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Débat sur la drogue

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ser au niveau supérieur, inconsciemment, sans vraiment le vouloir, avec un usage nocif ou abusif (une consommation répétée induisant des dommages pour le jeune lui-même), et pour finir complètement dépendant. Lorsque le jeune devient dépendant, il ne peut se passer du produit sous peine de souffrances physiques et/ou psychiques. Sa vie quotidienne tourne exclusivement autour de la rechercher et de la prise du produit. Hélas lorsque quelqu'un lui propose de l'aide, le jeune est toujours dans le déni quasi systématique de sa consommation, ce dernier s'appuie sur une fausse idée de la norme : « tout le monde consomme, ce n'est pas un problème... ».

Nous avons donc prit pour exemple la préface de « Moi, Christiane F., 13 ans, droguées, prostituée... » de Horts-Eberhard Richter qui illustre parfaitement notre raisonnement.

Ce livre nous parle d'une détresse que notre société refoule de conscience. Et il me paraît plus important, par ce qu'il en révèle, qu'une masse d'analyses sociologiques ou de travaux d'experts. Ce document unique fera enfin comprendre à un lare public – du moins nous l'espérons – que toxicomanie juvénile, de même que l'alcoolisme juvénile aujourd'hui en constante progression et l'attirance des jeunes pour les sectes, ne sont pas des importations mais des phénomènes engendrés par notre société même. C'est dans nos familles, nos écoles, les discothèques – tout un chacun peut y avoir accès – que naît ce fléau encire généralement considéré comme une maladie exotique. Et le document que la jeune Christiane nous présente (avec l'aide de Kai Hermann et Horst Rieck) nous apprends encire autre chose : le chemin qui mène à la drogue n'est pas pavé des bizarreries d'une catégorie particulière d'enfants et d'adolescents fondamentalement marginaux, mais de tout un ensemble de problèmes étroitement imbriqués : conditions de logement inhumaines, impossibilité de s'épanouir dans le jeu, crises dans e couple parental, sentiment général l'aliénation et d'isolement au sein de la famille comme à l'école, etc. Après avoir refermé ce livre, lus d'un lecteur se demandera, et à juste titre, qui est le plus « humain », de la malheureuse Chistriane, droguée et délinquante, ou des membres de son entourage représentant la société dite « normal » - les « gens convenables ».

Depuis que le soulèvement des jeunes contre l'autorité a amorcé son déclin, la plupart d'entre nous se bercent de l'illusion que tout est rentré dans l'ordre. Qu'à l'exception des terroristes et de leurs émules, la jeunesse d'aujourd'hui vit une intégration sociale sans conflits. Cette idée est fruit d »un travail obstiné de refoulement. Comme les années soixante-dix ont vu s'éteindre la contestation activiste et ses pénibles provocations quasi quotidiennes, on a tendance à minimiser, voire à négliger – parce qu'elles sont moins bruyantes, moins spectaculaires – les nouvelles formes de refus. Or ce sont celles d'une importante fraction de la jeune génération.

Heureux de voir cesser le conflit permanent dans les familles, les écoles, les universités, et les rues débarrassées des perpétuelles manifestations, nous préférons ne pas nous rendre compte que, sous la façade de l'adaptation, des symptômes inquiétants se font jour chez un nombre croissant de jeunes : une étrange apathie, une tendance au repli sur soi-même. La grande masse des adultes, des gens bien insérés dans la société, a adopté une attitude résignée, essentiellement défensive : « Allez-u pour vos '' contre cultures '', vos modes de vie excentriques, pourvu que vous ne perturbiez pas notre petit monde. Vous finirez bien par comprendre que, pour survivre dans notre société hyperorganisée et impitoyable, on est bien forcé de rentrer dans le ! » L'indifférence, les manifestations de rejet de tant d'enfants et d'adolescents, nous les traduisons par « fichez-nous la paix », « laissez-nous entre nous ». Seulement, cette interprétation n'est qu'une projection du désir des adultes, un aveuglement volontaire. En réalité, Christiane et des centaines de milliers d'autre enfants et adolescents ne se sont détournés de notre monde que par déception, parce que les adultes n'ont pas su leur donner l'image d'une communauté humaine où ils auraient leur place, à laquelle ils aimeraient s'intégrer et où ils trouveraient compréhension, sécurité et chaleur. Christiane, comme tous ses amis des bandes de drogués et de prostitués, a des parents qui eux-mêmes connaissent de graves difficultés, et ont inconsciemment reporté sur leurs enfants leur désespoir, leur solitude – physique et morale -, leur amertume et leur ressentiment.

