Comment se forme et s'exprime l'opinion publique

Comment se forme et s’exprime l’opinion publique ?

Problématique : Comment se forme et s’exprime l’opinion publique ?

I. L’émergence de l’opinion publique 

   A. Qu’est-ce que l’opinion publique ?

   B. Comment l’opinion publique a-t-elle évolué depuis le XVIIIe siècle ?

II. Les sondages sont-ils fiables pour mesurer l’opinion publique ?

   A. Principes et techniques des sondages

   B. L’interprétation des sondages

III. Quelle est l’influence des sondages sur l’opinion publique et sur l’exercice de la démocratie ?

   A. Quelle est l’influence des sondages sur l’opinion publique ?

   B. Quelle est l’influence des sondages sur le processus électoral ?

   C. Le recours fréquent aux sondages peut-il conduire au développement d’une démocratie d’opinion ?

I. L’émergence de l’opinion publique 

   A. Qu’est-ce que l’opinion publique ?

Définition de l'opinion (Larousse) : Jugement, avis qu'un individu ou un groupe émet sur un sujet, des faits.

La notion d'opinion publique comprend deux dimensions :

• L'opinion du public.
• L'opinion rendue publique.

Selon Jean Stoetzel [1973], créateur de l'IFOP (Institut Français d'Opinion Publique) : L'opinion publique ne se réduit pas à une simple agrégation des opinions individuelles.

L'opinion publique est "un ensemble de jugements sur les problèmes actuels auxquels adhère une grande partie des membres d'une société".

Les enjeux politiques essentiels pour les gouvernants sont :

• Connaître l'opinion du peuple.
• Pouvoir l'influencer.

   B. Comment l’opinion publique a-t-elle évolué depuis le XVIIIe siècle ?

[pic 1]

II.Les sondages sont-ils fiables pour mesurer l’opinion publique ?

   A. Principes et techniques des sondages

1.Origine et définition des sondages

• Les sondages d’opinion sont nés aux États-Unis dans les années 1930. L'américain George Horace Gallup (1901-1984) est considéré comme le père fondateur des sondages. Il crée en 1935 l'American Institute of Public Opinion, qui prédit en 1936 la réélection de Roosevelt.

 • Le sondage est introduit en France par Jean Stoetzel, qui crée en 1938 l’Institut français d'opinion publique (Ifop).

• Aujourd’hui, il existe de nombreux instituts de sondage : Ifop, Ipsos, BVA, La Sofres…

Sondage d’opinion = "enquête statistique visant à donner une indication quantitative à une date déterminée des opinions, souhaits, attitudes ou comportements d’une population par l’interrogation d’un échantillon."

Les sondages cherchent à connaître l’opinion publique sur un problème public en dehors des périodes d’élections. Au cours des années 1960, précision croissante des sondages et définition de l’opinion publique par les sondages.

2. La technique des sondages

Le sondage d’opinion est une "enquête statistique" qui s’appuie sur l’interrogation d’un échantillon.

--> Dimension scientifique de la mesure de l’opinion        publique

Règles applicables à la réalisation d’un sondage :

1)La construction d’un échantillon représentatif

• La méthode aléatoire.
• La méthode des "quotas" suppose de reconstituer une population miniature ayant les mêmes caractéristiques que la population totale. Les personnes interrogées doivent se répartir :

                     -  Selon les mêmes caractéristiques sociales : sexe, âge, profession, niveau de diplôme, etc.

                     - Et les mêmes proportions que la population à étudier.

L’échantillon doit être d’une taille suffisante, au moins 1000 personnes.

Remarque : Lorsque les sondages d’opinion sont réalisés par internet, les échantillons sont considérés comme étant moins représentatifs.

 2) L’élaboration de questions non équivoques

Équivoque =        énoncé susceptible        de plusieurs        interprétations ; ambigu)

Les questions ne doivent pas être ambiguës.

3) L’interprétation des résultats

Il est nécessaire de tenir compte :

• De l’ampleur des non-réponses (comme de l’abstention pour un vote).
• Et des marges d’erreur mesurées par les intervalles de confiance.

B. L’interprétation des sondages

L’interprétation des sondages a principalement lieu dans les médias (TV, presse écrite, radio, internet). Elle peut être biaisée pour deux raisons :

• La marge d’erreur, qui correspond à la marge d’incertitude statistique (intervalle de confiance). Il est généralement admis qu’avec un échantillon de 1 000 personnes, la marge d’erreur est d’environ 3%. Cependant, plus l’échantillon est faible, plus la marge d’erreur progresse. Ainsi, la marge d’erreur doit être prise en compte lors de l’interprétation des sondages.

En 2002, aucun institut de sondage n’a annoncé la possibilité de la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour des élections présidentielles alors que l’écart entre les deux candidats se situait dans la marge d’erreur.

Cette leçon doit être retenue par les instituts de sondage : ils doivent mieux communiquer sur la "marge d’erreur" des sondages, qui représente une limite structurelle de ces derniers.

• Un deuxième biais provient des commentateurs politiques et médiatiques qui peuvent trouver un intérêt à déformer les résultats pour orienter l’interprétation du sondage.

Pour le JT de France 2, qui relayait le 30 mai un sondage Odoxa pour Le Parisien, « 67% des Français ont une mauvaise opinion » du secrétaire général de la CGT. C’est faux. Les médias qui ont relayé l’information, comme France 2, ont omis de comptabiliser un tiers des 1 018 personnes interrogées censées représenter « les Français », qui ont répondu qu’elles ne le connaissaient pas suffisamment pour exprimer une opinion.