Soulages-Levi-Strauss
Compte Rendu : Soulages-Levi-Strauss. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresais il n'est pas un théoricien, il n'appartient à aucun mouvement, et n'a jamais émis l'envie d'en faire partie. Même si on l'a souvent rapproché des travaux des peintres de l'abstraction lyrique car il était proche de Hans Hartung.
Pour autant il a de sa peinture et de l'art une vision profondément technique. Il n'a jamais participé à aucun débat autour de l'art sauf une fois, pour répondre à ce texte de Lévi-Strauss, ce qui est assez rare pour le soulever.
Lévi-Strauss s'engage dans son article de manière brutale,
==>il annonce que les artistes depuis l'impressionnisme se seraient complètement fourvoyés, ils auraient tenté de manière consciente de désapprendre leur métier, . La vision de LS de l'histoire de la peinture semble au premier abord très conservatrice voire nostalgique de certaines périodes ou de formes artistiques comme l'art dit officiel ou pompier.
==> « ni les théories physiques aujourd'hui dépassées où Seurat voulut enraciner son art, ni le mysticisme confus auquel Gauguin tenta d'accrocher le sien ne pouvaient aidé durablement une peinture désorientée à retrouver sa voie ».
Pour LS la peinture est comme le disait Vinci ; « cosa mentale », l'artiste fait un tri des informations du monde, les ordonnes, et en propose une cohérence, c'est à cela que le style de chaque artiste se reconnaît. D'ailleurs pour LS l'outil photographique n'est pas assez intéressant comme médium artistique car trop contraignant pour la main, l'œil et l'esprit.
Il rejette un certain formalisme, l'art pour lui est fait « de considération trop subjective des choses », en opposition à « des considération objective qui vise à appréhender leur nature », en cela les œuvres de Vernet sont pour lui la preuve d'un art de science et de connaissance.
A l'inverse il attaque le cubisme, qui, suite à l'impasse de l'impressionnisme, je cite : « vise des ambitions démesurées, au point que le tableau qui, à l'origine et par un effet de choc, paraissait l'instrument d'une révélation métaphysique, tombe aujourd'hui au rang de composition décorative et qui touche surtout parce qu'elle illustre le goût d'une époque ».
LS souhaiterait que les peintre reconstituent un savoir, au lieu de cela ils répètent une stratégie de vices issue de leurs aînés. « ils achèvent de dissoudre le peu qui restait de la figuration après Monet ». Le peintre ou l'artiste ne donne plus une vision subjective du spectacle du monde mais fait montre d'un individualisme dont lui même est la source.
Autrement dit le peintre ne fait que répéter en caricaturant ce qu'avait déjà fait ses prédécesseurs.
Il regrette que la connaissance que l'on pouvait tirer de la peinture fait aujourd'hui partie du passé et qu'elle est plutôt devenu un objet d'étude (voire un objet de curiosité), alors que dans l'art contemporain on a, je cite : « progressivement rejeté le sujet au profit de ce qu'avec une discrétion révélatrice on appelle le « travail » du peintre ; on aurait pas l'effronterie de parler de « métier ». Peut-être peut on voir une critique ici de l'art abstrait, ou des objets tel l'urinoir que l'on nous propose comme des œuvres d'art sans qu'il y ait un véritable travail des mains de l'artiste.
==> Il prône les mois de labeur que nécessite une œuvre d'art telle qu'on l'entendait avant le XXe siècle, et cite ainsi Ingres.
LS regrette ce besoin qu'avaient les artistes de fixer une certaine vérité du monde dans leurs œuvres, la peinture s'étant suite à l'abandon du modèle de la nature engagée sur la mauvaise pente. « c'est seulement en se montrant réfractaire aux sortilèges dissolvants du clair-obscur et en s'inclinant devant l'ordre intangible des choses, que la peinture pourra de nouveau prétendre à la dignité d'un métier. »
En réponse à LS, Soulages s'indigne que l'on puisse considérer que la peinture voire l'art soient entrés dans un dévoiement.
=> La question se poserait dans ce cas de savoir s'il y a une bonne voie de l'art et supposerait qu'il y en ait une mauvaise. Si l'on suit les théories édictées par LS sur la bonne voie que les peintres doivent suivre, nul doute que les peintres du XXe siècle ne font pas acte d'un « métier » mais selon lui plutôt d'un travail, un travail comme un autre, banal.
Selon Soulages l'explication de la position de Lévi-Strauss et de ses goût en matière artistique pour des « peintres mineurs » provient du fait qu'il privilégie l'aspect représentatif, documentaire et instructif, qui sont trois critères importants en ethnologie.et en anthropologie.
D'une part, nous dit Soulages, c'est « une condamnation véhémente de l'impressionnisme et de tout l'art contemporain, vus sous l'angle le plus caricatural », et d'autre part nier l'aspect formel de la peinture (cher à Soulages), c'est-à-dire « ce qui passe par la forme, la couleur, la composition, le style », c'est aussi fixer à l'art son chemin, et le limiter à une production artisanales d'images.
De manière plus générale ce numéro de Débat selon Soulages nous annonce comme une provocation que ce serait « le fil rompu avec la tradition du métier » qui expliquerait « le dévoiement de l'art contemporain ». Pour lui dévoiement, « c'est-à-dire abandon de la voie , comme « déviation », désigne bien ce que naguère, on a appelé l'art dégénéré ».
Soulages reproche à LS ce besoin de modèle idéal, qui fut l'apanage des régimes totalitaires. LS ne parle pas d'un métier perdu mais du métier perdu.
Soulages à l'inverse de LS souligne ce côté inclassable de l'art, pour lui toutes les étiquettes peuvent être déchirées.
==> « et finalement, si l'art dans ce qu'il a de meilleur échappait aux orthodoxies ? Si les chefs-d'œuvres étaient hérétiques ? Si par nature l'art échappait aux voies que lui tracent les idéologues, s'ils vivaient hors des voies ? Cela présenterait bien sûr des inconvénients pour les académies et pour le confort intellectuel sécurisant de ceux qui s'y réfugient, cela n'aiderait pas ceux qui bâtissent des théories, ni ceux qui voudraient orienter l'avenir de l'art, le diriger, lui tracer une voie, la voie ».
Il n'y a pas de métier perdu il y en a mille, l'art selon Soulages est « une suite d'apparition de métiers nouveaux de pratiques nouvelles comportant chacune leurs stratégies liées à l'art qui naît d'elles ». il n'y a pas de recettes, pas de formules, séparer le fond de la forme est preuve d'insensibilité et d'incompréhension selon Soulages.
Le besoin de figuration prôné par LS, touche Soulages au cœur de son travail, lui qui se dit ni abstrait, ni concret, sans étiquettes, et il va plus loin en disant que on travail n'est ni image, ni langage, que c'est avant tout une pratique. Cela s'oppose diamétralement aux théories de LS autour du structuralisme. LS tout au long de ses écrits sur l'anthropologie s'est efforcé de montrer à quel point il peut y avoir une relation méthodologique entre le structuralisme et le fonctionnement de certains arts. Il fonde ainsi une théorie nommée l'esthétique structurale qui tente de donner une définition du structuralisme par l'art et de l'art par le structuralisme. Par exemple au même
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