Tableau dans le Tableau - d'après André Chastel
Commentaire de texte : Tableau dans le Tableau - d'après André Chastel. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar andelpec • 8 Mai 2017 • Commentaire de texte • 2 205 Mots (9 Pages) • 1 222 Vues
Etude de textes fondamentaux
André Chastel
« Le tableau dans le tableau »
Introduction
La notion de « tableau dans le tableau » semble être un concept essentiel dans toutes les disciplines relatives à l’Art (Histoire de l’Art, Sociologie de l’Art, Critique d’Art…etc.) Il s’agit d’un choix délibéré du peintre de représenté dans son œuvre un autre tableau. Ce motif a longtemps été considéré comme « une fenêtre ouverte sur le Monde » d’après le peintre, philosophe et grand Humaniste Renaissant Léon Battista Alberti. Cette thématique devient très vite une mise en abyme et un moyen de légitimer le métier d’Artiste. Cette reconnaissance légitime creuse ainsi le fossé entre Artiste et Artisan à partir du XVIIème siècle.
De nombreux philosophes et théoriciens de l’Art se sont interrogés sur les intentions de ce motif récurrent et l’évolution de sa signification au cours du temps. C’est le cas d’André Chastel, auteur du texte « Tableau dans le tableau » publié en 1978. Dans l’extrait analysé, l’auteur se concentre sur l’utilisation de ce thème à partir du XXème siècle.
A partir de l’extrait du texte donné, nous pouvons alors nous questionner sur les nouveaux enjeux d’une représentation de tableau dans le tableau à partir d’une période de modernité.
Pour répondre à cette problématique, nous proposerons une analyse du texte en plusieurs axes principaux. Tout d’abord, nous contextualiserons l’extrait de l’écrit et son auteur. Ensuite, nous établirons une courte synthèse du texte avant d’en dégager une structure définie. Après avoir défini les principaux mots-clés pour une meilleure compréhension, nous procèderons à un commentaire et une critique des passages importants de l’extrait de texte.
Contextualisation
André Chastel est un historien de l'art français majeur du XXème. Siècle. Agrégé de lettres en 1937, il va essentiellement tourner son étude sur la période de la Renaissance. Une grande partie de ses ouvrages traiteront d'ailleurs de ce sujet : L'Europe de la Renaissance, l'âge de l'humanisme (1963) ou encore Le Mythe de la Renaissance (1969). C'est seulement vers la fin de sa carrière d'écrivain que André Chastel va ouvrir son propos à des domaines chronologiques et à des problématiques nouvelles. On retrouve ces écrits rassemblés dans un recueil intitulé Fables, Formes, Figures et publié en 1978. Concentré sur deux volumes, on retrouve près de soixante-quatre études publiées par André Chastel de 1936 à 1977. Ce recueil propose une interrogation continue sur les modalités de l'imaginaire dans les sociétés humaines, sur son emprise sur les individus particulièrement réceptifs que sont les artistes et sur les ressources et les points d'application de l'art, son véhicule privilégié. Le texte « Le tableau dans le tableau » est l'un des écrits majeurs de ce recueil.
Dans cet ouvrage, André Chastel nous propose « une enquête » chronologique. Il va au fil de son discours, présenter et justifier l'apparition du tableau dans le tableau, ses changements et ses particularités. Il donne au lecteur des méthodes pour cerner cette technique, il propose un jeu d'échelle pour la percevoir au milieu du « tout » représenté par le tableau. Cette façon de travailler est comparable aux travaux de Daniel Arasse (dont il fut à un moment le maître de thèse) et plus précisément à son livre Le Détail publié en 1992.
Synthèse du texte
Le livre d’André Chastel rassemble deux études sur l’utilisation constante du thème du « tableau dans le tableau » au cours de l’Histoire de l’Art. Après avoir retracé longuement l’historique de ce concept dans la période de Quattrocento, l’auteur André Chastel se place alors en chercheur et dit vouloir continuer son « enquête ». Dans l’extrait de texte analysé, il se concentre essentiellement sur une période de modernité débutant au début du XXème siècle. A travers de nombreux exemple cités, l’auteur met en exergue l’évolution des intentions des peintres à traiter de cette notion dans leur tableau. En effet, l’auteur nous montre qu’au cours de l’histoire de l’Art la représentation de « tableau dans le tableau » cache de nombreux enjeux sous-jacents. Ces finalités ne sont pas les mêmes en fonction des peintres et de la période artistique et historique dans laquelle ils composent.