Souvent, ce sont précisément des enfants comme Christiane, particulièrement sensibles, tout à la fois vulnérables et pleins de dignité, qui, tirant les conséquences de l'échec, de la génération parentale, se réfugient dans la marginalisation pour échapper aux contraintes de l'adaptation, de la « normalité », pour se protéger de la dépersonnalisation où vivent leurs parents. Il est triste de voir ces petits être fragiles se constituer en bandes pour essayer de se fabriquer, clandestinement, un monde irréel mais répondant à leur besoins profonds. Et ces tentatives irrémédiablement vouées à l'échec. Que cherche Christiane, inlassablement, au sein de la bande ? Un peu de vraie solidarité, de paix loin de l'agitation ambiante. Elle cherche à être acceptée, à l'abri des oppressions en tout genre. « Je ne pas sûre qu'il existe encore une amitié comme celle qui nous lie, nous autres de la bande, chez les jeunes qui ne se droguent pas. » La bande est pour elle un refuge contre ces institutions mêmes qui, théoriquement, devraient répondre à ses aspirations – elle l'exprime, avec des accents désespérés, dans sa diatribe contre l'école : « Qu'est-ce que ça veut dire, la '' protection de l'environnement '' ? C'est d'abord apprendre aux gens à vivre avec les autres. Voilà ce qu'on devrait nous apprendre dans cette foutue école. A s'intéresser les uns aux autres. Au lieu que chacun essaie d'avoir la plus grande gueule, d'être plus fort que le voisin, et qu'on passe son temps à se faire des crasses pour avoir une meilleure note. »

Et si, désireux de se rassurer, le lecteur cherchait à se convaincre que les révélations contenues dans le livre ne concernant que quelques grandes villes, qu'il s'agit après tout d'un phénomène marginal, nous lui disons : l'héroïnomanie précoce, l'alcoolisme juvénile, et leurs effets secondaires – prostitution enfantine, délinquance liée à la drogue – sont des mal connus ? La confession de Christiane nous fournit quelques explications :

Rares, parmi ceux qui savent – et il s'agit pour partie d'institution officielles (police, écoles, instances sanitaires et sociales, cliniques) -, sont ceux qui vont au fond du problème ou qui sonnent l'alarme. Tout se passe comme s'il existait une conspiration du silence, comme si l'on avait décidé de ne régler la question que par des mesures de routine. On se contente d'observer, d'enregistrer, éventuellement d'enfermer. Rien ne transpire à l'extérieur des souffrances et du désespoir de ces enfants en détresse et de leur monde. On s'efforce plutôt de présenter le problème de la drogue uniquement comme la conséquence de l'activité criminelle des trafiquants et des revendeurs, la lutte étant en quelque sorte une question de désinfection. Les institutions concernées feraient certainement plus thérapie e de prévention si elles y étaient encouragées par davantage de soutien politique. Mais celui-ci continue à faire défaut. Et l'action politique, à son tour, subit la pression d'une opinion publique caractérisée par une tendance généralisée au refoulement. Une tendance soigneusement entretenue par certaines forces politiques qui, soucieuses de ne laisser aucune ombre, si légère soit-elle, peser sur l'ordre établi, imputent systématiquement l'échec ou l'inadaptation soir à l'inadapté lui-même soit à des corrupteurs étrangers.

Il ne s'agit pas seulement d'améliorer l'information sur le problème de la drogue, mais encore d'un changement d'attitude de la grande masse des adultes : nous devons avoir le courage de prendre conscience d'un état de chose déplorable, et du fait que nous en sommes largement responsables. Car dans un certain sens le problème de la drogue n'est qu'un symptôme, particulièrement frappant, de notre incapacité, à nous les adultes – je parle en général -, à convaincre la jeune génération qu'elle a des chances de trouver, dans la société dont nous lui présentons l'image, un véritable épanouissement humain. En réalité, si les enfants se jettent dans la drogue ou dans les bras de sectes douteuses, ce n'est pas pure lubie surgie du néant. C'est que la génération des parents leur a – involontairement et inconsciemment, bien sût – refusé l'aide, les possibilités d'épanouissement dans les relations avec autrui, qu'ils vont finalement chercher dans ces subcultures. Écouter les enfants, prendre conscience de leur de leurs problèmes, voilà qui ne se fait plus guère. Ce sont souvent les parents, au contraire,

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