Le Serment Des Horaces

fants.

Sur le quatrième plan, le fond.

La composition :

Vêtus à l’antique, les personnages adoptent des attitudes inspirées de la statuaire romaine.

Les caractères opposés des personnages sont traduits par des formes différentes :

Aux hommes, David donne des corps énergiques construits sur des lignes droites empreints de détermination, de force et de patriotisme. La posi­tion en ran­gée dont l’éloignement est figuré par la dimi­nu­tion des

dimen­sions des Horaces sur une dia­go­nale ren­force l’union que confère le ser­ment, notam­ment avec le détail de la main d’un des frères enser­rant la taille de celui du pre­mier plan et d’autant plus par la force qui se dégagent de leurs jambes mus­clées, en assise pyra­mi­dale et de la solen­ne­lité de leurs bras et mains ten­dus.

Aux femmes, il réserve les lignes sinueuses et les couleurs douces. Cela accentue leurs sentiments ; éplorées par le départ à la guerre de leurs frères, de leurs maris ou de leurs fils, elles semblent ainsi faibles, molles, anéanties.

Lignes :

Pour les hommes dominent les lignes droites : bras et jambes tendus, épées, lance.

(Ligne droite : force, dureté, virilité, résistance, résolution)

Dans le groupe des femmes dominent les lignes courbes.

(Ligne courbe : mollesse, douceur, féminité, fantaisie, souplesse, tendresse)

Ces caractéristiques représentent ainsi les particularités associées aux deux sexes : lignes droites pour le sexe « fort », courbées pour le sexe « faible »

Cette logique est appuyé avec l'utilisation de la médiane horizontale :

Les hommes debout, dépassent cette médiane. Cela nous montres des hommes courageux, ayant comme devoir d'accomplir un acte héroïque. A l'inverse, les femmes placés sous la médiane, sont soumises aux

décisions des hommes.

Les trois frères fixent avec dureté et attention les armes qui leurs sont tendues. Le premier frère au premier plan attire plus le regard étant donné qu’il se trouve moins dans l'ombre. Les deux autres frères semblent plus enclins à la guerre et une sorte de préhension de leur arme les distingue par rapport à leur frères. Leurs mains sont plus hautes et plus tendues par rapport à l'horizon. Cela indique une certaine euphorie au vu de la retenue de leur frère. Il a la main tendue mais moins vers les armes comme dans la communion d'un serment solennel.

Le détail le plus révélateur réside dans l’alignement de son regard avec le point de fuite et l’oeil de son père : cette droite est de surcroît la ligne d’horizon. À nouveau une forme de « trinité » unit le premier fils à son père et à la cité. Il prête serment à l’autorité paternelle qui détient entre ses doigts le symbole de la cité.

La scène se déroule dans un atrium, dans la cour intérieure dallée d'une demeure de patriciens romains.

La forte géométrisation de la composition dégage une sensation de rigueur. De plus, la scène est construite sur un rythme ternaire : 3 arcades (qui correspondent à chaque groupe de personnage), groupe de 3 hommes à gauche, 3 femmes et leurs enfants à droite.

Les objets aussi font allusion au chiffres « trois », les armes que tend leur père sont ainsi au nombre de trois.

Ce chiffre est donc omniprésent dans la composition du Serment des Horaces. Symbole de perfection et de stabilité, dans bon nombre de mythologies, le chiffre trois renvoie à l'idéal et à la symbiose divine : les trois entités chrétiennes (Père, Fils et Saint-Esprit), les trois Moires et les trois Charites grecques... Mais aussi ici les trois Horaces, les trois Curiaces et leurs sœurs respectives.

La lumière employée par David, dites la technique du

clair-obscur, met en place un effet dramatique , qui

théâtralise encore davantage la scène.

Le fond obscur concentre toute l'attention sur le premier plan. Le père fait face à la source de lumière.

Cette luminosité surtout utilisée dans des œuvres à sujets religieux, confère au Serment des Horaces une dimension plus « sacrée » : celle du serment solennel à la cité et aux Dieux. David utilise cette méthode pour rehausser la portée de son message civique.

David indique ainsi que le père est en contact avec la divinité, avec les intérêts supérieurs de la cité,

(symbolisés au dessus de lui par les épées serrées dans son poing) il ne regarde plus la réalité individuelle de son amour paternel, mais l'abstraction civique de son amour patriotique.

La composition est donc construite pour faire

converger les regards vers le centre de l'œuvre

c'est-à-dire le bras tendant les glaives. Ici toutes les droites, celles de l'architecture, des dalles du sol, des chapiteaux, des colonnes, des pierres des murs latéraux ont pour point de fuite la main du père, serrée sur les épées.

Le sujet principal est placer sur un ligne forte, on observe donc que la règle des tiers a été parfaitement appliquée et centre ainsi le regard du spectateur sur le « tiers central » : les mains tendues des Horaces vers les glaives détenus par le père ; l’accent est mis sur le serment prêté.

Pareillement aux lignes, les couleurs sont choisies pour exprimer les différences fondamentales qui existent entre les deux sexes.

Alors que les hommes sont vêtus de couleurs vives à nouveau symboles de leur force, de leur énergie, de leur détermination, les femmes portent des parures ternes qui évoquent leur langueur, leur tristesse et leur

incapacité d’action.

On remarque que chaque personnage est ainsi divisé et mis en lumière par le jeu des formes et des couleurs;

La couleur la plus visible au niveau du groupe des hommes est le rouge : elle exprime force, virilité,

puissance, action et courage. Rien de plus significatif donc, pour des soldats, que d’être vêtus de rouge. Le blanc est davantage un symbole divin et de pureté, il peut renvoyer à l’idée d’une mission confiée par un père,