Des hommes et des animaux - Laure Gruel

Laure GRUEL

DES ANIMAUX ET DES HOMMES

L’infirmière magazine,

Octobre 2016, N°375, Pages 28-32

Date de lecture, le 22 novembre 2016

Repères :

• Laure Gruel, 30 ans est psychomotricienne en psychiatrie. Elle écrit régulièrement des articles pour L’infirmière magazine.

• Champs de la santé mentale.
• Revue mensuelle en soins infirmiers.
• L’auteur présente un reportage au sein d’une ferme réhabilitée en hôpital de jour.
• Il s’agit d’une lecture de niveau 2 issue d’une revue professionnelle en soins infirmiers.

Résumé :

C’est dans le Nord, près d’Armentières, que des soignants et des patients du secteur psychiatrique ont réhabilité en 1993, une ferme de 8000 m² en hôpital de jour « La Cense ».

En plus du travail de la terre, qui permet de se reconnecter au rythme des saisons, l’établissement est un véritable lieu de soins qui pratique la zoothérapie (soin à médiation animal). Les personnes accueillies, qui viennent de leur domicile ou de l’établissement public du secteur, souffrent pour la plupart de pathologies du spectre psychique. L’animal a un rôle de médiateur de soin, qui demande de l’attention et de l’affection de la part des patients et de Pierre-François Faille l’infirmier zoothérapeute. Les divers animaux agissent comme un révélateur émotionnel. La zoothérapie offre alors au patient la possibilité de prendre conscience de son propre état  émotionnel, voire de la contrôler. La journée est rythmée par le travail à la ferme, chaque patient se répartit les tâches à effectuer. À l’aide du zoothérapeute, la relation s’établit entre le patient et l’animal dans un cadre dont les objectifs de soin sont précisés. La relation, depuis l’évaluation à la métamorphose par le travail à la ferme et la médiation animale, favorise le changement de l’état psychique du patient.

Les + :

• Cet article livre une approche dynamique et un focus d’un contexte de soin hors du commun : l’animal est un médiateur qui demande de l’attention et des soins. L’infirmier est le thérapeute qui met en lien, évalue, observe et réajuste. Le patient communique au travers de l’animal qui ne le juge pas.
• Le reportage ouvre une porte avec pudeur : c’est une invitation au changement de regard sur la maladie mentale.
• L’auteur fait un rappel historique de la zoothérapie, développée dans un premier temps en Angleterre au 18è siècle puis aux États-Unis et au Canada dès 1950.

Les - :

• La zoothérapie est accessible en milieu ouvert.
• Aucune loi en France ne régit la zoothérapie, ni n’accorde de statut à celui qui la pratique.
• Aucune formation n’est demandée mais cependant fortement recommandée.

La loi :

• En principe, les animaux domestiques ne peuvent être introduits dans l'enceinte de l'hôpital en vertu des dispositions de l'article 47 du décret n° 74-27 du 14 janvier 1974 relatif aux règles de fonctionnement des centres hospitaliers et des hôpitaux locaux.

• La circulaire n°40 du 16 juillet 1984 autorise les chiens guides pour aveugles dans les établissements hospitaliers publics.
• Par lettre circulaire du 11 mars 1986, le Ministère des Affaires Sociales précise que « les personnes âgées qui ont un animal familier, doivent être autorisées à le garder avec elles, dans la mesure où il ne créera pas une contrainte anormale pour le personnel et où il ne gênera pas la tranquillité des autres résident ».

• Les mesures d'hygiène applicables dans les établissements de restauration collective à caractère social interdit toute présence animale sur les lieux de préparation (cuisines) et autorise les chiens guides dans les lieux de consommation (salles à manger).

Concept et champs :

La zoothérapie : le soin à médiation animal.

• « Thérapie qui utilise la proximité d'un animal domestique ou de compagnie, auprès d'un humain souffrant de troubles mentaux, physiques ou sociaux pour réduire le stress ou les conséquences d'un traitement médical ou des problèmes post-opératoire »^[1].
• Pierre-François Faille infirmier, exerce en santé mentale. En 2008, il se forme à la zoothérapie auprès de François Beiger, fondateur de l’Institut Français de Zoothérapie.
• Parents de deux fils schizophrènes (incapacité de reprendre l’exploitation familiale), un couple d’agriculteurs fait don de leur ferme à l’EPSM (Établissement Public de Santé Mentale) d’Armentières, qui soignait les deux enfants, sous réserve qu’elle devienne un lieu de soins.
• D’autres concepts font lien avec la zoothérapie et le soin à médiation animal. Les émotions et la relation à l’autre sont présents dans le champs affectif, cognitif, psychomoteur et social. Concepts et outils de la zoothérapie, ils se joignent à une démarche de soin global ayant des objectifs thérapeutiques (identifiés, personnalisés, affinés et réévalués ).
• En santé mentale, l’infirmier fait trait d’union entre l’animal et le patient. Ce dernier expérimente un nouveau mode de lien et peut secondairement combler ses besoins psycho-affectifs. Là où « Les animaux agissent avec les patients comme révélateur émotionnel », la dynamique relationnelle peut être relancée.

Hors du cadre hospitalier, le soin à médiation animal conceptualise un nouveau mode de soin global en psychiatrie pour des patients ayant perdu les clés et le sens de leurs émotions avec eux-mêmes et les outils de la relation avec autrui.

Bibliographie :

• Accueil thérapeutique : vie de château au grand air, Laure GRUEL, dans L’Infirmière Magazine, N°344 (mai 2014).
• Autisme : Snoezelen, les sens de l’humanité, Laure GRUEL, dans L’Infirmière Magazine, N°362 (juillet-août 2015).
• Médecine maya : guérir, question d’équilibre, Laure GRUEL, Stéphane MOIROUX, dans L’Infirmière Magazine, N°294 (février 2012).
• Pédiatrie : formules magiques pour petits bobos, Laure GRUEL, dans L’Infirmière Magazine, N°358 (mars 2015).

Extraits et citations :

• « La prise de contact est facilitée par l’expérience de la zoothérapie. Le patient perçoit qu’ici il va trouver un autre type de réponse et d’écoute de sa pathologie ». p 29
• « Les animaux agissent avec les patients comme révélateur émotionnel ». p 29
• « Le rapport à l’animal observé chez le patient nous renseigne sur ses failles et sur le type de relation au monde qu’il peut avoir avec les autres, et avec lui-même ». p 32
• «  L’animal peut ouvrir le champ des possibles du patient ». p 32