La Réforme Protestante

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II – La réforme protestante et ses caractéristiques

Il existe trois axes essentiels dans le développement du protestantisme, chacun d’entre eux étant caractérisé par une réforme à des degrés divers du catholicisme romain.

Abordons dès à présent l’acte fondateur de la réforme qu’est la réforme luthérienne.

A – Le luthéranisme

S’opposant au commerce des indulgences énoncées précédemment ainsi qu’au dogmatisme religieux, Martin Luther publie le 31 octobre 1517, sur la porte de l’église de Wittenberg une lettre exposant 95 thèses en vue de réformer l’Eglise romaine déliquescente. Dès lors, une série d’évènements se succèdent, évènements aboutissant grâce au soutien des princes allemands à la rédaction de la Confession d’Augsbourg qui composera en quelque sorte les statuts du protestantisme. Excommunié depuis 1521, Luther constitue avec ses disciples l’église évangélique luthérienne. Quelles sont les caractéristiques de cette église ?

La doctrine luthérienne repose sur l’énoncé des principes suivants :

● Sola scriptura : par l’écriture seule

L’Ecriture Sainte est l'unique source et norme de la doctrine Chrétienne contrairement à l’explication dogmatique faite par la hiérarchie catholique.

● Sola gratia : par la grâce seule

L’homme n’est pas sauvé par ses œuvres morales, mais par la grâce de Dieu. La valeur individuelle ne dépend pas du statut social. Le salut s'obtient par la grâce seule.

●Sola fide : par la foi seule

La confiance en Dieu est une affaire personnelle qui ne peut être soumise à aucun endoctrinement. Le salut n'est pas donné par les sacrements ou la religion mais par la foi seule.

Ce mouvement libérateur de l’emprise catholique romaine favorise l’émergence de d’autres mouvements protestants, dont le calvinisme.

B – Le calvinisme

Prenant appui sur la doctrine luthérienne, la doctrine calviniste a pour principes la croyance en l'absolue souveraineté de Dieu et la justification de l'existence par la foi. Calvin pense, à l'instar du réformateur Martin Luther, que l'homme doit puiser dans la Bible les règles de la vie. Il élabore une doctrine sur la prédestination : Dieu aurait choisi ceux qui seront graciés et auront droit à la vie éternelle. Pour lui, l'industrie et le travail sont des qualités morales, et la réussite professionnelle une preuve de la grâce de Dieu. En ce sens, le calvinisme a joué un rôle important dans le développement du capitalisme.

Une nation allait aussi adopter les principes de la Réforme, même s’il elle ne se place pas directement dans l’idéologie des grands réformateurs.

C – L’anglicanisme

Dans cette atmosphère de rejet d’une église catholique pervertie apparaît un autre mouvement plus radical qu’est l’anglicanisme. L’année 1534 marque l’acte fondateur de l’anglicanisme avec « l’Acte de suprématie » qui établit le roi d’Angleterre Henri VIII chef de l’église anglicane consommant de ce fait la rupture avec l’Eglise romaine. Il ne s’agit en aucun cas de favoriser les vues de Luther et Calvin. En éliminant le pape, le souverain entend bien se réserver l’autorité suprême, ne laissant aux évêques qu’un rôle subalterne. L’anglicanisme a jeté les fondements d’un pouvoir absolu qui faisait du roi non seulement le chef de l’église mais un représentant direct et sacré du Dieu sur terre. Dans les faits, Henri VIII rétablit le césaropapisme qui fut en son temps cher à Constantin Ier.

III – Diffusion de la réforme protestante et ses conséquences

A – Diffusion du protestantisme

La carte ci-dessus nous indique que la réforme protestante s’est fortement répandue au sein des empires d’Occident : plus de la moitié du territoire occidental est protestantisé. On distingue des territoires à majorité catholique mais avec des zones protestantes comme le Royaume de France et celui de Pologne et aussi des territoires devenus protestants tels que le Saint Empire, la Suisse, le Royaume d’Angleterre et ceux de Suède et de Norvège. Le calvinisme se vulgarise en Europe centrale majoritairement tandis que l’Anglicanisme et le luthéranisme axent davantage leur propagation dans les zones nordiques. Une telle diffusion a été facilitée par l’invention en 1455 de la typographie à caractères mobiles, par l’Allemand Gutenberg. Cette invention qui rendit possible la publication de livres plus rapidement et ce à moindre coûts participa à la vulgarisation de textes protestants en les traduisant dans les principales langues occidentales.

Mais face à cette propagation, le catholicisme se devait d’intervenir.

B – La réponse à cet expansionnisme ambiant

Pour remédier au problème de la réforme protestante et de sa propagation, le catholicisme a mis en œuvre des contre-offensives. La résistance catholique est principalement caractérisée par le concile de Trente qui a pour but d’apporter des définitions dogmatiques et d’unifier la chrétienté occidentale. Ouvert en 1545, le concile allait se prolonger jusqu'en 1563. Malgré les longs travaux du concile de Trente, la restauration de l'unité chrétienne ne se fit pas ; au contraire, la division fut même mise en évidence par des définitions dogmatiques que les protestants ne pouvaient accepter. Ce concile est la réponse toute négative du catholicisme à l'œuvre de la Réforme protestante ; il est même parfois présenté comme le concile de la 'Contre-réforme' catholique. Ce concile consacra la rupture de la chrétienté occidentale en deux : le catholicisme et le protestantisme.

Cette « Contre Réforme » catholique se retrouve dans l’architecture religieuse. L'art baroque en reste le plus beau témoignage et a été utilisé comme signe de distinction dans l’espoir de reconvertir à la foi romaine les adeptes de la religion réformée. L’église baroque du Gésù à Rome construite juste après le concile en est la preuve.

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