Définition des mots clés
« Naturalisme eyckien » (ligne 10) : Le naturalisme est avant tout un mouvement littéraire de la seconde moitié du XIXème siècle. Ici, il décrit la manière de représenter du peintre flamand Jan Van Eyck (1390-1442). Les deux termes semblent anachroniques car ils ne situent pas dans la même période. Cependant, le mouvement naturaliste a pour ambition de représenter la nature le plus fidèlement possible, il se rapproche ainsi d’une représentation mimétique. Par exemple, dans L’assommoir, Emile Zola fait une description fidèle et détaillé de la boutique de Gervaise. Il est en opposition avec le symbolisme ou l'idéalisme. En observant le tableau le plus connu de Jan Van Eyck « Les époux Arnolfini » réalisé en 1434, nous pouvons voir qu'il correspond à la définition du naturalisme de par l’utilisation semblable à la réalité de la couleur, de la lumière, la représentation des meubles, le choix de la scène de genres…etc. Dans le texte étudié, André Chastel oppose donc ce naturalisme eyckien aux nouvelles peintures modernes qui ne représentent plus de manière mimétique le réel.
« Atelier » (ligne 25) : L'atelier désigne un lieu où s'exécutent des travaux manuels, ici il est considéré comme un lieu de création où un artiste élabore son œuvre.
Structuration
Une première partie de l’extrait de texte se dégage de la ligne 1 à la ligne 13. L’auteur débute son analyse par une contextualisation de son enquête et l’ancre dans une période de modernité. A partir de cette période donnée, l’auteur sépare déjà deux finalités à l’utilisation du concept de « tableau dans le tableau » Il y a d’un côté le « Naturalisme Eyckiens », qualifiant la peinture du peintre Flamand Jan Van Eyck au XVème siècle. Cette lecture mimétique du concept de tableau dans le tableau s’oppose d’après l’auteur aux enjeux de la modernité.
Dans une seconde partie, de la ligne 13 à la ligne 22, André Chastel illustre ce qu’il a défini précédemment comme les nouveaux enjeux modernes de la notion de tableau dans le tableau. Pour ce faire, l’auteur cite une peinture composée en 1911 par le peintre français Matisse nommée L’atelier Rouge.
A partir de la ligne 22 jusqu’à la ligne 25, André Chastel se questionne sur le changement de statut du concept amorcé à partir du XXème siècle. Il justifie cette évolution par l’abolition de la hiérarchie des genres établi jusqu’alors. Cette rupture avec la hiérarchie incite selon l’auteur les artistes à peindre leurs « milieux immédiats », souvent leurs ateliers, les poussant ainsi à représenter leur activité artistique.
Dans une quatrième et majeure partie se délimitant de la ligne 26 à la ligne 40, l’auteur traite de la finalité principale souhaitée par les peintres utilisant le motif du tableau dans le tableau. En effet, après la séparation de statut entre Artiste et Artisan, le peintre du XXème continu à utiliser cette thématique dans son œuvre. D’après André Chastel le but est purement égocentré de la part de l’artiste. Il s’agit d’une matérialisation de la « fascination de sa propre activité » Dans un dernier paragraphe se dégageant de la ligne 40 à la fin de l’extrait ligne 48, l’auteur donne un nouvel exemple. Celui des illustrations du livre Le chef-d’œuvre Inconnu de Balzac par le peintre espagnol Pablo Picasso. L’utilisation de cet exemple permet alors à l’auteur de mettre en exergue l’ambivalence entre « naturalisme eyckiens » et les « impulsions dé-réalisantes » de la modernité.
Commentaire des passages importants
L’auteur André Chastel, décide d’illustrer les nouveaux enjeux modernes du « tableau dans le tableau » à travers l’exemple probant de L’atelier Rouge produit par Matisse en 1911. Ce tableau semble coïncider parfaitement avec les dires de l’auteur. En effet, la peinture à partir du XXème siècle est devenue « un recueil de signes subjectifs » (ligne 9) L’auteur met ainsi en évidence le concept de signifié/signifiant, notions principales de l’étude des signes, la sémiologie. Le tableau devient alors support d’une accumulation de signes renvoyant immédiatement le spectateur à un concept précis. Dans l’exemple donné des peintures d’Henry Matisse, les mêmes signes sont utilisés dans plusieurs de ses tableaux. André Chastel cite alors « la toile, la chaise, le mur et l’espace tout entier du studio » Tous ces éléments sont récurrents dans l’œuvre du peintre. On retrouve, notamment tous ces motifs dans La desserte rouge peinte en 1908. Les deux espaces clos sont unifiés et remplis de couleur rouge, troublant le spectateur et faussant la perspective. La chaise, représentée face au regardeur, l’invite, en quête de sérénité. Dans l’un, des châssis de toiles accumulés dans l’espace de l’atelier, dans l’autre une fenêtre, permet au spectateur d’accéder à l’immensité du monde à travers la représentation d’une scène de paysage. Les objets présents dans L’atelier rouge sont seulement visibles par l’intermédiaire d’un tracé fin au régulier de couleur claire. André Chastel définit ces formes, semblables à des « filigranes » ligne 19. Les filigranes désignent des lettres ou dessins visibles par transparence dans l’épaisseur du papier, ils s’apparentent également à des ornements en orfèvrerie. Ce terme qualifie avec brio les éléments constituant de l’œuvre du peintre français. L’auteur, pour qualifier le thème du « tableau dans le tableau » abordé dans la toile de Matisse, utilise le mot allemand « Bilderbild » dont la traduction équivalente française peut être « image d’image ».
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