Mais pas d’Apollon (pourtant fig. obligée sur le Parnasse) selon Yves Bonnefoi et Niny Garavaglia (Tout l’ouvre peint…) tandis qu’Alberta De Nicolo Salmazo (coll. Citadelles et Mazenot) identifie clairement Apollon avec sa lyre assis à gauche à coté des Muses, symbole de la floraison des arts sous leur règne.

Le peintre a voulu sans équivoque  représenter les Muses car elles sont au nombre de 9. Mars et Vénus, le couple adultère, apparaissent au sommet d’un arc rocheux. A droite de l’œuvre Mercure tenant le caducée et son cheval ailé, Pégase. Mercure fut acteur de l’intrigue entre Vénus et Mars, tandis que Vulcain, à gauche, à l’entrée de la caverne-forge, est l’époux de la déesse infidèle. Un Cupidon le vise de ses flèches, bafouant ainsi la virilité de Vulcain. L’interprétation du sujet donne lieu à de fortes divergences : une protestation des nymphes contre l’union illégitime de Vénus et de Mars pour Förster (1901) mais Tietze-Conrat (1917) oppose que cette liaison ne choquait en rien les érudits de la cour de Mantoue. Wind a élaboré une interprétation complexe, en relation avec Homère (Odyssée, VII) : il pense que le ton d’Homère a été compris comme une sorte « d’héroïsme burlesque » et, de plus, il charge les danseuses d’une signification érotique, ce que Tietze-Conrat exclut forcément car on ne trouve aucune allusion à cette frivolité des muses dans la littérature classique ou dans celle de la Renaissance.

Il s’agit certainement d’une allégorie de cour célébrant l’union de Gian Francesco Gonzaga et d’Isabella d’Este. Apollon/Orphée accompagne à la cithare les Muses dans leur danse, symbolisant ainsi l’harmonie du monde (et du couple ?)

  • Description de l’œuvre sur le thème des vices et des vertus : Athena/Minerve chassant les vices du jardin de la vertu ou Le combat des vices et des vertus ou Le Triomphe de la Vertu (titre fluctuant), tempera à l’œuf sur toile, 159 x 192 cm, entre 1497 et 1502, Louvre.  

De nombreuses inscriptions permettent d’identifier les personnages, afin de favoriser la compréhension de l’histoire et la signification allégorique qui la sous-tend. La scène se passe dans un jardin entouré par une haute haie taillée, dont l’enfilade d’arcades, presque complètement envahie de plantes grimpantes, laisse encore entrevoir un paysage à l’arrière-plan : un haut mur de pierre délimite le côté droit. Athéna (déesse grecque de la Sagesse ; Minerve chez les romains) fait irruption dans le jardin sur la gauche, casquée et tenant sa lance ; de l’autre main, elle brandit son bouclier vers un essaim de cupidons, armés, qui s’élancent vers elle. L’inscription latine au-dessous (je n’arrive pas à la voir !!! ): « Si vous bannissez la paresse, vous mettrez en échec l’arc de Cupidon ». (Donc engagement contre l’amour frivole).

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